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TREIZIÈME CONSIDÉRATION

Vanité du monde

« Que sert à l’homme de gagner le monde entier s’il perd son âme ? »
(Matthieu 6, 26)

Premier point

Un philosophe de l’antiquité, nommé Aristippe, faisant un voyage sur mer, le vaisseau vint à périr et lui-même perdit toutes ses richesses. Mais il parvint au rivage et, grâce à la réputation de science dont il jouissait parmi les habitants du pays, il fut amplement dédommagé de tout ce qu’il avait perdu. Alors écrivant son aventure aux amis qu’il avait laissés dans sa patrie, il les engagea à se pourvoir seulement des richesses que la tempête ne peut engloutir (D. Erasme, Apophtegmata, lib. 3, n. 61, Lyon, 1556, p. 199). Nous aussi, entendons nos proches et nos amis qui, du sein de l’éternité où ils sont parvenus, nous avertissent de ne nous appliquer en ce monde qu’à l’acquisition des seuls biens, sur lesquels la mort ne peut mettre la main. L’Écriture sainte appelle le jour de la mort un jour de perdition. « Il est proche, dit Dieu, le jour de la perdition » (Deutéronome 32, 35). Et de ce fait, en ce jour-là tous les biens de la terre, honneurs, richesses, plaisirs, tous nous sont enlevés. Aussi, saint Ambroise estime-t-il que nous ne pouvons pas les emporter avec nous, et que nos vertus seules nous suivent au delà du tombeau (S. Ambroise, Traité sur l’Évangile de S. Luc, liv. 7, n. 122, PL 15, 1730 : « Nous n’avons pas à nous ce que nous ne pouvons emporter avec nous. Seule la vertu accompagne les défunts… » (SC 52, trad. G. Tissot, p. 51).

A quoi nous sert-il, dit Jésus Christ, de gagner le monde entier, si, à la mort nous perdons notre âme et qu’ainsi nous perdions tout ? Combien de jeunes gens ont pris la route du cloître, combien d’anachorètes ont vécu dans les déserts, combien de martyrs ont donné leur vie pour Jésus Christ, pénétrés qu’ils étaient de cette grande maxime : « Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? » (Matthieu 16, 26). Avec cette maxime saint Ignace de Loyola fit à Dieu de nombreuses conquêtes et entre autre l’insigne conquête de saint François Xavier (O. Torsellini, Vita del B. Francesco Saverio, lib. 1, c. 2, Milan, 1606, p. 6-7. D. Bartoli, Vita di S. Ignazio, lib. 2, n. 2, Venise, 1735, p. 97). Celui-ci ne rêvait que grandeurs mondaines, quand un jour Ignace lui dit : « François, pensez-y bien, le monde est un maître qui promet et qui ne tient pas parole. Et quand même il tiendrait ses promesses à votre égard, jamais il ne pourra contenter votre coeur. Mais supposons qu’il le contente, combien de temps durera votre bonheur ? En tout cas, pourra-t-il durer plus que votre vie ; et à la mort qu’emporterez-vous dans l’éternité ? A-t-on jamais vu un riche emporter avec lui une pièce de monnaie ou se faire suivre d’un de ses serviteurs ? Quel roi a pu seulement conserver un fils de sa pourpre, afin d’être encore honoré dans l’autre vie ? » -- Frappé de ces paroles, François quitta le monde, suivit saint Ignace et devint, lui aussi, un grand saint. « Vanités des vanités ! » Voilà ce qu’étaient aux yeux de Salomon tous les biens de la terre ; et pourtant il ne s’était refusé aucun des plaisirs que le monde peut procurer, comme il le confesse lui-même : « De tout ce qu’ont désiré mes yeux, je ne leur ai rien refusé » (Ecclésiaste 2, 10). A quoi servent les royaumes au moment de la mort ? Disait la soeur Marguerite de sainte Anne, carmélite déchaussée, fille de l’empereur Rodolphe (François de la Croix, Disinganni per vivere e morire bene, t. 1, Naples, 1687, p. 167). Chose étonnante ! Les saints tremblent en pensant à la grande question de leur salut éternel. Le Père Paul Segneri tremblait et se tournant avec épouvante vers son confesseur, il s’écriait : « Dites-moi, mon père, serai-je sauvé ? » (G. Massei, Ragguaglio della vita del… P. Paolo Segneri, n. 62, Florence, 1701, p. 94). -- Saint André Avellin tremblait et il disait en versant un torrent de larmes : « Qui sait si je me sauverai ! » (G. B. Bagatta, Vita del B. Andrea Avellino, Naples, 1696, p. 189) – Saint Louis Bertrand était tellement tourmenté de cette pensée qu’il passait ses nuits à trembler et à s’agiter dans son lit « Qui sait, se disait-il, si je ne serai pas damné ! » (Bollandistes, Acta Sanctorum, t. 53 (10 octobre), Paris, 1868, p. 376). – Et les pécheurs, qui vivent en état de damnation, dorment, se divertissent et rient.

