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Jn  15  1-3

S. Hil. (de la Trin., 9) Notre-Seigneur se lève et se hâte d’aller consommer le mystère de sa passion par l’amour qui le porte à exécuter les ordres de son Père. Cependant il veut expliquer auparavant le mystère de son incarnation, en vertu de laquelle nous lui sommes unis, comme les branches sont unies à la vigne : « Je suis la vraie vigne, » dit-il à ses disciples. — S. Augustin. (Traité 80 sur S. Jean.) Le Sauveur parle ici comme étant le chef de l’Eglise, dont nous sommes les membres, comme le médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. (1 Tm 5) En effet, les branches de la vigne sont de même nature que la tige. Mais lorsque Notre-Seigneur dit : « Je suis la vraie vigne, » a-t-il ajouté le mot vraie par opposition à la vigne, qu’il prend ici pour terme de comparaison ? Car on lui donne le nom de vigne dans un sens ligure et non au littéral, de même qu’on lui donne les noms d’agneau, de brebis et d’autres encore, où la réalité extérieure existe bien plutôt dans tas choses qui sont prises comme objets de comparaison. En disant : « Je suis la vraie vigne, » il a donc voulu se séparer de cette vigne, à laquelle Dieu dit, par son Prophète : « Comment vous êtes-vous changée en amertume, ô vigne étrangère ? » (Jr 2, 21). Et comment serait-elle la vraie vigne, elle qui, au lieu de fruits qu’on attendait, n’a produit que des épines ? (Is 5)

S. Hil. (de la Trin., 9) Mais le Sauveur a soin de distinguer la majesté divine de son Père de l’humble nature dont il s’est revêtu dans son incarnation, et il le représente comme étant le vigneron intelligent qui cultive cette vigne : « Et mon Père est le vigneron. » — S. Augustin. Nous cultivons Dieu, et Dieu nous cultive ; mais nous cultivons Dieu non pour le rendre meilleur, nous le cultivons en l’adorant et non en le labourant ; tandis que Dieu nous cultive pour nous rendre meilleurs que nous ne sommes ; c’est notre âme qui est l’objet de cette culture, et il ne cesse d’extirper tous les mauvais germes de notre cœur, de l’ouvrir par sa parole comme avec le soc de la charrue, d’y jeter la semence de ses commandements, et d’en attendre le fruit de la piété.

S. Chrys. Mais Jésus-Christ se suffit à lui-même, tandis que les disciples ont un grand besoin de la main du laboureur ; aussi ne dit-il rien de la vigne elle-même, il ne parle que des branches : « Toute branche qui ne porte point de fruit en moi, il la retranchera. » Ce fruit c’est la vie de la grâce, et Notre-Seigneur nous apprend ainsi que sans les oeuvres, nous ne pouvons lui être unis. — S. Hil. (de la Trin., 9) Quant aux branches inutiles et infructueuses, il les coupera et les jettera au feu. — S. Chrys. Ceux mêmes qui sont arrivés à une haute vertu ont besoin de l’opération de ce céleste vigneron, et c’est pour cela qu’il ajoute : « Et la branche qui porte du fruit il l’émondera, afin qu’elle en porte davantage. » Il veut parler ici des tribulations qui les attendaient, et Il leur enseigne que les épreuves les rendront plus forts et plus vigoureux, de même qu’on rend la branche de la vigne plus féconde en la taillant et en l’émondant.

S. Augustin. Mais qui peut se glorifier d’être si pur dans cette vie, qu’il n’ait point besoin d’être purifié encore davantage, puisque si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes ? (1 Jn 1, 1) Dieu purifie donc ceux qui sont déjà purs, afin que cette pureté plus grande, soit aussi la cause d’une plus grande fécondité. Or, Notre-Seigneur Jésus-Christ est la vigne, sous le même rapport qui lui fait dire : « Mon Père est plus grand que moi. » (Jn 14) Mais lorsqu’il dit : « Mon Père et moi ne sommes qu’un, » (Jn 10) il est également le vigneron. Et il n’est point vigneron, comme ceux qui ne peuvent que donner leur travail extérieur, son opération va jusqu’à produire l’accroissement intérieur. Aussi se représente-t-il aussitôt comme, celui qui émonde aussi la vigne : « Déjà, leur dit-il, vous êtes purs, à cause des paroles que je vous ai dites. » Voilà donc qu’il émonde les branches, ce qui est l’office du vigneron et non de la vigne. Mais pourquoi ne dit-il pas : Vous êtes déjà purs, à cause, du baptême dans lequel vous avez été lavés ? Parce que, dans l’eau du baptême, c’est la parole qui purifie. Otez la parole, et l’eau n’est plus que de l’eau ordinaire. La parole vient se joindre à l’eau, et forme de sacrement. Or, d’où peut venir à l’eau cette si grande vertu de purifier le cœur en touchant le corps, si ce n’est de la parole, et non pas de la parole simplement dite, mais de la parole qui est crue ? Il faut distinguer, en effet, dans la parole, le son qui passe de la vertu qui demeure. Cette parole de la foi a une telle puissance dans l’Eglise de Dieu, que par celui qui croit, qui offre, qui bénit, qui répand l’eau, elle purifie l’enfant, qui est encore incapable de croire — S. Chrys. Ou bien encore, tel est le sens de ces paroles : Vous êtes purs, à cause des paroles que je vous ai dites. C’est-à-dire, vous avez reçu la lumière de la doctrine, et vous êtes délivrés des erreurs judaïques.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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