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Lc  10  23-24

Théophile. Le Sauveur venait de dire : « Nul ne sait quel est le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler, » il proclame maintenant bienheureux ses disciples auxquels il a lui-même révélé quel est le Père : « Et se tournant vers ses disciples, il leur dit : Bienheureux les yeux, » etc. — S. Cyrille. Il se retourne vers ses disciples, parce qu’il repousse les Juifs aveugles et sourds d’esprit, pour se donner tout entier à ceux qui l’aiment, et il déclare bienheureux les yeux qui voient ce qu’ils voyaient eux-mêmes de préférence aux autres. Il faut cependant remarquer, que voir ne signifie pas ici une action et un mouvement des yeux, mais une jouissance de l’âme dans la possession des bienfaits dont elle est l’objet ; comme quand on dit : « Il a vu des jours heureux, » c’est-à-dire il s’est réjoui des jours heureux ; c’est dans ce sens que le Roi-prophète dit : « Vous verrez les biens de Jérusalem. » (Ps 127.) Combien de Juifs, en effet, qui ont vu des yeux du corps Jésus-Christ opérant des miracles divins, et à qui ne peuvent convenir ces paroles du Sauveur ; car ils n’ont pas cru, et ils n’ont point vu sa gloire des yeux de l’esprit. Si donc nos yeux sont heureux, c’est que nous voyons par la foi le Verbe fait homme pour nous, et gravant dans notre âme l’impression de sa divinité pour nous rendre semblables à lui par la sainteté et la justice.

Théophile ; Il proclame bienheureux ses disciples et tous ceux qui voient des yeux de la foi, en comparaison des anciens prophètes et des rois qui ont désiré voir et entendre le Dieu incarné : « Car, je vous le déclare, beaucoup de prophètes et de rois, » etc. — Bède. Saint Matthieu appelle plus clairement les prophètes des rois et des justes (Mt 13) ; ils sont en effet de grands rois, parce que loin de consentir et de succomber aux mouvements des tentations, ils ont su toujours les gouverner et les réprimer. — S. Chrys. (tiré des hom. sur S. Jean.) Il en est plusieurs qui concluent de ces paroles, que les prophètes n’ont eu aucune connaissance du Christ ; mais s’ils ont désiré voir ce que les Apôtres ont vu, ils ont donc su qu’il devait descendre parmi les hommes, et accomplir les mystères qui étaient la suite de son incarnation ; car personne ne peut avoir le désir de ce qu’il ne connaît pas ; ils ont donc connu le Fils de Dieu. Aussi le Sauveur ne dit pas simplement : Ils ont voulu me voir et m’entendre, mais : « Ils ont voulu voir ce que vous voyez, et entendre ce que vous entendez. » Ils l’avaient vu, en effet, mais avant qu’il fût incarné, qu’il conversât avec les hommes, et qu’il leur parlât un langage si plein de majesté. — Bède. Les prophètes qui ne l’apercevaient que dans le lointain des temps, l’ont vu comme dans un miroir et sous des images obscures (cf. He 11, 13 ; 1 Co 13, 2) ; les Apôtres, au contraire, qui jouissaient de la présence visible du Sauveur, et apprenaient de lui tout ce qu’ils voulaient connaître, n’avaient nul besoin d’être enseignés par les anges ou par d’autres visions semblables.

Origène. (Ch. des Pèr. gr.) Mais pourquoi le Sauveur dit-il que beaucoup de prophètes ont désiré, et non pas tous ? Parce qu’il est dit d’Abraham qu’il a vu le jour du Christ et qu’il s’en est réjoui. Or, cette vision fut le partage d’un très-petit nombre ; les autres prophètes comme les autres justes ne furent pas assez grands en mérite pour obtenir de voir ce qu’a vu Abraham, et de connaître ce qu’ont connu les Apôtres ; et c’est d’eux que Jésus dit : « Ils ont désiré voir et ils n’ont pas vu. »

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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