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Jn  7  40-53

S. Augustin. (Traité 33 sur S. Jean.) Lorsque le Seigneur eut invité ceux qui croyaient en lui, à venir s’abreuver aux sources de l’Esprit saint, le peuple fut divisé à son sujet : « Dès ce moment, parmi cette multitude qui avait entendu ses paroles, quelques-uns disaient : Celui-ci est vraiment le prophète. » — Théophile. C’est-à-dire, le prophète que l’on attendait. Les autres, au contraire, c’est-à-dire le peuple, disaient : C’est le Christ. — Alcuin. Ils avaient déjà commencé à puiser à cette source spirituelle, ils n’étaient plus tourmentés par la soif de l’infidélité, tandis que les autres demeuraient dans la sécheresse de leur incrédulité : « Mais, disaient les autres, est-ce que le Christ viendra de la Galilée ? L’Ecriture ne dit-elle pas que c’est de la race de David et de la petite ville de Bethléem, où naquit David, que le Christ doit venir ? » Ils connaissaient donc les prophéties qui avaient le Christ pour objet, mais ils ne savaient pas qu’elles avaient leur accomplissement en Jésus, ils savaient qu’il avait été élevé à Nazareth, mais ils ne songeaient pas à s’informer du lieu de sa naissance, et ils ne croyaient pas que la prophétie qu’ils avaient sous les yeux était accomplie en lui. — S. Chrys. (hom. 51) Admettons toutefois qu’ils ignoraient le lieu de sa naissance, pouvaient-ils ignorer également la race d’où il sortait, sa naissance de la maison et de la famille de David ? Pourquoi donc cette réflexion : « Est-ce que le Christ ne doit pas sortir de la race de David ? » Mais c’est justement cette circonstance qu’ils voulaient cacher, en alléguant son éducation à Nazareth, et toutes leurs paroles sont inspirées par une profonde malice. Aussi voyez, ils ne viennent pas trouver Jésus pour lui faire cette observation : Les Ecritures disent que le Christ doit sortir de Bethléem, comment se fait-il que vous venez de la Galilée ? Non encore une fois, et la malignité seule conduit leur langue et dicte leurs paroles. Comme ils ne prêtaient aucune attention aux enseignements du Sauveur et qu’ils n’avaient aucun désir de s’instruire, Jésus-Christ ne leur fit aucune réponse, tandis qu’il avait donné les plus grands éloges à Nathanaël, qui lui disait : « Est-ce qu’il peut venir quelque chose de bon de Nazareth ? » (Jn 1) Parce qu’il était un vrai Israélite, qu’il cherchait la vérité et qu’il était instruit à fond dans la science des Ecritures de 1’ancionne loi.

« Le peuple était donc partagé à son sujet. » — Théophile. Ce n’étaient pas les princes du peuple, ils étaient trop bien d’accord pour ne pas le reconnaître comme le Christ. Ceux dont la malice était moins profonde, se contentaient d’attaquer par leurs paroles la gloire du Sauveur, mais ceux dont la méchanceté était extrême, désiraient vivement se saisir de sa personne, et c’est de ces derniers dont l’Evangéliste ajoute : « Quelques-uns d’entre eux voulaient le prendre. » — S. Chrys. (hom. 51.) L’Evangéliste fait cette remarque, pour montrer qu’ils ne manifestaient dans leur langage ni le désir de chercher la vérité, ni le désir de la dire : « Mais personne ne mit la main sur lui. » — Alcuin. C’est-à-dire qu’ils eu furent empêchés par celui qui avait la puissance de réprimer leurs efforts. — S. Chrys. (hom. 51.) Cette seule circonstance aurait dû suffire pour leur inspirer un profond repentir, ils n’en firent rien. Tel est le caractère propre de la méchanceté, elle ne veut céder à personne, et n’a qu’une chose en vue, c’est de mettre à mort celui à qui elle tend des embûches.

S. Augustin. (Traité 33.) Ceux qui avaient été envoyés pour se saisir de Jésus, revinrent sans s’être souillés de ce crime et remplis d’admiration : « Lors donc que les gardes revinrent vers les pontifes et les pharisiens, ceux-ci leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? » — Alcuin. Ils n’ont pu eux-mêmes se saisir de sa personne lorsqu’ils ont voulu le lapider, et ils reprochent à leurs émissaires de ne l’avoir point amené. — S. Chrys. (hom. 52.) Les pharisiens et les scribes, témoins des miracles de Jésus, et versés dans la science des Ecritures, n’en tirent aucun profit ; leurs gardes, qui n’ont en aucun de ces avantages, sont gagnés par un seul des discours du Sauveur ; ils étaient envoyés pour le charger de chaînes, et ils reviennent enchaînés par l’admiration dont ils sont remplis. Et ils ne disent pas : Nous n’avons pu nous saisir de sa personne à cause de la foule, mais ils proclament hautement la sagesse de Jésus-Christ : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme. » — S. Augustin. (Traité 33.) Or, il parlait de la sorte, parce qu’il était Dieu et homme tout ensemble. — S. Chrys. (hom. 52.) Nous ne devons pas seulement admirer la prudence de ces hommes qui, sans avoir besoin de miracles, se laissent gagner par l’attrait de la doctrine du Sauveur (en effet, ils ne disent pas : Jamais homme n’a fait de tels miracles, ils disent : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme, ») mais encore leur courage, la liberté avec laquelle ils s’expliquent de la sorte devant les pharisiens qui étaient les ennemis de Jésus-Christ. Le Sauveur cependant ne leur avait point parlé longuement, mais lorsque l’âme n’est pas viciée, elle n’a pas besoin de longs discours.

