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Lc  22  14-17

S. Cyrille. Après que les disciples eurent préparé ce qu’il fallait pour célébrer la pâque, l’heure vint de la manger : « Et l’heure étant venue, » etc. — Bède. L’heure de manger la pâque, c’est le soir du quatorzième jour du premier mois, au moment où la lune du quinzième jour se lève. — Théophile. Mais pourquoi l’Évangéliste nous dit-il que le Seigneur se mit à table, puisque les Juifs devaient se tenir debout pour manger l’agneau pascal ? Nous répondons qu’après avoir mangé l’agneau pascal, suivant les prescriptions de la loi, ils se mirent à table, suivant l’usage, pour prendre d’autres aliments.

« Et il leur dit : J’ai désiré d’un grand désir de manger cette pâque avec vous, » etc. — S. Cyrille. Notre-Seigneur s’exprime de la sorte, parce que l’avare disciple épiait le moment où il pourrait livrer son divin Maître, mais le Sauveur n’avait fait connaître ni la maison ni le nom de celui chez qui il devait célébrer la pâque, pour qu’on ne pût se saisir de sa personne avant qu’il l’eût célébrée, et il donne ici la raison de cette conduite. — Théophile. Ou encore : « J’ai désiré d’un grand désir, » c’est-à-dire, c’est la dernière cène que je fais avec vous, aussi m’est-elle précieuse et chère. Ainsi ceux qui partent pour un long voyage, adressent à leurs amis leurs plus tendres adieux. — S. Chrys. Ou encore, il s’exprime ainsi, parce que cette pâque devait être suivie de sa mort sur la croix ; or, nous voyons que plusieurs fois, pendant sa vie, il prédisait sa passion et manifestait le désir ardent de la voir arriver. — Bède. Il désire manger d’abord avec ses disciples la pâque figurative et révéler ainsi au monde les mystères de sa passion. — Eusèbe. Ou bien encore, le Seigneur étant sur le point d’instituer une pâque nouvelle, il dit avec raison : « J’ai désiré ardemment cette pâque, » c’est-à-dire, le mystère nouveau du Nouveau Testament qu’il donnait à ses disciples, et que tant de prophètes et de justes avaient désiré voir. Or, comme il avait soif du salut de tous les hommes, il instituait un mystère qui devait être célébré dans le monde entier, tandis que la pâque établie par Moïse ne pouvait être célébrée que dans un seul endroit, c’est-à-dire, à Jérusalem ; elle n’était donc point destinée à toutes les nations et ne pouvait être l’objet d’un désir si ardent. — S. Epiph. (Liv. 1 cont. les hérés., 30, 22.) Ce fait seul peut servir à confondre l’erreur insensée des ébionites sur l’usage de la chair, puisque le Sauveur a mangé l’agneau pascal des Juifs, et il dit expressément : « J’ai désiré manger cette pâque, » afin qu’on ne puisse l’entendre autrement.

Bède. Notre-Seigneur donne ainsi par son exemple son approbation à la pâque légale, et en même temps il en interdit désormais la célébration, en enseignant qu’elle n’était que la figure des mystères qu’il venait révéler : « Car je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu, » c’est-à-dire, je ne célébrerai plus la pâque mosaïque, jusqu’à ce que Je mystère dont elle est la figure, soit accompli dans l’Eglise, car elle est vraiment le royaume de Dieu, selon cette parole : « Le royaume de Dieu est au milieu de vous. » (Lc 17.) C’est encore à cette pâque ancienne à laquelle le Sauveur voulait mettre fin que se rapportent les paroles qui suivent : « Et prenant le calice, il rendit grâces et dit : Prenez et partagez entre vous, » etc. Il rend grâces, parce que toutes les cérémonies de l’ancienne loi allaient finir et céder la place à des rites tout nouveaux. — S. Chrys. (Disc. 1 sur Lazare.) Lorsque vous prenez place à table, souvenez-vous que la prière doit succéder au repas ; mangez donc avec modération et sobriété, de peur qu’appesantis par les excès de la table, vous ne puissiez ni fléchir les genoux, ni prier Dieu. Après nos repas, ne nous dirigeons donc pas aussitôt vers notre lit, mais livrons-nous à la prière, car évidemment le Sauveur a voulu nous enseigner ici qu’au repas doivent succéder, non le sommeil et le repos, mais la prière et la lecture des saintes Écritures : « Car je vous le dis ; je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que vienne le royaume de Dieu. » — Bède. Ces paroles peuvent être entendues simplement en ce sens, que le Sauveur ne devait plus boire de vin depuis cette heure de la cène jusqu’au temps de sa résurrection où il devait venir établir le royaume de Dieu. En effet, saint Pierre atteste qu’ils le virent alors manger et boire avec eux : « Il s’est manifesté… à nous qui avons mangé et bu avec lui depuis sa résurrection. » (Ac 10, 41.) — Théophile. La résurrection de Jésus-Christ est appelée le royaume de Dieu, parce qu’elle a détruit l’empire de la mort, ce qui a fait dire à David : « Le Seigneur a régné, il s’est revêtu de gloire, » c’est-à-dire que, selon la prophétie d’Isaïe, il s’est dépouillé de la corruption du corps pour se revêtir d’un vêtement de magnificence et d’honneur. Or, après sa résurrection, il a voulu boire en présence de ses disciples, pour leur prouver que sa résurrection était réelle. — Bède. Cependant, il est plus logique de dire que Notre-Seigneur déclare qu’il ne boira plus le vin de in pâque comme il a déclaré précédemment qu’il ne mangerait plus l’agneau figuratif, jusqu’à ce que la manifestation de la gloire de son royaume fît embrasser la foi chrétienne à tout l’univers, et que le changement spirituel des deux grandes prescriptions de la loi (la nourriture et le breuvage de la pâque), vous fît comprendre que toutes les observances figuratives de la loi ne seraient plus désormais accomplies que d’une manière spirituelle.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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