Accueil > Bibliothèque > La Chaîne d’or > Évangile selon saint Luc > chapitre 2, versets 8-12
S. Ambr. Voyez comme Dieu prend soin d’établir et de confirmer la foi, c’est un ange qui instruit Marie, un ange qui instruit Joseph, un ange encore qui instruit les bergers dont il est dit : « Il y avait aux environs des bergers qui passaient la nuit, » etc. — S. Chrys. (Ch. des Pèr. gr.) L’ange apparut à Joseph pendant son sommeil, comme à un homme qu’il était facile d’amener à la foi, il apparaît visiblement aux bergers, et plus ignorants, et plus grossiers. Cet ange ne se rend point à Jérusalem, il ne s’adresse pas aux scribes et aux pharisiens, ils étaient trop corrompus et victimes de leur noire envie. Mais ces bergers étaient simples et conservaient les habitudes patriarchales et les traditions de Moise. Or l’innocence est une voie sûre qui conduit à la sagesse. — Bède. (hom.) Dans toute l’histoire de l’Ancien Testament, où les apparitions des anges aux patriarches avaient des caractères si particuliers, nous ne voyons nulle part qu’ils aient apparu environnés de lumière, c’était un privilège réservé au temps où au milieu des ténèbres, la lumière s’est levée pour les coeurs droits : « Et une clarté divine les environna. » — S. Ambr. Jésus sort du sein d’une mère mortelle, mais il brille du plus haut des cieux, il est couché dans un asile terrestre, mais il resplendit d’une lumière céleste.
S. Grég. (ou Géom., Ch. des Pèr. gr.) Ce miracle les remplit de frayeur : « Et ils furent saisis de crainte, » etc. Mais l’ange dissipe bientôt cette frayeur qui les trouble : « Et il leur dit, » etc. Non content d’apaiser leur crainte, il leur inspire un vif sentiment de joie. Entendez en effet la suite : « Voici que je vous annonce le sujet d’une grande joie, etc., non seulement pour le peuple juif, mais pour tous les hommes. Quelle est la cause de cette joie, c’est cet enfantement nouveau et vraiment admirable d’après les noms que l’ange donne à cet enfant. Il ajoute : « Parce qu’il vous est né aujourd’hui un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Le premier de ces noms (celui de Sauveur), exprime l’action ; le troisième (celui de Seigneur), la majesté. — S. Cyrille. ( Chaîne des Pères grecs.) Le nom qui est au milieu (celui de Christ), désigne l’onction, il n’exprime pas la nature, mais l’union hypostatique des deux natures. Nous croyons que Jésus-Christ notre Sauveur, a reçu une onction solennelle, ce n’est pas cette onction figurative (telle que les rois la recevaient autrefois avec l’huile sainte), et qui était conférée par une grâce prophétique. Ce n’est point non plus cette onction conférée pour l’accomplissement d’un grand dessein, comme nous le voyons dans ce passage d’Isaïe (Is 45) « Voici ce que dit le Seigneur à Cyrus qui est son Christ. » Il l’appelle son Christ, quoiqu’il fût idolâtre, parce qu’il devait exécuter le décret de Dieu en s’emparant de toute la province de Babylone. Mais pour le Sauveur, il a reçu l’onction comme homme et dans la forme de l’esclave qu’il avait prise, et il donne, en tant que Dieu, l’onction de l’Esprit saint à tous ceux qui croient en lui.
S. Grég. (ou Géom.) L’ange leur fait connaître ensuite le moment de cette naissance : « Aujourd’hui ; » le lieu : « Dans la ville de David ; » et les signes pour le reconnaître : « Et voici le signe que je vous donne », etc. C’est ainsi que les anges annoncent à des pasteurs le prince des pasteurs qui naît et se manifeste comme un agneau dans une étable. — Bède. Tout ce qui a rapport à l’enfance du Sauveur nous est clairement enseigné, et par les déclarations fréquentes des anges, et par les nombreux témoignages des Évangélistes, pour graver plus profondément dans nos coeurs les mystères opérés pour notre salut. Et remarquez le signe auquel ils reconnaîtront le Sauveur qui vient de naître. Ce n’est pas un enfant enveloppé dans une pourpre éclatante, mais dans de misérables langes, il n’est point couché sur des tapis brochés d’or, ils le trouveront dans une crèche. — S. Maxime. (serm. sur la Nativ.) Si ces langes vous semblent misérables, admirez le concert de louanges des esprits célestes. Si la crèche vous inspire du mépris, élevez un peu les yeux, et contemplez cette nouvelle étoile qui annonce au monde la naissance du Seigneur. Vous croyez à ce qui est abaissement dans ce mystère, croyez aussi à tout ce qu’il a de merveilleux ; et si les humiliations qu’il renferme sont pour vous matière à discussion, que le caractère de grandeur et de divinité dont il est empreint, soit l’objet de votre vénération.
S. Grég. (hom. 8 sur les Ev.) Dans le sens mystique, l’apparition de l’ange aux bergers qui veillaient sur leurs troupeaux, et la clarté divine qui les environna nous apprennent que ceux qui gouvernent avec sollicitude les brebis fidèles qui leur sont confiées, sont admis de préférence à tous les autres, à contempler les mystères les plus sublimes ; et tandis qu’ils veillent religieusement sur leur troupeau, la grâce divine répand sur eux des flots de lumière. — Bède. (hom.) Ces pasteurs de troupeaux représentent en effet les docteurs et les directeurs des âmes fidèles ; la nuit pendant laquelle ils veillaient tour à tour sur leur troupeau, figure les dangers des tentations dont ils ne cessent de défendre, s’en préservant eux-mêmes et les âmes qui leur sont soumises. Ce n’est pas d’ailleurs sans dessein que les bergers veillent sur leur troupeau à la naissance du Seigneur qui dit de lui-même (Jn 10) : « Je suis le bon pasteur, » car aussi bien le temps approche où ce même pasteur doit ramener les brebis dispersées dans les pâturages à la vie (cf. Jn 10, 16 ; 11, 52). — Origène. (hom. 12.) S’il faut nous élever à un sens plus mystérieux, je dirai que les anges étaient comme des pasteurs chargés de diriger les choses humaines. Alors que chacun d’eux remplissait cette mission de vigilance, un ange vint annoncer aux pasteurs la naissance du véritable pasteur ; car les anges avant la venue du Sauveur, ne pouvaient être que faiblement utiles à ceux qui étaient commis à leur garde, à peine, en effet, trouvait-on dans chaque nation un homme qui crut en Dieu, tandis qu’aujourd’hui tous les peuples à l’envi embrassent la foi de Jésus.
Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.