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Jn  18  19-21

S. Chrys. (hom. 83 sur S. Jean.) Comme les ennemis de Jésus ne pouvaient produire aucun chef d’accusation contre lui, ils l’interrogent sur ses disciples : « Le grand-prêtre interrogea donc Jésus touchant ses disciples. » Il lui demanda sans doute où ils étaient, dans quel but il les avait réunis ; et son dessein, en cela, était de l’accuser comme séditieux ou comme autour de nouveautés, et n’ayant personne pour s’attacher à lui, à l’exception de ses seuls disciples. — Théophile. Il l’interroge encore « sur sa doctrine, » c’est-à-dire en quoi elle consistait, si elle était différente de la loi et opposée à la doctrine de Moïse, afin de trouver l’occasion de le perdre, comme l’antagoniste de Dieu — Alcuin. Ce n’est point, en effet, par le désir de connaître la vérité qu’il interroge le Sauveur, mais afin d’avoir un motif de l’accuser et de le livrer au gouverneur romain pour le faire condamner ; mais le Seigneur pesa tellement les termes de sa réponse, que, sans taire la vérité, il ne parut pas vouloir se défendre : « Jésus lui répondit, : J’ai parlé publiquement au monde, j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s’assemblent, » etc.

S. Augustin. (Traité 113 sur S. Jean. ) Ici se présente une question qu’il ne faut point passer sous silence. Notre-Seigneur ne parlait pas ouvertement à ses disciples, mais leur promettait que viendrait un jour où il leur parlerait sans aucun voile ; comment donc peut-il dire qu’il a parlé publiquement au monde ? D’ailleurs il parlait beaucoup plus clairement à ses disciples quand il s’éloignait avec eux de la foule, car c’est alors qu’il leur expliquait les paraboles qu’il proposait au peuple, sans lui en découvrir le sens. « J’ai parlé publiquement au monde, » ne signifie donc autre chose que : Beaucoup m’ont entendu. On peut dire encore qu’il ne leur parlait pas ouvertement, parce qu’ils ne le comprenaient pas. D’un autre côté, s’il enseignait ses disciples en particulier, ce n’était cependant pas en secret, car on ne parle pas en secret, lorsqu’on enseigne devant tant de témoins, surtout si l’intention de celui qui parle devant peu de personnes, soit qu’elles fassent connaître, à un plus grand nombre ce qu’il leur a enseigné. — Théophile. Notre-Seigneur se rappelle ici ces paroles du Prophète : « Je n’ai point parlé en secret, ni dans quelque coin obscur de la terre. » (Is 45, 19)

S. Chrys. Ou bien : Il a parlé dans le secret, il est vrai, mais non pas comme ils le pensaient, par crainte, et comme un homme qui cherche à exciter des troubles, mais parce que les vérités qu’il enseignait dépassaient l’intelligence d’un grand nombre. Or, pour rendre son témoignage encore plus digne de foi, il ajoute : « Pourquoi m’interrogez-vous ? Interrogez ceux qui ont entendu ce que je leur ai dit, ils savent ce que je leur ai enseigné. » C’est-à-dire, pourquoi me questionner sur mes disciples ? Interrogez mes ennemis, qui m’ont constamment tendu des embûches. Voilà le langage d’un homme plein de confiance dans la vérité de son enseignement, car une démonstration péremptoire (ou une preuve invincible) de la vérité, c’est d’invoquer en sa faveur le témoignage de ses ennemis. — S. Augustin. Les choses qu’ils avaient entendues sans les comprendre, ne pouvaient offrir aucun juste sujet d’accusation ; et, toutes les fois qu’ils étaient venus le questionner pour le tenter et trouver matière à l’accuser, il leur avait répondu de manière à déjouer toutes leurs ruses, et à frapper d’impuissance toutes leurs calomnies.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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