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Lc  22  28-30

Théophile. De même que Notre-Seigneur avait dit malheur au traître, il promet des récompenses aux disciples qui lui resteront fidèles : « Pour vous, vous êtes demeurés avec moi dans mes tentations, » etc. — Bède. Ce n’est point aux premiers essais de la vertu de patience, mais à la persévérance qu’est donnée la gloire du royaume des cieux ; parce qu’en effet, la persévérance (qui est aussi appelée constance ou force d’âme), est comme la base et la colonne de toutes les vertus, Ce sont donc ceux qui ont persévéré avec lui dans les tentations, que le Fils de Dieu fait entrer dans son royaume éternel ; car si nous sommes implantés en lui pour la ressemblance de sa mort, nous y serons aussi entés pour sa résurrection (Rm 6, 8), comme l’ajoute le Sauveur : « Et moi, je vous prépare un royaume, » etc.

S. Ambr. Le royaume de Dieu n’est pas de ce monde. Remarquons ici que l’homme ne doit pas ambitionner la parfaite égalité avec Dieu, mais seulement la ressemblance avec lui ; car Jésus-Christ seul est la parfaite image de Dieu, parce qu’il reproduit en lui l’unité de la gloire du Père. L’homme juste porte en lui l’image de Dieu, lorsque la connaissance de Dieu le porte à mépriser le monde pour reproduire en lui la ressemblance de la vie divine. Or, nous mangeons le corps de Jésus-Christ afin de pouvoir participer à la vie éternelle, suivant la promesse du Sauveur : « Afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table dans mon royaume. » Ce que Jésus-Christ nous promet ici pour récompense, n’est ni le manger, ni le boire, mais la communication de la grâce et de la vie des cieux. — Bède. Ou encore, cette table qui est préparée pour le bonheur de tous les saints, c’est la gloire elle-même de la vie des cieux, dont ceux qui ont eu faim et soif de la justice seront rassasiés, par la pleine jouissance du vrai bien, objet de tous leurs désirs. — Théophile. Ces paroles du Sauveur ne signifient donc point qu’il y aura dans les cieux des aliments matériels, ni que son royaume doit être extérieur et sensible ; car la vie des élus sera semblable à celle des anges, comme il l’a prédit lui-même aux sadducéens (Mt 22 ; Lc 20) ; et saint Paul, d’ailleurs, nous déclare que le royaume de Dieu n’est ni dans le manger ni dans le boire (Rm 14, 17).

S. Cyrille. Notre-Seigneur explique les vérités spirituelles par des comparaisons prises dans ce qui se passe au milieu de nous. En effet, ceux qui s’asseoient à la table des rois de la terre, jouissent auprès d’eux de certaines prérogatives, et c’est par cet usage qu’il veut nous faire comprendre ceux qui auront part aux premiers honneurs dans son royaume. — Bède. C’est la droite du Très-Haut qui opère cette transformation (Ps 117) ; elle fait asseoir à la table des cieux pour les nourrir des mets de la vie éternelle ceux qui sur la terre se sont fait gloire d’être les humbles serviteurs de leurs frères ; et elle établit les justes juges de leurs persécuteurs, ceux qui sont restés fidèles avec le Seigneur au milieu des tentations et des injustes jugements des hommes : « Et que vous siégiez sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël. » — Théophile. C’est-à-dire pour condamner dans les douze tribus ceux qui auront persévéré dans l’infidélité. — S. Ambr. Ces douze trônes ne sont point des siéges matériels et sensibles comme ceux dont se servent les hommes pour s’asseoir ; mais il faut les entendre dans ce sens, que de même que Jésus-Christ juge comme Dieu, récompense la vertu et punit l’impiété par la seule connaissance qu’il a des coeurs, et sans avoir besoin de discuter les actions ; ainsi les Apôtres entreront en participation de ce jugement tout spirituel, par les louanges qu’ils donneront à la foi et l’horreur qu’ils témoigneront pour l’infidélité, en condamnant l’erreur par l’exemple de leur vertu, et en poursuivant de leur haine le crime des sacrilèges.

S. Chrys. (hom. 65 sur S. Matth.) Mais est-ce que Judas prendra place aussi avec les autres Apôtres ? Non, sans doute, écoutez la loi que Dieu proclame par la bouche du prophète Jérémie : « Lorsque j’aurai promis quelque bien ou quelque faveur, si vous vous en rendez indigne, je vous châtierai (Jr 18, 9.10). » Aussi la promesse du Sauveur n’est pas absolue, mais conditionnelle : « Vous qui avez persévéré avec moi dans les tentations. » — Bède. Judas est donc exclus de ces magnifiques promesses ; il faut d’ailleurs admettre qu’il était sorti avant ces paroles de Notre-Seigneur. Nous devons aussi excepter de ces promesses ceux qui se retirèrent de Jésus et ne marchèrent plus avec lui après qu’ils l’eurent entendu parler de l’incompréhensible sacrement de son corps et de son sang. (Jn 6, 67.)

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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