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Lc  4  28-30

Chaîne des Pères Grecs. (Cyr) Ils s’indignent contre lui, parce qu’il les a repris de leur coupable intention : « En entendant ces paroles, ils furent tous remplis de colère dans la synagogue. » Comme il leur avait dit : Aujourd’hui cette prophétie s’est accomplie, » ils crurent qu’il se comparait lui-même aux prophètes, et ils le chassèrent hors de leur ville : « Et se levant, ils le chassèrent hors de la ville, » etc. — S. Ambr. Il n’est pas étonnant qu’ils aient perdu le salut, eux qui chassent le Sauveur de leur pays. Cependant le Seigneur qui avait enseigné à ses Apôtres, par son exemple, à se faire tout à tous, ne repousse pas les hommes de bonne volonté, mais il ne contraint pas non plus ceux qui résistent ; il ne lutte pas contre ceux qui le rejettent, il ne fait pas défaut à ceux qui le prient de rester avec eux. Il fallait cependant que leur jalousie fut bien grande pour leur faire oublier les sentiments qui unissent d’ordinaire les concitoyens, et pour changer en haine mortelle les motifs de la plus légitime affection, En effet, c’est alors que le Sauveur répandait ses bienfaits surtout le peuple, qu’ils lui prodiguent leurs outrages : « Et ils le conduisirent sur le sommet de la montagne pour l’en précipiter. » — Bède. Les Juifs, disciples du démon, sont mille fois pires que leur maître lui-même ; le démon s’est contenté de dire à Jésus : « Jetez-vous en bas, » tandis que les Juifs cherchent à le précipiter eux-mêmes. Mais Jésus change tout à coup leurs dispositions, ou les frappe de stupeur et d’aveuglement, et descend de la montagne, parce qu’il veut leur laisser encore l’occasion de se repentir : « Or Jésus passant au milieu d’eux, s’en alla. » — S. Chrys. (hom. 47 sur S. Jean.) Notre-Seigneur fait paraître ici tout à la fois les attributs de la divinité et les signes de son humanité. En effet, en passant au milieu de ceux qui le poursuivaient, sans qu’ils puissent se saisir de lui, il montre la supériorité de sa nature divine ; et en s’éloignant d’eux, il prouve le mystère de son humanité ou de son incarnation. — S. Ambr. Comprenez encore ici que sa passion a été non un acte forcé, mais complètement volontaire. Ainsi, on se saisit de sa personne quand il le veut, il échappe à ses ennemis quand il le veut ; car comment un petit nombre de personnes aurait-il pu le retenir captif, puisqu’il ne pouvait être arrêté par un peuple tout entier ? Mais il ne voulut pas qu’un si grand sacrilège fût commis par la multitude ; et il devait être crucifié par un petit nombre, lui qui mourait pour le monde entier. D’ailleurs, son désir était de guérir les Juifs plutôt que de les perdre, et il voulait que le résultat de leur impuissante fureur leur fit renoncer à des desseins qu’ils ne pouvaient accomplir. — Bède. Ajoutons encore que l’heure de sa passion n’était pas encore venue, puisqu’elle ne devait arriver que le jour de la préparation de la fête de Pâques. Il n’était pas non plus dans le lieu marqué pour sa passion, qui était figurée par les victimes qu’on immolait, non pas à Nazareth, mais à Jérusalem. Enfin ce n’était pas de ce genre de mort qu’il devait mourir, puisqu’il était prédit depuis des siècles qu’il serait crucifié.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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