Affections et prières

Ah ! Mon Jésus, mon Rédempteur, soyez béni de me faire comprendre combien j’ai été insensé et coupable en vous abandonnant, vous qui avez donné pour moi votre sang et votre vie. Hélas ! S’il me fallait mourir maintenant, que trouverais-je en moi, sinon des péchés et des remords de conscience ; et dès lors avec quelle frayeur ne verrais-je pas venir la fin de ma vie ? Mon Sauveur, je le confesse, j’ai mal fait, je me suis égaré en vous quittant, vous, le Bien suprême, pour courir après les misérables plaisirs du monde ; je m’en repens de tout mon coeur. Par cette douleur, qui causa votre mort sur la croix, je vous supplie de m’accorder une si grande douleur de mes péchés que, durant tout le reste de ma vie, je ne cesse plus de pleurer mes torts envers vous. Mon Jésus ! Mon Jésus ! Pardonnez-moi ; car je promets de ne plus vous déplaire et de vous aimer toujours. Il est vrai, je ne mérite plus que vous m’aimiez ; car j’ai, par le passé, tant méprisé votre amour ! Mais vous avez dit que « vous aimez ceux qui vous aiment » (Proverbes 8, 17). Je vous aime ; aimez-moi donc aussi ! Je ne veux plus me voir dans votre disgrâce. Eh ! Que m’importe toute les grandeurs et les plaisirs du monde. J’y renonce, pourvu que vous m’aimiez. Mon Dieu, exaucez-moi pour l’amour de Jésus Christ. Exaucez Jésus Christ lui-même qui vous supplie de ne pas me bannir de votre coeur. Je me consacre entièrement à vous : je vous consacre ma vie, mes satisfactions, mes sens, mon âme, mon corps, ma volonté, ma liberté. Agréez mon offrande et ne me repoussez pas, comme je le mériterais pour avoir tant de fois repoussé votre amitié. « Non, ne me rejetez pas de devant votre face » (Psaume 50, 13).

Vierge très sainte, ô Marie, ma Mère, priez Jésus pour moi ; je mets toute ma confiance dans votre intercession.

Deuxième point

« Dans sa main est une balance trompeuse » dit le prophète (Osée 12, 7). Ce n’est pas dans la balance du monde, qui trompe, mais dans celle de Dieu qu’il faut peser les biens d’ici-bas. En vérité ces biens sont par trop misérables ! Outre qu’ils ne contentent pas notre coeur, ils passent si vite ! « Mes jours, disait Job, ont été plus rapides qu’un coureur ; ils ont passé comme des vaisseaux qui portent des fruits » (Job 9, 25). Oui, ils passent et ils s’enfuient les jours de notre vie ; et de tous les plaisirs de ce monde que nous reste-t-il à la fin ? Tous ont passé comme des vaisseaux. Or les vaisseaux passent sans même laisser trace de leur passage ! « Comme un navire qui fend l’eau agitée, dit la Sagesse, lorsqu’il est passé, on ne peut trouver sa trace » (Sagesse 5, 10). Demandons à tous ces heureux du monde, qui sont maintenant dans l’éternité, riches, savants, princes, empereurs, ce qui leur reste du faste, des délices, des grandeurs dont ils ont joui sur cette terre. Tous répondent : Rien ! Rien ! « Ah ! S’écrie saint Augustin, vous admirez les biens que possède ce grand du monde ; mais considérez donc aussi ce qu’en mourant il emporte avec lui, un cadavre infect, un misérable linceul qui vont pourrir ensemble » (S. Augustin, Sur le Psaume 48, sermon 2, n. 7, PL 36, 540 (Vivès, t. 12, p. 452). Ils meurent, les heureux du siècle ; à peine s’en entretient-on durant quelques jours et bientôt on en perd jusqu’au souvenir. « Leur mémoire périt avec le bruit qu’ils faisaient » (Psaume 9, 7). Et les malheureux, s’ils vont en enfer, que font-ils, que disent-ils ? Ils se lamentent et ils s’écrient : « De quoi nous a servi l’orgueil ? Et que nous a rapporté l’ostentation des richesses ? Toutes ces choses ont passé comme une ombre » (Sagesse 5, 8), et maintenant que nous en reste-t-il ? Hélas ! Des supplices, des regrets, un désespoir éternel.

