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Jn  3  31-32

S. Chrys. (hom. 30.) De même que le ver ronge le bois, et la rouille le fer, ainsi la vaine gloire perd l’âme qui la nourrit et l’entretient. Aussi devons-nous mettre tous nos soins à détruire en nous celte malheureuse passion. Malgré tant de raisons convaincantes, Jean-Baptiste peut à peine guérir ses disciples atteints de cette funeste maladie, et il est comme obligé de leur apporter de nouvelles raisons : « Celui qui vient d’en haut, est au-dessus de tous. » Puisque vous avez en si grande estime mon témoignage, leur dit-il, et que vous ne voyez rien qui soit plus digne de foi, sachez donc que ce n’est pas à celui qui habite la terre, à recommander comme digne d’être cru celui qui vient du ciel. Tel est le sens de ces paroles : « Il est au-dessus de tous, » c’est-à-dire, il se suffît à lui-même, et sa grandeur est en dehors de toute comparaison. — Théophile. Jésus-Christ, en effet, vient d’en haut et descend du Père, et il occupe une place si élevée qu’elle le distingue et le sépare de tous les hommes. — Alcuin. Ou bien encore : « Il vient d’en haut, » c’est-à-dire des hauteurs que la nature humaine occupait avant le péché du premier homme. C’est sur ces hauteurs que le Verbe de Dieu a pris la nature humaine, dont il a revêtu les peines, sans prendre la faute.

« Celui qui tire son origine de la terre, est de la terre (c’est-à-dire est terrestre), et parle de la terre » (c’est-à-dire des choses terrestres.) — S. Chrys. (hom. 30.) Cependant Jean-Baptiste ne venait pas tout entier de la terre, il avait une âme et il participait de l’esprit, qui ne vannent point de la terre. Pourquoi donc déclare-t-il qu’il vient de la terre ? Cette manière de s’exprimer signifie simplement dans l’intention du Précurseur, qu’il est peu de chose, parce qu’il vient de la terre, qu’il est né sur la terre, et qu’il ne peut en aucune sorte entrer en comparaison avec Jésus-Christ qui est venu du ciel : « Il parle de la terre, » non pas dans ce sens qu’il parle d’après ses propres inspirations, mais comparativement à la doctrine de Jésus-Christ, comme s’il disait : Ma personne, ma doctrine sont trop inférieures pour entrer en comparaison avec la personne et la doctrine de Jésus-Christ ; elles sont ce qu’il convient d’être à la nature humaine et terrestre, comparée à celui en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu. (Col 2, 3.) — S. Augustin. (Traité 14.) Ou bien, ces paroles : « Il parle de la terre, » doivent s’entendre de l’homme qui suit ses propres inspirations ; car lorsqu’il parle un langage divin, c’est Dieu qui l’éclairé et qui l’inspire, comme le reconnaît le grand Apôtre : « Ce n’est pas moi, mais la grâce de Dieu avec moi.» (1 Co 15, 10.) C’est-à-dire que Jean, considéré en lui-même, vient de la terre, et parle le langage de la terre, et s’il vous a fait entendre le langage du ciel, ce n’est point de lui-même, mais par un effet de la grâce qui l’a rempli de ses lumières.

S. Chrys. (hom. 30.) Jean-Baptiste, ayant étouffé tout sentiment d’envie dans le cœur de ses disciples, leur parle de Jésus-Christ avec une plus grande liberté, car tout ce qu’il aurait pu dire auparavant eut été inutile, et n’eût point trouvé d’écho dans des esprits si mal disposés. Il continue donc en ces termes : « Celui qui vient du ciel est au dessus de tous. » — La glose. C’est-à-dire celui qui vient du Père est au-dessus de tous de deux manières : Premièrement, au-dessus de la nature humaine, qu’il n’a prise que dans un état exempt de péché, et secondement, parce qu’il partage l’élévation du Père dont il est l’égal.

S. Chrys. (hom. 30.) Après ces idées si hautes et si relevées sur Jésus-Christ, Jean-Baptiste descend de ces hauteurs et parle, pour ainsi dire, un langage plus humain : « Et ce qu’il a vu et entendu, il en rend témoignage. » C’est par ces deux sens de l’ouïe et de la vue que nous arrivons à une connaissance certaine de toutes choses, et nous sommes regardés comme des maîtres dignes de foi, lorsque nous enseignons les choses que nous avons vues ou entendues. Jean-Baptiste applique cette vérité à Jésus-Christ en disant de lui : « Et ce qu’il a vu et entendu, il en rend témoignage, » il établit ainsi que les paroles du Sauveur ne renferment aucune erreur et qu’elles sont la vérité même. Quant à moi, semble-t-il dire, j’ai besoin d’être instruit par celui qui vient du ciel, et j’annonce ce qu’il a vu et entendu, c’est-à-dire les vérités dont il a seul une connaissance entière et parfaite. — Théophile. En entendant ces paroles : « Il rend témoignage de ce qu’il a vu et entendu, » n’allez pas croire que le Fils de Dieu ait besoin d’apprendre quelque chose de son Père ; tout ce que le Fils connaît en vertu de sa nature vient de son Père, et c’est en ce sens qu’il apprend de son Père tout ce qu’il sait. Mais qu’est-ce que le Fils a pu entendre du Père ? Peut-être la parole du Père ? Mais il est lui-même la parole, le Verbe du Père. — S. Augustin. (Traité 14.) Lorsque vous concevez la parole que vous devez dire, vous voulez exprimer une idée, et la conception de cette idée est déjà une parole dans votre cœur. Or, de même que vous avez dans votre cœur la parole que vous devez dire, et qu’elle est vraiment en vous, ainsi Dieu a produit sa parole, son Verbe, c’est-à-dire a engendré son Fils. Donc, comme le Verbe de Dieu est le Fils de Dieu et que c’est le Fils de Dieu qui a parlé, celui qui parlait le Verbe du Père a voulu nous faire connaître non sa parole, mais le Verbe, la parole du Père. Jean-Baptiste a exposé ce mystère autant qu’il était nécessaire de le faire, et de la manière la plus convenable.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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