Accueil > Bibliothèque > La Chaîne d’or > Évangile selon saint Jean > chapitre 11, versets 28-32
S. Chrys. (hom. 63.) Les paroles de Jésus-Christ eurent la puissance de mettre fin à la douleur de Marthe, car la pieuse affection qu’elle avait pour le divin Maître ne lui permettait pas de se livrer à l’affliction que lui causait la mort de son frère : « Lorsqu’elle eut parlé ainsi, elle s’en alla et appela à voix basse Marie, sa sœur. » — S. Augustin. (Traité 49.) L’Evangéliste dit qu’elle l’appela en silence, c’est-à-dire, à voix basse, car comment dire qu’elle a fait tout en silence, puisqu’elle lui dit : « Le Maître est là, il vous appelle ? » — S. Chrys. (hom. 63.) Elle appelle sa sœur en secret, car si les Juifs eussent appris l’arrivée de Jésus, ils se seraient retirés et n’eussent pas été témoins du miracle.
S. Augustin. Il est à remarquer que l’Evangéliste ne dit ni le lieu, ni le moment où le Seigneur appela Marie, ni de quelle manière ; pour abréger son récit, il ne nous fait connaître cette circonstance que par les paroles de Marthe. — Théophile. Peut-être aussi Marthe regarda-t-elle la présence seule de Jésus-Christ comme un appel, et semble-t-elle dire à sa sœur : Vous seriez inexcusable si, le Seigneur étant là, vous n’alliez pas à sa rencontre.
S. Chrys. (hom. 63.) Un cercle d’amis entouraient Marie, plongée dans la douleur et dans les larmes. Cependant elle n’attend pas que le Maître vienne la trouver, elle n’est retenue ni par les bienséances de sa condition, ni par son profond chagrin, elle se lève aussitôt pour aller à sa rencontre : « Ce que celle-ci ayant entendu, elle se leva aussitôt et vint à lui. » — S. Augustin. Nous voyons par-là que Marthe n’eût pas eu besoin de prévenir sa sœur, si Marie eût connu l’arrivée de Jésus.
« Car Jésus n’était pas encore entré dans le bourg. » — S. Chrys. Notre-Seigneur approchait lentement, il ne voulait point paraître se jeter au-devant du miracle, mais il attendait qu’on vînt l’en prier, c’est ce que l’Evangéliste semble vouloir indiquer en termes couverts, lorsqu’il dit que Marie se leva aussitôt, ou bien il veut nous apprendre qu’elle vint à sa rencontre pour prévenir son arrivée. Or elle vint, non pas seule, mais accompagnée de tous les Juifs qui étaient avec elle : « Cependant les Juifs, qui étaient dans la maison avec Marie, et la consolaient, la suivirent, » etc. — S. Augustin. L’Evangéliste a pris soin de mentionner cette circonstance, pour nous apprendre la raison pour laquelle il y avait tant de monde, lorsque Lazare fut ressuscité ; c’était pour qu’un plus grand nombre fussent témoins d’un aussi grand miracle que la résurrection d’un mort de quatre jours.
« Lorsque Marie fut arrivée au lieu où était Jésus, le voyant, elle se jeta à ses pieds. » — S. Chrys. (hom. 63.) Marie était plus ardente que sa sœur, elle n’est arrêtée ni par la multitude, ni par les préjugés que les Juifs avaient contre Jésus-Christ, ni par la présence de plusieurs de ses ennemis personnels, la vue du Sauveur lui fait mépriser toutes les considérations humaines, et elle n’est préoccupée que d’une seule pensée, l’honneur de sou divin Maître. — Théophile. Cependant elle ne parait pas avoir de lui une idée encore assez relevée, en lui disant : « Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne fût pas mort. » — Alcuin. Tant que vous êtes demeuré avec nous, aucune maladie, aucune infirmité n’ont osé apparaître chez celles qui avaient pour hôte et pour habitant la vie elle-même. — S. Augustin. (serm. 52 sur les paroles du Seigneur.) Quel pacte déloyal ! Lazare, votre ami, meurt pendant que vous êtes encore sur cette terre, et si vous laissez mourir votre ami de la sorte, à quoi doit s’attendre votre ennemi ? C’est peu que les cieux ne vous obéissent point, voici que les enfers vous ont enlevé celui que vous aimez. — Bède. Marie parle moins à Jésus que n’avait fait sa sœur, car par un effet ordinaire de la douleur et des larmes, elle ne put épancher les sentiments dont son cœur était plein.
Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.