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Lc  17  3-4

S. Ambr. Après la parabole du mauvais riche souffrant cruellement dans les flammes éternelles, le Sauveur fait à ses disciples une obligation de pardonner à tous ceux qui reviennent de leurs erreurs ; de peur que le désespoir ne les fasse persévérer dans le mal : « Prenez garde à vous. » — Théophile. Comme s’il leur disait : Il est nécessaire qu’il arrive des scandales, mais il n’est pas nécessaire que vous périssiez si vous êtes sur vos gardes, de même qu’il n’y a point nécessité que les brebis deviennent la proie du loup, si le berger veille sur elles, et comme il y a plusieurs espèces de personnes qui donnent le scandale, que les unes peuvent être guéries, que les autres sont incurables, il ajoute : « Si votre frère pèche contre vous, reprenez-le, » etc. — S. Ambr. Le pardon ne doit pas être trop difficile, ni l’indulgence trop grande, il faut éviter à la fois les reproches sévères qui découragent, et une connivence coupable qui autorise le mal ; aussi Notre-Seigneur nous dit-il ailleurs : « Reprenez-le entre vous et lui ; » car une réprimande amicale est toujours plus utile qu’une accusation trop vive ; l’une inspire une honte salutaire, l’autre excite l’indignation ; ayez plutôt des ménagements pour cette crainte qu’a le coupable que ses fautes soient révélées ; car il est bien plus avantageux qu’il voie en vous un ami qui le reprend, qu’un ennemi qui veut sa perte, et il se rendra toujours plus facilement à vos conseils, qu’il ne cédera à vos injures. La crainte est un faible gardien de la persévérance, la honte enseigne bien plus efficacement le devoir ; car si la crainte réprime le vice, elle ne peut le corriger. Notre-Seigneur dit avec dessein : « Si votre frère pèche contre vous, » car on ne peut raisonner des fautes commises contre Dieu, comme des offenses envers nos semblables.

Bède. Remarquez encore qu’il ne nous fait point une obligation de pardonner indifféremment à tout homme qui nous offense, mais seulement à celui qui témoigne du repentir ; car tel est l’ordre que nous devons suivre pour éviter les scandales : n’offenser personne, reprendre par zèle pour la justice ceux qui sont en faute, et recevoir avec des entrailles de miséricorde les pécheurs repentants. — Théophile. Mais, me dira-t-on, si après avoir pardonné plusieurs fois à mon frère, il continue à m’offenser, quelle conduite tenir à son égard ? Notre-Seigneur a répondu à cette question : « S’il pèche contre vous sept fois le jour, et que sept fois le jour il revienne à vous, disant : Je me repens, pardonnez-lui. »

Bède. Le nombre sept n’exprime pas ici les limites que nous devons apporter au pardon, mais il signifie qu’il faut pardonner toutes les offenses, ou du moins qu’il faut toujours pardonner à celui qui se repent. Le nombre sept, en effet, exprime souvent dans l’Écriture l’universalité des choses ou des temps. — S. Ambr. Ou bien encore, de même que Dieu s’est reposé de ses oeuvres le septième jour, ainsi un repos éternel nous est promis après la semaine de ce monde ; Dieu veut donc que la sévérité de la vengeance s’apaise et se repose, à l’exemple de toutes les oeuvres mauvaises de ce monde, qui doivent un jour prendre fin.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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