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Jn  1  43-46

S. Chrys. (hom. 20 sur S. Jean.) Après ces premiers disciples, Jésus cherche à en convertir d’autres, c’est-à-dire, Philippe et Nathanaël : « Le lendemain Jésus voulut aller en Galilée. » — Alcuin. En partant de la Judée, où Jean baptisait, Jésus quitte la Judée par honneur pour Jean-Baptiste, et pour ne point affaiblir l’influence de ses enseignements qui devaient encore alors se faire entendre. Sur le point d’appeler de nouveaux disciples à sa suite, il se dirige vers la Galilée, qui signifie transmigration et changement, et il apprend ainsi à ceux qui le suivent à sortir d’eux-mêmes, à faire de continuels progrès dans la vertu, et à parvenir à la joie éternelle par les souffrances, comme il a lui-même voulu avancer et croître en sagesse, en âge, en grâce devant Dieu et devant les hommes (Lc 11), et passer par les souffrances avant de ressusciter et d’entrer dans sa gloire : « Et il trouva Philippe, et Jésus lui dit : » Suivez-moi. On suit Jésus, quand on imite son humilité et sa passion, pour avoir part à la gloire de sa résurrection et de son ascension.

S. Chrys. (Hom 20.) Remarquez que le sauveur n a appelé personne à sa suite, avant qu’on eût commencé à s’attacher, à lui ; en effet, s’il avait cherché à se faire des disciples, avant que quelques-uns n’eussent pris cette détermination d’eux-mêmes, ils n’auraient peut-être pas persévéré longtemps. Mais au contraire, ils lui restent d’autant plus fidèlement attachés, que c’est volontairement qu’ils ont choisi de marcher à sa suite. Il appelle d’abord Philippe, qui lui était plus connu, comme étant de la Galilée. Mais comment expliquer cet empressement de Philippe à suivre Jésus ? André l’avait suivi sur le témoignage de Jean-Baptiste ; Pierre, sur la parole d’André ; Philippe n’a été instruit par personne, et cette seule parole de Jésus-Christ : « Suivez-moi, » suffit pour le déterminer à le suivre. On peut dire que Philippe avait déjà pris cette résolution lorsqu’il entendit Jean-Baptiste, ou que la voix de Jésus fut assez puissante pour produire cet effet. — Théophile. Car la voix du Sauveur n’était pas un simple son qui frappe les oreilles, mais elle enflammait d’amour pour lui le cœur de ses disciples. D’ailleurs, Philippe avait la connaissance du Christ, et lisait assidûment les livres de Moïse, et y puisait l’espérance de son prochain avènement, il crut donc en lui aussitôt qu’il le vit. Peut-être encore fut-il instruit par André et par Pierre, qui étaient du même pays, et l’Evangéliste semble l’indiquer par ces paroles : « Or, Philippe était de Bethsaïde, de la même ville qu’André et Pierre, » etc. — S. Chrys. (hom. 20.) Notre-Seigneur Jésus-Christ fait encore éclater sa puissance en choisissant les plus illustres de ses disciples dans une terre qui n’avait porté jusqu’alors aucun fruit (car aucun prophète n’était sorti de la Galilée). — Alcuin. Bethsaïde, signifie aussi maison des chasseurs, et par le nom de cette ville, l’Evangéliste veut nous montrer ce qu’étaient déjà intérieurement Philippe, Pierre et André, et comment ils rempliraient un jour la mission qui leur serait donnée en se livrant tout entiers à la chasse spirituelle des âmes pour leur donner la vie.

S. Chrys. (hom. 20.) Non-seulement Philippe fut docile aux paroles du Christ, mais il veut l’annoncer lui-même aux autres : « Philippe trouva Nathanaël, et lui dit : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, » etc. Voyez quelles étaient les saintes préoccupations ds son esprit, comme il méditait continuellement les livres de Moïse, et vivait dans l’attente de l’avènement du Christ. Il savait bien sans doute que le Christ devait venir, mais il ignorait jusque-là que Jésus fût le Christ. Il dit donc à Nathanaël : « Celui de qui Moïse a écrit et que les prophètes ont annoncé ; » il donne ainsi un nouveau poids à ses paroles, en montrant que l’étude de la loi et des prophètes lui était chère, et qu’il approfondissait tout en vérité, au témoignage de Jésus-Christ lui-même. Ne soyez pas surpris qu’il appelle Jésus fils de Joseph, il passait alors pour le fils de Joseph. — S. Augustin. (Traité précéd.) C’est-à-dire, que sa mère était l’épouse de Joseph, car tous les chrétiens ont appris de l’Evangile, que Jésus a été conçu et qu’il est né d’une Vierge. Il ajoute le nom de son pays : « De Nazareth. » — Théophile. Ce n’était pas le lieu de sa naissance, mais celui où il avait été élevé. Sa naissance était inconnue d’un grand nombre, mais on savait qu’il avait été élevé à Nazareth : « Nathanaël lui dit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » — S. Augustin. (Traité préced.) La réponse de Philippe se prête également à ces deux significations : ou bien la proposition de Nathanaël est affirmative : « Il peut venir quelque chose de bon de Nazareth, » et Philippe ajoute : « Venez et voyez, » ou bien elle est dubitative et sous forme d’interrogation : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » et Philippe lui répond : « Venez et voyez. » Quelle que soit du reste celle des deux significations qu’on adopte, elle s’harmonise parfaitement avec ce qui suit. Examinons donc quel est le sens de ces paroles. Nathanaël, qui était très-instruit dans la loi, ayant entendu dire à Philippe : « Nous avons trouvé Jésus de Nazareth ; » ce dernier mot réveilla son espérance, et il dit : « Il peut venir quelque chose de bon de Nazareth. » Car il avait approfondi les Ecritures, et il savait (ce que les scribes et les pharisiens ignoraient), que c’était de Nazareth qu’on devait attendre le Sauveur. — Alcuin. C’est lui qui est le saint par excellence, l’innocence, celui qui est sans tache et dont le prophète a dit : « Un rejeton sortira de la tige de Jessé, et du Nazaréen (une fleur) s’élèvera de sa racine. » (Is 11) On peut encore entendre ces paroles dans un sens dubitatif et sous forme d’interrogation. — S. Chrys. (hom. précéd.) Nathanaël savait, d’après les Ecritures, que Jésus devait sortir de Bethléem. Selon l’oracle du prophète Michée : « Et toi Bethléem, terre de Juda, c’est de toi que sortira le chef qui doit conduire mon peuple d’Israël. » (Mi 5) Lors donc qu’il entend dire à Philippe : « Jésus de Nazareth, » il a un moment d’hésitation, et trouve que cette indication n’est pas en rapport avec la prédication du prophète. Or, les prophètes donnent au Christ le nom de Nazaréen, parce que c’est à Nazareth qu’il fat élevé et qu’il passa la plus grande partie de sa vie. Remarquez encore la prudence et la douceur de Nathanaël dans la question qu’il adresse à Philippe, il ne lui dit pas : Vous m’induisez en erreur, mais il lui fait cette simple question : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Philippe, de son côté, n’est pas moins prudent, il n’est pas déconcerté par la question de Nathanaël, mais il insiste et veut absolument amener un nouveau disciple à Jésus-Christ : « Philippe lui dit : Venez et voyez. » Il l’entraîne jusqu’à Jésus-Christ, bien convaincu qu’il ne lui résistera point dès qu’il aura goûté la vérité de ses paroles et de sa doctrine.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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