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Jn  19  16-18

La glose. Sur l’ordre qui leur fut donné par le gouverneur, les soldats se saisirent de Jésus pour le crucifier : « Ils prirent donc Jésus et remmenèrent. » — S. Augustin. (Traité 110 sur S. Jean.) On peut entendre ici que ce furent les soldais qui faisaient partie de la garde du gouverneur, car plus bas l’Evangéliste s’exprime sans ambiguïté : « Lorsque les soldats l’eurent crucifié. » Mais quand il attribuerait exclusivement aux Juifs l’exécution tout entière du crime, ce ne serait que justice, car ils sont véritablement les auteurs de la condamnation qu’ils ont arrachée à Pilate.

S. Chrys. (Hom. 83 sur S. Jean.) Mais comme aux yeux des Juifs le bois de la croix était un bois souillé qu’ils évitaient avec soin et qu’ils n’auraient jamais consenti à toucher, ils en chargèrent Jésus lui-même comme un criminel condamné à mort : « Et portant sa croix, » etc. C’est ce qui déjà avait eu lieu dans celui qui était la figure du Sauveur, Isaac, qui avait porté lui-même le bois de son sacrifice : mais alors le sacrifice figuratif ne s’accomplit que dans la volonté du père, tandis qu’il dut s’accomplir ici en réalité, parce que c’était la vérité. — Théophile. De même qu’Isaac fut délivré et qu’un bélier fut immolé en sa place, de même la nature divine demeure ici impassible, et il n’y a eu d’immolé que l’humanité, qui fait comparer le Sauveur à un bélier, comme étant le fils d’Adam, semblable à un bélier qui s’est égaré. Mais comment expliquer ce que dit un autre évangéliste, qu’ils forcèrent Simon de porter la croix ? — S. Augustin. (De l’accord des Evang., 3, 10.) Les deux choses se sont faites successivement, d’abord ce que dit saint Jean, et ensuite ce que rapportent les trois autres évangélistes ; il faut donc admettre qu’il portait lui-même sa croix au moment où il se dirigeait vers le lieu du Calvaire.

S. Augustin. (Trait. 117 sur S. Jean.) Quel grand spectacle ! Mais aux yeux de l’impiété, quel immense sujet de moquerie ! aux yeux de la piété, quel grand et touchant mystère ! L’impiété tourne en dérision ce Roi qu’elle voit, au lieu de sceptre, porter le bois de son supplice ; la piété contemple ce Roi qui porte cette croix où il devait se clouer lui-même avant de la placer sur le front des rois. Cette croix le rendra un objet de mépris pour les impies, mais les cœurs des saints y placeront toute leur gloire. Il relève donc, la croix en la portant sur ses épaules, et il portait ainsi le chandelier de cette lampe qui devait répandre sa lumière et ne point demeurer sous le boisseau. — S. Chrys. Semblable aux triomphateurs, il portait sur ses épaules le signe de sa victoire.

Il en est qui prétendent qu’Adam est mort et enseveli dans cet endroit qui est appelé Calvaire, et que Jésus avait voulu établir le trophée de sa victoire là où la mort avait inauguré son règne. — S. Jérôme. (Sur S. Matth.) Cette opinion flatte agréablement l’esprit du peuple, mais elle est dénuée de vérité. Car, c’est hors de la ville et au delà des portes que l’on tranchait la tête à ceux que l’on condamnait à mort, d’où ce lieu a pris le nom de Calvaire (ou lieu de ceux qui sont décapités). Quant à Adam, nous lisons dans le livre de Josué, fils de Navé, qu’il a été enseveli entre Ebron et Arbée.

S. Chrys. Or, ils le crucifièrent avec des voleurs, dit l’Evangéliste : « Ils le crucifièrent, et avec lui deux antres, un de chaque côté, et Jésus au milieu, » accomplissant ainsi malgré eux la prophétie d’Isaïe : « Il a été mis au nombre des scélérats ; » (Is 53) et c’est que ce qu’ils faisaient pour l’outrager servait au triomphe de la vérité. Le démon voulait obscurcir l’éclat de cette mort, mais il ne put y parvenir. Il y avait trois crucifiés, mais personne n’attribua à un autre qu’à Jésus les miracles qui se firent. Tous les efforts du démon furent donc inutiles ; et, loin d’obscurcir sa gloire, il la fit briller d’un plus vif éclat, car le miracle que fit Jésus en convertissant un des voleurs et en lui ouvrant les portes du ciel est bien plus grand que celui d’ébranler et de fendre les rochers.

S. Augustin. (Trait. 31 sur S. Jean, vers la fin.) Cependant, si vous voulez y faire attention, la croix de Jésus fut un tribunal ; le juge était placé au milieu de deux criminels : l’un des deux crut et fut sauvé ; l’autre insulta son juge et fut condamné. Il commençait à faire dès lors ce qu’il doit accomplir un jour à l’égard des vivants et des morts, en plaçant les uns à sa droite et les autres à sa gauche.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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