Accueil > Bibliothèque > La Chaîne d’or > Évangile selon saint Luc > chapitre 1, verset 53
— Il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, et il a renvoyé vides ceux qui étaient riches.
La glose. Comme la prospérité humaine consiste surtout dans les honneurs des puissants de ce monde et dans l’abondance des richesses, après avoir parlé de l’humiliation des grands et de l’élévation des humbles, elle prédit que les riches seront réduits au plus entier dénuement, et les pauvres remplis de toutes sortes de biens : « Il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, » etc. — S. Basile. (sur les Psaum.) Nous pouvons entendre ces paroles mêmes des choses sensibles, et y apprendre l’incertitude des choses de ce monde. Elles sont bien fragiles, en effet, comme ces flots que l’impétuosité des vents brise et disperse de tous côtés. Entendues dans le sens spirituel, ces paroles signifient que le genre humain tout entier était comme affamé, à l’exception des Juifs, que la promulgation de la loi et les enseignements des saints prophètes avaient enrichis. Mais ils ont refusé de s’attacher humblement au Verbe incarné, et ils ont été renvoyés vides de tous biens et dans le plus entier dénuement, privés de la foi, de la science, de l’espérance des biens, exclus tout ensemble de la Jérusalem terrestre et de la vie future. Ceux au contraire, parmi les gentils, que la faim et la soif avaient complètement épuisés, se sont attachés au Seigneur et ont été remplis de tous les biens spirituels. — La glose. Ceux aussi qui ont faim des biens éternels, qui les désirent ardemment, seront rassasiés, lorsque Jésus-Christ apparaîtra dans sa gloire, mais pour ceux qui placent leur joie dans les choses de la terre, ils seront à la fin des siècles renvoyés vides de tous biens et de toute félicité.
Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.