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Jn  5  24

La glose. Notre-Seigneur avait dit précédemment : « Le Fils donne la vie à qui il veut ; » il lui restait à faire connaître comment le Fils nous conduit à la vie : » En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, » etc. — S. Augustin. (Traité 22.) La vie éternelle consiste à écouter et à croire, mais encore plus à comprendre. La foi est le degré qu’il faut franchir pour arriver à l’intelligence qui est le fruit de la foi. Remarquez que le Sauveur ne dit pas : Celui qui croit en moi, mais : « Celui qui croit à celui qui m’a envoyé. » Pourquoi donc, Seigneur, entend-il votre parole, et croit-il à un autre que vous ? Que voulez-vous dire ? si ce n’est : la parole de celui qui m’a envoyé est en moi ? « Il entend ma parole, » c’est-à-dire, c’est moi qu’il entend : « Il croit à celui qui m’a envoyé, » c’est-à-dire, qu’en croyant en lui, il croit à sa parole, et en croyant à sa parole, c’est en moi qu’il croit, parce que je suis la parole, le Verbe du Père.

S. Chrys. (hom. 39.) Le Sauveur ne dit pas : « Celui qui écoute ma parole et qui croit en moi ; » ce que les Juifs auraient regardé comme l’expression d’un orgueil qui veut s’élever outre mesure. En disant au contraire : « Celui qui croit à celui qui m’a envoyé ; » il faisait plus facilement accepter sa doctrine. Deux considérations venaient à l’appui, il enseignait que c’était au Père qu’il fallait croire, et il promettait toute sorte de biens comme récompense de la foi qu’il demandait : « Il ne vient pas en jugement. » — S. Augustin. (Traité 22.) Mais que signifient ces paroles ? Y aura-t-il donc un homme plus vertueux que saint Paul, qui nous déclare : « Qu’il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ. » (Rm 14 ; 2 Co 5) Nous répondons que le jugement emporte quelquefois l’idée de punition, tandis que dans d’autres circonstances, il signifie un simple examen ou un jugement de séparation. Nous devrons tous comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ, pour subir ce jugement de séparation et d’examen. Mais ici Notre-Seigneur veut parler du jugement qui emporte condamnation, et ces paroles : « Il ne vient point en jugement, » signifient : « Il n’encourt pas une sentence de condamnation, » mais ajoute le Sauveur : « Il a passé de la mort à la vie ; » ce passage n’est pas encore entièrement effectué, mais dès maintenant il a passé de la mort de l’infidélité à la vie de la foi, de la mort de l’iniquité à la vie de la justice. Ou bien encore, Notre-Seigneur veut vous désabuser de la pensée que la foi vous préserverait de la mort du corps, et bien vous convaincre que vous paierez cette dette de la mort que vous a fait contracter le péché d’Adam, qui nous représentait tout aux yeux de Dieu ; personne ne peut échapper à cette sentence qu’il entendit porter contre lui : « Vous mourrez de mort. » Mais après avoir payé on mourant cette dette du vieil homme, vous reprendrez la vie de l’homme nouveau, et vous passerez de la mort à la vie. (Traité 19.) Et à quelle vie ? à la vie éternelle, car les morts qui ressusciteront à la fin du monde ressusciteront pour la vie éternelle. (Traité 22.) Quant à cette vie, elle ne mérite point le nom de vie, parce qu’il n’y a de véritable vie que la vie éternelle.

S. Augustin. (serm. 64 sur les par. du Seign.) Nous voyons les hommes dans leur amour passionné pour cette vie périssable et mortelle, se donner mille efforts pour combattre la crainte de la mort, et faire tout ce qu’ils peuvent, non pour se soustraire à la mort, mais pour en retarder l’heure fatale. Mais si vous prenez tant de soins, si vous vous donnez tant de peine pour prolonger votre vie de quelques jours, que ne devez-vous pas faire pour la rendre éternelle ? Et si l’on donne le nom de prudents, ceux qui tentent l’impossible pour retarder leur mort, et vivre quelques jours de plus, combien sont insensés ceux qui vivent de manière à perdre la vie éternelle.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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