« Les enfants du siècle sont plus prudents que les enfants de lumière » (Luc 16, 8). Oui, quelle prudence que celle des mondains dans les choses de la terre ! Quelles fatigues ils s’imposent pour parvenir à un poste, à la fortune ! Et pour conserver la santé du corps, que ne font-ils pas ! Avec quels soins ils choisissent les moyens les plus efficaces, les meilleurs médecins, les meilleurs remèdes, le meilleur climat ! Quant à leur âme, ils sont d’une insouciance complète. Et cependant, santé, emploi, fortune, il est certain que tout cela doit finir un jour, tandis que l’âme et l’éternité ne finiront jamais. « Voyez donc, dit saint Augustin, quelles peines les hommes se donnent pour des choses qu’ils ne peuvent aimer sans crime ! » (S. Augustin, La patience, ch. 3, n. 3, PL 40, 612 (BA, t. 2, trad. G. Combès, pp. 533-534). Ce vindicatif, ce voleur, cet impudique, que ne souffrent-ils pas pour parvenir à leur fin criminelle ? Et pour leur âme ils ne veulent se donner aucune peine ! O Dieu ! Il faudra bien qu’un jour à la lueur du flambeau funèbre, les mondains reconnaissent et avouent leur folie. Hélas ! Se dit-on alors, que n’ai-je renoncé à tout pour me sanctifier ! Le pape Léon XI disait sur son lit de mort : « Il vaudrait bien mieux, pour moi, n’avoir jamais été que le portier de mon couvent » (H. Engelgrave, Lux evangelica in omnes anni domicicas, emblema 44, § 3, p. 1, Cologne, 1677, p. 315. Il s’agit plutôt de Léon IX (+ 1054) qui fut élevé au monastère clunisien de St-Evre (cf. PL 143, 507). – Le pape Honorius III disait également à sa mort : « Que n’ai-je vécu dans la cuisine de mon couvent, occupé à laver la vaisselle ! » (H. Engelgrave, ibid., 315. C’est à Paul III, semble-t-il, qu’il faut attribuer cette parole). – Sur le point de mourir, Philippe II, roi d’Espagne, appela son fils (François de la Croix, Disinganni per vivere e morire bene, t. 1, Naples, 1687, p. 277), et, ouvrant son vêtement royal pour lui montrer sa poitrine rongée par les vers : Prince, lui dit-il, voyez comment on meurt et comment finissent les grandeurs de la terre. Ah ! S’écria-t-il ensuite, que n’ai-je été simple frère convers plutôt que monarque ! Puis, il se fit passer une corde au cou avec une simple croix de bois, et, ayant tout disposé pour sa mort, il ajouta : j’ai voulu, mon fils, que vous fussiez ici en ce moment, pour vous montrer comment le monde traite enfin les rois eux-mêmes. Leur mort ne diffère pas de celle de leur propres sujets. Après tout, celui qui a le mieux vécu obtiendra la meilleure place auprès de Dieu. – Et ce jeune prince lui-même, devenu Philippe III et mourant à l’âge de quarante-trois ans, s’écriait (François de la Croix, ibid., p. 280) : Ah ! Mes sujets, ne faites mon oraison funèbre, que pour retracer le spectacle que vous avez sous les yeux. Dites qu’au moment de la mort la dignité des rois ne sert qu’a les tourmenter davantage. Hélas ! Ajouta-t-il, au lieu de servir Dieu ! Maintenant je m’en irais avec plus de confiance devant mon Juge et je ne serais pas en si grand danger de damnation ! Mais à quoi servent les regrets, sinon à augmenter la peine et le désespoir de ceux qui, pendant leur vie, n’ont pas aimé Dieu ! De là cette réflexion de sainte Thérèse : « Ne faisons aucun cas de ce qui finit avec la vie. Vivre véritablement, c’est vivre de telle sorte qu’on ne craigne pas la mort » (S. Thérèse d’Avila, Le Chemin de la perfection, ch. 12, n. 2 : « Toute vie est courte, quelques-unes sont même extrêmement courtes. Savons-nous si la nôtre n’est pas si courte qu’elle s’achèvera à l’heure et au moment où nous déciderons de servir Dieu totalement ? Ce serait possible ; car enfin, nous n’avons pas à faire cas de tout ce qui passe, et lorsqu’on pense que chaque heure est la dernière, qui donc ne l’emploierait à travailler ? » (MA, p. 401). Si donc nous voulons savoir de quelle valeur sont les biens de la terre, considérons-les du lit de la mort et disons-nous : Ces honneurs, ces divertissements, ces richesses nous sont enlevés un jour. Il faut par conséquent travailler à nous sanctifier et à nous enrichir des seuls biens qui nous suivront dans l’éternité et qui nous rendront heureux pour toujours.

