Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Jean  >  chapitre 3, versets 1-3

Jn  3  1-3

S. Augustin. (Traité 12 sur S. Jean.) L’Evangéliste venait de dire que pendant le séjour de Jésus à Jérusalem, beaucoup crurent en son nom, en voyant les prodiges et les miracles qu’il opérait. De ce nombre était Nicodème, un des pharisiens. — Bède. (pour la fête de l’inv. de la sainte croix.) Saint Jean nous fait connaître son rang et sa dignité : « C’était un des chefs des Juifs, ». et la démarche qu’il fit : « Il vint de nuit trouver Jésus. » Il désirait s’instruire plus à fond dans un entretien secret des mystères de la foi, dont les miracles publics du Sauveur lui avaient fait connaître les premiers éléments.

S. Chrys. (hom. 24 sur S. Jean.) Cet homme était encore esclave de la faiblesse judaïque, et il vient de nuit, parce qu’il craignait de faire de jour cette démarche. C’est ce même motif de crainte auquel l’Evangéliste fait allusion, lorsqu’il dit : « Cependant plusieurs d’entre les princes mêmes crurent en lui, mais à cause des pharisiens, ils ne le confessaient pas, de peur d’être chassés de la synagogue. » (Jn 12, 12.) — S. Augustin. (Traité 12.) Nicodème était du nombre de ceux qui crurent en Jésus-Christ, mais qui n’avaient pas encore reçu une nouvelle naissance, et c’est la raison pour laquelle il vient de nuit. C’est à ceux qui sont nés de nouveau de l’eau et de l’Esprit saint, que l’Apôtre dit : « Vous avez été autrefois ténèbres, vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur. » — Haym. Cette démarche qu’il fait la nuit est parfaitement appropriée aux dispositions de son âme, encore couverte des ténèbres de l’ignorance, et privée de cette vive lumière qui le fit croire parfaitement au Dieu véritable ; car la nuit, dans la sainte Ecriture, est le symbole de l’ignorance : « Et il lui dit : Maître, nous savons que vous êtes un docteur envoyé de Dieu. » Le mot rabbi, en hébreu, a la même signification que le mot magister, (maître) en latin. Il donne à Jésus le nom de maître, et non celui de Dieu, parce qu’il le regardait comme envoyé de Dieu, mais sans croire encore à sa divinité.

S. Augustin. (Traité 12.) Quel motif l’avait porté à croire ? le voici : « Car personne ne saurait faire les miracles que vous faites, si Dieu n’est avec lui. » Nicodème faisait donc partie de ce grand nombre de Juifs qui avaient cru au nom de Jésus, en voyant les miracles qu’il opérait. — S. Chrys. (hom. 24.) Cependant les prodiges ne lui donnent pas encore une bien haute idée de Jésus, il avait de lui une opinion toute humaine ; il en parle comme d’un prophète envoyé de Dieu pour une mission spéciale, et qui a besoin pour la remplir d’un secours étranger, bien que son Père, en l’engendrant de toute éternité, lui ait communiqué toute perfection, qu’il se suffise à lui-même, et n’ait rien en lui d’imparfait. Comme le dessein de Notre-Seigneur, pendant un certain temps, était moins de révéler sa divinité, que de persuader qu’il n’était en rien contraire à son Père, son langage est empreint de ménagements et de modération, tandis qu’il déploie dans toutes ses actions un pouvoir souverain. C’est pour cette raison qu’il ne révèle clairement à Nicodème rien de sublime sur sa personne ; mais il corrige seulement l’opinion peu relevée qu’il avait de lui, en lui apprenant qu’il n’a besoin de personne pour opérer ses miracles : « Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, nul, s’il ne naît de nouveau, ne peut voir le royaume de Dieu. » — S. Augustin. (Traité 12.) Voilà ceux à qui Jésus se fie, à ceux qui sont nés de nouveau, et ne viennent pas trouver Jésus de nuit, comme Nicodème. Jésus lui dit donc : « Nul, s’il ne naît de nouveau, » etc. — S. Chrys. (hom. 24.) Paroles dont voici le sens : Comme vous n’êtes pas encore né de nouveau par la génération spirituelle dont Dieu est l’auteur, la connaissance que vous avez de moi est loin d’être spirituelle, elle est toute charnelle et toute humaine. Or, je vous le déclare, ni vous, ni un autre, quel qu’il soit, ne pouvez, sans cette nouvelle naissance qui vient de Dieu, comprendre la gloire dont je suis environné, et vous restez nécessairement eu dehors du royaume ; car la génération dont le baptême est le principe, répand les plus vives lumières dans l’âme. Un peut encore suivre cette version : « Nul, à moins d’être né, » etc., c’est-à-dire votre naissance ne vient pas d’en haut, si vous n’avez pas reçu une foi ferme et inébranlable aux vérités révélées, vous êtes hors de la voie, et loin du royaume des cieux. Notre-Seigneur parle ici de lui-même, et veut faire comprendre qu’il n’est pas seulement ce qu’il parait extérieurement, mais qu’il est besoin d’autres yeux pour le voir tel qu’il est. Suivant les uns, cette expression : d’en haut, signifie du ciel, suivant les autres, dès le commencement. Si les Juifs avaient entendu cette doctrine, ils auraient bien vite laissé Jésus eu se moquant de lui, mais Nicodème, en continuant d’interroger Jésus-Christ, fait paraître l’amour d’un vrai disciple pour son maître.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle