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Lc  1  59-64

S. Chrys. La loi de la circoncision fut donnée surtout à Abraham comme un signe distinctif ; Dieu voulait que la race du saint patriarche se conservât pure et sans mélange d’autre peuple, afin qu’elle pût obtenir les biens qu’il lui avait promis. Mais dès que l’oeuvre de l’alliance est consommée, le signe qui l’annonçait doit être supprimé. C’est ainsi que le baptême succède à la circoncision qui a pris fin en Jésus-Christ ; mais jusque-là Jean devait être circoncis : « Et il arriva qu’au huitième jour, ils vinrent circoncire l’enfant, » etc. Dieu avait dit : L’enfant mâle de huit jours sera circoncis. La bonté divine avait fixé ce terme de huit jours pour deux raisons, à mon avis : premièrement, pour que dans un âge aussi tendre, la douleur produite par l’incision de la chair fut moins vive ; secondement, pour nous apprendre par le fait lui-même, que la circoncision était un signe ; car l’enfant, à cet âge, ne peut comprendre ce que signifient les actes dont il est l’objet. Après la circoncision, on donnait le nom à l’enfant. « Et ils le nommaient, » etc. On suivait cet ordre, parce qu’il faut tout d’abord recevoir le signe distinctif du Seigneur, avant de prendre le nom que l’on doit porter ; ou bien encore, parce qu’il faut renoncer à toutes les choses charnelles signifiées par la circoncision, pour être digne de voir son nom écrit dans le livre de vie.

S. Ambr. Admirez comment l’Évangéliste a commencé par dire que plusieurs de ceux qui étaient présents avaient voulu donner à l’enfant le nom de Zacharie, son père ; pour vous faire comprendre que sa mère n’avait aucun éloignement pour un nom quelconque de la famille, mais que l’Esprit saint lui avait révélé le nom que l’ange avait auparavant annoncé à Zacharie. Zacharie étant muet ne put faire connaître ce nom à son épouse, Elisabeth apprit donc par révélation ce qu’elle ne pouvait savoir de son mari : « Et prenant la parole, elle dit, » etc. Ne soyez pas surpris, si elle indique avec tant d’assurance un nom dont personne ne lui a parlé ; car l’Esprit saint qui avait confié ce nom à l’ange, le lui a révélé. En effet, celle qui avait annoncé prophétiquement la venue du Christ, ne devait pas ignorer le nom de son précurseur. Remarquez les paroles qui suivent : « Et ils lui dirent, » etc., et comprenez que ce n’est pas ici un nom de famille, mais le nom d’un prophète. On interroge aussi Zacharie par signes : « Ils faisaient signe au père, » etc. Mais comme son incrédulité lui avait fait perdre la parole et l’ouïe, il est obligé de faire connaître par signes et en écrivant, ce qu’il ne pouvait exprimer par la parole : « Et ayant demandé des tablettes, il écrivit dessus : Jean est son nom, » etc. C’est-à-dire, nous ne donnons pas un nom à celui qui l’a déjà reçu de Dieu. — Origène. (Ch. des Pèr. gr.). Zacharie signifie qui se souvient de Dieu, Jean, celui qui montre. Or, le souvenir a pour objet celui qui est absent, et on ne montre que celui qui est présent. En effet, Jean devait non pas rappeler le souvenir de Dieu comme absent, mais le montrer du doigt présent au milieu des hommes, en disant : « Voici l’Agneau de Dieu. » — S. Chrys. (comme précéd.) Le nom de Jean signifie aussi grâce de Dieu, c’est par une action de la grâce divine, et non pas un effet des lois naturelles qu’Elisabeth est devenue mère, et la mémoire d’un si grand bienfait se trouve éternisée dans le nom de son enfant. — Théophile. Le père se trouve d’accord avec sa femme sur le nom de l’enfant, ce qui explique les paroles suivantes : « Et tous furent remplis d’étonnement, » etc. Personne, en effet, dans leur famille, ne portait ce nom, on ne pouvait donc dire qu’il ~ venu à la pensée des deux époux.

S. Grég. de Nazianze. (disc. 12.) Jean, dès sa naissance, rend à son père l’usage de la parole : « Sa bouche s’ouvrit, » etc. Il eût été contre la raison que le père demeurât muet, lorsque la voix du Verbe s’était fait entendre. — S. Ambr. Il était convenable que sa langue fût aussitôt déliée ; l’incrédulité l’avait comme enchaînée, la foi la rend à la liberté. Croyons nous aussi, et notre langue captive dans les liens de l’incrédulité, verra briser ses chaînes ; écrivons les mystères dans notre esprit, si nous voulons parler ; gravons le nom du Précurseur, non sur des tables de pierre, mais sur les tables de chair de notre coeur (cf. 2 Cor 3, 3 ; Rm 9, 30.31) ; car celui qui parle de Jean, annonce le Christ ; en effet l’Évangéliste ajoute : « Et il parlait en bénissant Dieu. »

Bède. Dans le sens allégorique, la solennité de la naissance de Jean est le commencement de la grâce du Nouveau Testament. Ses voisins et ses parents voulaient lui donner le nom de son père, plutôt que celui de Jean, parce que les Juifs qui lui étaient unis par l’observation de la loi comme par une espèce d’affinité désiraient bien plus suivre la justice qui vient de la loi, que de recevoir la grâce de la foi mais la mère et le père de Jean font tout, l’une de vive voix, l’autre en écrivant, pour faire prévaloir le nom de Jean (qui veut dire grâce de Dieu), parce que la loi elle-même, les psaumes et les prophètes proclament ouvertement la grâce de Jésus-Christ ; et le sacerdoce ancien lui rend également témoignage par les ombres figuratives des cérémonies et des sacrifices. Par un rapprochement mystérieux, Zacharie recouvre la parole le huitième jour de la naissance de son fils, figure de la résurrection du Seigneur, qui eut lieu le huitième jour, c’est-à-dire après le jour du sabbat qui était le septième, et dévoila tous les mystères du sacerdoce de l’ancienne loi.

Théophile. Le peuple avait été surpris de la mutité de Zacharie, il ne le fut pas moins lorsqu’il recouvra l’usage de la parole : « Tous furent saisis de crainte, » etc., c’est-à-dire que ces deux prodiges leur donnèrent une haute idée des destinées de cet enfant. Tous ces événements étaient réglés par une économie divine, afin que celui qui devait être le témoin du Christ, fût un témoin digne de foi. Aussi voyez ce qu’ajoute l’auteur sacré : « Tous les conservèrent dans leur cœur, et ils disaient : Que pensez-vous que sera un jour cet enfant ? » — Bède. En effet, ces signes avant-coureurs ouvrent la voie au précurseur de la vérité, et le futur prophète se présente sous les auspices les plus imposants : « Car la main du Seigneur était avec lui. » — S. Grég.. (ou Métaphraste, Ch. des Pèr. gr.) En effet, Dieu opérait en lui des prodiges dont Jean n’était pas l’auteur, mais la main (ou la droite) de Dieu. — La glose. Cette crainte est au sens mystique la figure de la crainte salutaire que produisit la prédication de la grâce de Jésus-Christ, dans les temps qui suivirent sa résurrection, et qui ébranla les coeurs non seulement des Juifs (qui étaient proches, soit par la contrée qu’ils habitaient, soit par la connaissance de la loi), mais encore des nations les plus éloignées. Et la renommée de Jésus-Christ, non seulement a franchi les montagnes de la Judée, mais a surpassé les sommets les plus élevés des royaumes du monde et de la sagesse humaine.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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