Affections et prières

Ah ! Mon bien-aimé Rédempteur, quelles souffrances et quelles ignominies n’avez-vous pas endurées par amour pour moi ! Et moi, j’ai tant aimé les plaisirs et les vanités du monde, que, par amour pour eux, j’en suis venu tant de fois à fouler aux pieds votre sainte grâce ! Mais si vous n’avez pas cessé de me chercher, alors même que je vous méprisais, comment pourrais-je craindre, ô mon Jésus, d’être repoussé de vous, maintenant que je vous cherche, que je vous aime de tout mon coeur et que je me repens bien plus de vous avoir offensé que s’il m’était arrivé n’importe quel autre malheur ? O Dieu de mon âme ! Je veux éviter désormais de vous causer même le plus léger déplaisir ! Faites-moi connaître ce qui vous déplaît, afin que je l’évite, dut-il m’en coûter tout l’or du monde. Faites-moi connaître ce que je dois faire pour vous plaire ; me voici prêt à tout exécuter. C’est bien sincèrement que je veux vous aimer. J’embrasse, Seigneur, toutes les souffrances et toutes les croix qui me viendront de votre main ; donnez-moi la résignation dont j’ai besoin. « Brûlez maintenant ; coupez maintenant. Oui, châtiez-moi dans cette vie afin que dans l’autre je puisse éternellement vous aimer » (La pensée est de S. Augustin, Cf. Sur le Psaume 33, sermon 2, n. 20, PL 36, 319)

O Marie, ma Mère, je me recommande à vous ; ne cessez jamais de prier Jésus pour moi.

Troisième point

« Le temps est court, dit l’apôtre, que ceux qui usent du monde, se conduisent, comme s’ils n’en usaient pas, car la figure du monde passe » (1 Corinthiens 7, 29.31). La figure, c’est-à-dire une pièce de théâtre, une représentation. Qu’est-ce en effet notre vie ici-bas, sinon un drame dont les parties se succèdent et qui ne tarde pas à finir ? « Il en est du monde, dit Cornelius a Lapide (Cornelius a Lapide, Sur la 1ère aux Corinthiens, 8, 31, t. 18, Paris, 1861, p. 316), comme d’une pièce de théâtre : une génération passe, une génération arrive. Le roi s’en va, sans emporter sa pourpre. Et vous ô villa, ô maison, dites-nous combien vous avez eu de maîtres. » Quand la pièce est jouée, celui qui a rempli le rôle de roi, n’est plus roi ; et celui qui était maître et seigneur, ne l’est plus. Cette villa, cette maison sont maintenant à vous ; mais vienne la mort et elles passeront en d’autres mains.