S. Augustin. (Traité 33.) Mais les pharisiens ne se rendirent point à leur témoignage : « Les pharisiens leur répliquèrent : Avez-vous été séduits, vous aussi ? » C’est-à-dire, nous voyons que vous avez trouvé un véritable charme dans ses discours. — Alcuin. Et en effet, ils avaient été heureusement séduits, parce qu’ils avaient renoncé au malheur de l’incrédulité pour embrasser la foi. — S. Chrys. (hom. 52.) Voyez quel raisonnement insensé et pitoyable leur font les pharisiens : « Est-il quelqu’un d’entre les chefs du peuple ou d’entre les pharisiens qui aient cru en lui ? Pour cette populace qui ne connaît point la loi, ce sont des gens maudits. » Mais c’est justement le plus grand chef d’accusation contre eux, que la foule ait cru en Jésus-Christ, tandis qu’ils ont eux-mêmes refusé de croire. — S. Augustin. (Traité 33.) Ceux qui n’avaient point la connaissance de la loi, croyaient en celui qui avait donné la loi, et les docteurs de la loi ne craignaient pas de condamner l’auteur même de la loi, accomplissant ainsi ces paroles du Seigneur : « Je suis venu en ce monde pour le jugement, afin que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » (Jn 9, 39.) — S. Chrys. (hom. 52.) Comment peut-on appeler maudits ceux qui se laissent persuader par la loi (ou qui obéissent à la loi) ? Les maudits sont bien plutôt ceux qui, comme vous, n’observent pas la loi. — Théophile. Les pharisiens gardent quelque modération et quelque douceur dans leur réponse à ceux qu’ils avaient envoyés, dans la crainte de les voir se séparer complètement d’eux pour s’attacher à Jésus-Christ.

S. Chrys. (hom. 52.) Ils venaient d’objecter qu’aucun des princes du peuple n’avait cru en Jésus, raison dont l’Evangéliste fait voir la fausseté, en ajoutant : « Nicodème, l’un d’entre eux, celui qui était venu de nuit trouver Jésus, leur dit : » — S. Augustin. (Traité 33.) Il n’était pas incrédule mais timide dans sa foi, c’est pour cela qu’il était venu de nuit trouver la lumière ; il voulait être éclairé, mais il craignait d’être connu. Il répondit donc aux Juifs : « Notre loi condamne-t-elle un homme sans l’avoir entendu et sans avoir instruit sa cause ? Il espérait que si les pharisiens consentaient seulement à l’entendre patiemment, ils éprouveraient la même impression que ceux qu’ils avaient envoyés pour se saisir de lui, et qui aimèrent mieux croire en lui ; mais ces hommes, profondément pervers, voulaient condamner avant de connaître. — S. Augustin. (de la Cité de Dieu, 22, 1.) Nicodème appelle la loi de Dieu, « notre loi, » parce que Dieu l’a donnée aux hommes.

S. Chrys. (hom. 52.) Nicodème leur prouve donc à la fois qu’ils ne connaissent point la loi et qu’ils ne l’observent point. Mais les pharisiens, au lieu de montrer, comme ils auraient dû le faire, qu’ils avaient eu raison d’envoyer se saisir de la personne de Jésus, se laissent aller aux propos injurieux et outrageants : « Ils lui répondirent : Est-ce que vous êtes aussi Galiléen ? » — S. Augustin. (Tr. 33.) C’est-à-dire, séduit par le Galiléen, car le Sauveur était appelé Galiléen, parce que ses parents habitaient Nazareth ; je dis ses parents du côté de Marie et non du côté d’un père qu’il n’eut point sur la terre. — S. Chrys. (hom. 52.) Ils ajoutent ce reproche blessant pour Nicodème, d’ignorer les Ecritures : « Examinez les Ecritures, lui disent-ils, et vous verrez que de la Galilée il ne sort point de prophète ; » absolument comme s’ils lui disaient : Allez et instruisez-vous. — Alcuin. Leur attention ne se portait que sur le lieu où il passait sa vie, et non sur le lieu de sa naissance, c’est pourquoi ils refusaient de le reconnaître, non-seulement pour le Messie, mais pour un simple prophète. » — S. Augustin. (Traité 33.) La Galilée ne voit point sortir de prophète de son sein, mais elle a vu s’élever au milieu d’elle le Seigneur, des prophètes.

« Et il s’en retournèrent, chacun eu sa maison. — Alcuin. Ils retournèrent dans la maison de leur incrédulité et de leur impiété, sans avoir rien fait, vides de foi et sans aucun résultat utile pour le salut de leurs âmes.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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