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Jn  6  53-55

S. Augustin. (Traité 26 sur S. Jean.) Les Juifs ne comprenaient pas quel était ce pain d’union, et c’est la raison de leurs disputes : « Les Juifs donc se disputaient entre eux, disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ? » Pour ceux au contraire qui se nourrissent de ce pain, ils n’ont point de dispute entre eux, car c’est par la vertu de ce pain que Dieu fait habiter ensemble ceux qui n’ont qu’un même esprit. (Ps 67, 7)

Bède. Les Juifs s’imaginaient que le Seigneur leur partagerait sa chair par morceaux, et la leur donnerait ainsi à manger, ils disputaient donc entre eux, parce qu’ils ne comprenaient point. — S. Chrys. (hom. 46.) Ils prétendaient qu’il était impossible qu’il leur donnât ainsi sa chair, et il leur montre que loin d’être impossible, c’est une chose absolument nécessaire : « Et Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, » etc., c’est-à-dire vous ignorez comment ce pain peut vous être donné, et de quelle manière vous devez le manger, et cependant, je vous le déclare, si vous ne mangez ce pain, vous n’aurez point la vie en vous., etc.

Bède. Et pour étendre à tous l’obligation de ce précepte il le généralise en disant : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, » etc. Or, dans la crainte de voir appliquer à la vie présente les effets de la communion à sa chair, il ajoute : « Il a la vie éternelle. » Celui donc, qui ne mange pas sa chair et ne boit pas son sang, demeure privé de cette vie. On peut jouir de la vie présente sans manger ce pain, mais pour la vie éternelle, cela est impossible. Il n’en est pas ainsi de la nourriture que nous prenons pour soutenir la vie du corps, elle est absolument nécessaire à la conservation de cette vie, et cependant elle ne peut la conserver indéfiniment, car il arrive tous les jours qu’un grand nombre de ceux qui l’ont prise meurent par suite de maladie, de vieillesse ou de quelque autre accident. Mais les effets de cette nourriture et de ce breuvage, c’est-à-dire du corps et du sang de Jésus-Christ, sont bien différents ; celui qui ne les reçoit point ne peut avoir la vie, et celui qui les reçoit a nécessairement la vie et la vie éternelle. — Théophile. Car ce n’est pas seulement la chair d’un homme, c’est la chair d’un Dieu, chair qui a la puissance de rendre l’homme tout divin, en l’enivrant de sa divinité.

S. Augustin. (de la Cité de Dieu, 21, 19.) Il en est qui s’appuient sur ces paroles pour promettre à ceux qui ont reçu le baptême du Christ, et qui participent à la réception de son corps, qu’ils seront délivrés des supplices éternels, quelle qu’ait été d’ailleurs leur vie. C’est une erreur que l’apôtre saint Paul condamne lorsqu’il dit : « Il est aisé de connaître les oeuvres de la chair qui sont la fornication, l’impureté, l’impudicité, la dissolution, etc., dont je vous déclare, comme je vous l’ai déjà dit que ceux qui commettent ces crimes, ne seront point héritiers du royaume de Dieu. (Ga 5) Nous devons donc examiner avec soin dans quel sens il faut entendre les paroles du Sauveur. Celui qui fait partie de l’unité de son corps, c’est-à-dire de cette union étroite des chrétiens membres de ce corps dont les fidèles reçoivent le sacrement dans la sainte communion, mange véritablement le corps et boit le sang de Jésus-Christ. Par conséquent, les hérétiques et les schismatiques qui sont séparés de l’unité de son corps, peuvent bien recevoir le même sacrement, mais sans aucune utilité pour eux ; je dirai plus, il leur est nuisible et il devient pour eux la cause d’un jugement rigoureux, plutôt qu’un principe de délivrance. Ceux dont les mœurs sont évidemment mauvaises et condamnables et qui par leurs impuretés ou par d’autres actions semblables, c’est-à-dire par l’iniquité de leur vie se séparent de la justice de la vie qui est Jésus-Christ, ne mangent pas véritablement le corps de Jésus-Christ, parce qu’ils ne font point partie de ses membres. Pour ne pas en dire davantage, ils ne peuvent être en même temps les membres de Jésus-Christ et les membres d’une prostituée. (1 Co 6, 15.)

S. Augustin. (Traité 26.) Notre-Seigneur veut donc que dans cette nourriture et dans ce breuvage, nous voyions la société de son corps et de ses membres, c’est-à-dire l’Eglise, composée de saints que Dieu a prédestinés, appelés, justifiés, et glorifiés, et de ses fidèles. Le symbole de cette vérité, c’est-à-dire, l’unité du corps et du sang de Jésus-Christ, nous est présenté tous les jours dans certains lieux, à des jours marqués dans d’autres endroits, sur la table du Seigneur, et c’est sur cette table que les fidèles prennent ce sacrement, les uns pour leur vie, les autres pour leur mort. Mais la vérité qui est elle-même figurée par ce sacrement est un principe de vie pour tous, et n’est une cause de mort pour aucun de ceux qui ont le bonheur d’y participer. Comme les Juifs auraient pu croire que la promesse de la vie éternelle faite à ceux qui prendraient cette nourriture et ce breuvage, entraînait l’affranchissement de la mort du corps, Notre-Seigneur prévient cette pensée en ajoutant : « Et je le ressusciterai au dernier jour, » c’est-à-dire, que son âme jouira d’abord de la vie éternelle dans le repos que Dieu a préparé aux âmes des saints, et que son corps lui-même ne sera point privé de cette vie éternelle, dont il entrera en possession au dernier jour de la résurrection des morts.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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