« Le mal de la dernière heure ôte le souvenir des plus grandes joies » (Ecclésiastique 11, 29). A l’heure funeste de la mort s’oublient et s’évanouissent les dignités, les titres, le faste du monde. Casimir, roi de Pologne, se trouvant un jour à table avec les grands de son royaume, meurt au moment où il approche la coupe de ses lèvres ; ainsi disparut-il de la scène (S. Léonard de Port-Maurice, Lezioni sopra la morte, 1ez. II, Opere, t. 1, Venise, 1868, p. 436). – Celse est élu empereur, mais sept jours après on l’assassine : là finit le rôle de Celse (C. Baronius, Annales Ecclesiastici, an. 264, n. 8, t. 3, Lucques, 1738, p. 147). – Ladislas, roi de Bohème, âgé de dix-huit ans, attendait la fille du roi de France pour l’épouser, et déjà on préparait des fêtes splendides, quand un matin il se sent mal et meurt ; on expédie aussitôt des courriers pour faire retourner la princesse dans son pays ; car pour Ladislas la pièce venait de finir. – C’est en considérant la vanité du monde que saint François de Borgia, comme nous l’avons vu plus haut, se fit saint (D. Bartoli, Della vita di S. Francesco Borgia, Rome, 1681, p. 23). Il avait sous les yeux l’impératrice Isabelle, moissonnée par la mort au milieu des grandeurs et dans la fleur de son âge ; et c’est alors qu’il résolut de se donner tout à Dieu : « Car, se disait-il, voilà donc où viennent aboutir les grandeurs de ce monde et même la dignité royale ! Ah ! Je veux désormais servir un maître sur lequel la mort n’ait pas pouvoir ».

Tâchons de vivre de telle sorte qu’au moment de la mort il ne soit pas dit comme à cet insensé de l’Évangile : « Insensé ! Cette nuit même on te redemandera ton âme ; et ce que tu as amassé, pour qui sera-t-il ? » (Luc 12, 20). Ainsi, remarque saint Luc, en est-il de celui « qui thésaurise pour lui-même et qui ne s’enrichit pas devant Dieu » (Luc 12, 21). Notre Seigneur ajoute donc : « Amassez-vous dans le ciel, des trésors que ne peuvent ronger ni la rouille ni les vers » (Matthieu 6, 20). Oui ; ayez à coeur de vous enrichir non pas des biens du monde, mais de Dieu lui-même, de vertus et de mérites, autant de biens qui vous suivront dans le ciel et dureront éternellement. A cette fin travaillons de toutes nos forces pour acquérir le grand trésor de l’amour divin. « Si un riche, dit saint Augustin, n’a pas la charité, que possède-t-il ? Et si un pauvre a la charité, que lui manque-t-il ? (S. Augustin (plutôt S. Césaire d’Arles selon Glorieux, n. 39), Sermon 112, n. 2, PL, 1968). En effet, un homme a beau posséder tous les trésors du monde, s’il ne possède pas Dieu, il est le plus pauvre des pauvres. Mais du moment qu’un pauvre possède Dieu, il possède tout. Or qui est-ce qui possède Dieu ? Celui qui l’aime. « Celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu et Dieu en lui » (1 Jean 4, 16).

Affections et prières

Non, ô mon Dieu, non je ne veux plus que le démon possède mon âme ; je veux que vous seul en soyez le maître et que vous seul fassiez la loi. De grand coeur je renonce à tout, pour acquérir votre grâce ; car je la préfère à toutes les couronnes et à tous les royaumes. A qui donc faut-il que soit mon coeur, sinon, à vous, ô Amabilité infinie, ô Bien infini, ô Beauté, Bonté, Amour infinis ! Autrefois je vous ai laissé pour courir après les créatures. Ah ! Quel glaive de douleur c’est et ce sera toujours pour mon coeur que de vous avoir offensé, vous, qui m’avez tant aimé. Mais maintenant qu’à force de grâces, vous êtes ô mon Dieu, redevenu le maître de mon âme, non, je ne saurais plus me voir privé de votre amour. Prenez donc, ô mon Amour, toute ma volonté et tout ce qui m’appartient ; puis, faites de moi tout ce qu’il vous plaît. Si par le passé j’ai manqué de résignation dans les adversités, je vous demande pardon. Je ne veux plus, ô mon bien-aimé Seigneur, me plaindre de vos dispositions à mon égard ; je sais que toutes sont saintes et qu’elles sont toutes pour mon bien. Que votre volonté s’accomplisse, ô mon Dieu ! Je vous promets d’y trouver toujours mon bonheur et de toujours vous en remercier. Faites que je vous aime et je ne vous demande pas autre chose. Eh ! Que me parle-t-on de richesses, d’honneurs, du monde ! Non, non, Dieu seul ! Je ne veux que Dieu.

O Marie, bienheureuse êtes-vous de n’avoir aimé ici-bas que Dieu ! Obtenez que je m’associe à vous du moins pour le reste de ma vie. Je me confie en vous.

Saint Alphonse de Liguori, Préparation à la mort, 1758. Texte numérisé par Jean-Marie W. (jesusmarie.com).

 

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