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Lc  1  47

Alors Marie dit : Mon âme glorifie le Seigneur.

S. Ambr. C’est par les femmes que le péché a commencé, c’est aussi par les femmes que commence la réparation du mal ; aussi n’est-ce pas sans dessein qu’Elisabeth prophétise avant Jean-Baptiste, et Marie avant la naissance du Seigneur ; mais la prophétie de Marie est d’autant plus parfaite qu’elle est elle-même plus élevée en dignité. — S. Basile. (Ch. des Pèr, gr., explic. du Ps 33.) Cette Vierge sainte guidée par une inspiration sublime contemple d’une vue profonde l’immense étendue de ce mystère, et pénétrant plus avant dans ses profondeurs, elle rend gloire à Dieu : « et Marie dit : Mon âme glorifie le Seigneur. » — S. Grég. (Athanas., Ch. des Pèr. gr.) — Elle semble dire : Le mystère étonnant que Dieu a prédit, c’est dans mon corps qu’il doit l’opérer, mais mon âme ne peut rester stérile devant lui. Il faut que je lui offre le fruit de ma volonté, car plus est grand le miracle dont je suis l’objet, plus aussi je dois glorifier l’auteur de toutes ces merveilles. — Origène. (hom. 8.) — Puisque Dieu ne peut ni recevoir aucun accroissement, ni souffrir aucune diminution, que signifient ces paroles de Marie : « Mon âme exalte le Seigneur ? » Il nous faut considérer que le Dieu Sauveur est l’image du Dieu invisible, que notre âme a été faite à son image, et qu’elle est ainsi l’image de l’image ; nous reconnaîtrons alors qu’à l’exemple des peintres qui reproduisent sur la toile les traits d’un visage, lorsque nous élevons notre âme par nos oeuvres, nos paroles, nos pensées, l’image de Dieu s’agrandit en nous, et le Seigneur lui-même, dont nous portons l’image dans notre âme, en reçoit comme une espèce d’agrandissement.

Et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur.

S. Basile. (Sur le Ps 32.) Le premier fruit de l’Esprit c’est la paix et la joie. La Vierge sainte qui avait reçu l’Esprit saint dans toute sa plénitude, ajoute avec raison : « Et mon esprit est ravi. » L’âme et l’esprit sont ici une même chose. L’Écriture sainte emploie ordinairement le mot de ravissement, de transport, pour exprimer dans les personnes qui en sont dignes, un état de l’âme remplie de joie et d’allégresse. La Vierge est donc ravie dans le Seigneur par un tressaillement ineffable de son coeur, et par le transport d’une affection pure. « En Dieu mon Sauveur. » — Bède. L’esprit de la sainte Vierge se réjouit de l’éternelle divinité de ce même Jésus (c’est-à-dire Sauveur) dont la chair est engendrée par une conception temporelle. — S. Ambr. L’âme de Marie glorifie donc le Seigneur, et son esprit est ravi en Dieu son Sauveur, parce que toute dévouée par son âme et son esprit au Père et au Fils, elle honore d’un culte d’amour le Dieu unique, auteur de tout ce qui existe. Ayez donc tous l’âme de Marie pour glorifier le Seigneur, ayez tous son, esprit pour être ravis de joie en Dieu votre Sauveur. Si selon la chair, il n’y a qu’une mère du Christ, selon la foi, Jésus est le fruit de tous les coeurs. Toute âme en effet conçoit le Verbe de Dieu, à la condition qu’elle sera pure, exempte de tout vice et qu’elle conservera sa chasteté sous la garde d’une pudeur inviolable. — Théophile. Celui-là glorifie Dieu, qui marche dignement à la suite de Jésus-Christ, qui porte le nom de chrétien sans laisser amoindrir en lui la dignité du Christ qu’il relève au contraire par des actions grandes et vraiment célestes ; l’esprit, ou ce qui est la même chose, l’onction spirituelle est comme ravie de joie, c’est-à-dire qu’elle s’accroît de jour en jour et n’est point exposée à s’affaiblir ou à s’éteindre. — S. Basile. (comme précéd.) Si parfois je ne sais quelle lumière venant à pénétrer votre âme vous donne une connaissance subite de Dieu, et vous éclaire si pleinement qu’elle vous porte à aimer Dieu et à mépriser toutes les choses de la terre ; que cette image si obscure encore et cette impression si rapide vous aident à comprendre l’état des justes qui trouvent en Dieu une joie toujours égale, toujours persévérante. — Origène. L’âme doit commencer par glorifier le Seigneur, avant d’être ravie en lui ; car la foi en Dieu est une condition nécessaire de ces divins transports.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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