Accueil  >  Bibliothèque  >  Un entretien…  >  Tome 2 : L’humilité de Dieu  >  Transmettre la foi

 

7. Transmettre la foi

Daria Klanac : La foi a-t-elle toujours besoin de l’apologie ? N’a-t-elle pas pris naissance avant tout du témoignage ? Dieu s’est exprimé dans son Fils par pur amour. La foi ne devrait-elle pas être une manière de dire cet amour dans notre vie ?

Arnaud Dumouch : Je suis tout à fait d’accord avec cela. L’apologie ou l’apologétique, cela consiste à essayer de convaincre des gens qui ne croient pas en leur disant : « Regardez, cela se tient, Jésus s’est forcément fait homme parce que sinon le monde n’aurait pas de sens. » Cela consisterait par exemple à reprendre ce que je viens de dire sur la Trinité en disant que c’est forcément comme cela puisque c’est rationnel. On essaye d’imposer sa foi par un raisonnement. Je crois que cela n’a aucune efficacité, même si Dieu peut le faire puisqu’il est tout-puissant. La meilleure façon de défricher le terrain avant que Dieu ne donne la foi, c’est d’abaisser les montagnes qui empêchent d’avoir la foi, de relever les vallées pour que la foi puisse venir dans le cœur de l’homme. C’est ce que je pratique avec mes élèves qui suivent le cours de religion obligatoire en Belgique. Après avoir vu le panorama de sa cohérence et de sa beauté, tous ne croient pas, mais ceux qui ont un fond catholique se mettent à croire parce qu’ils la trouvent belle et d’autres qui n’ont pas la foi disent : « C’est un mythe, mais c’est un mythe cohérent. Ah si cela pouvait être vrai ! » En tout cas, je rencontre rarement des oppositions dures, du genre : « Cela ne sert à rien, c’est de la bêtise. » De toute façon, on les laisse libre de décider par eux-mêmes.

Je crois que notre foi est merveilleuse, elle nous donne le sens du salut et l’on ne peut la raconter que joyeusement. Les personnes prises par le monde qui ne croient pas, le Christ se chargera lui-même de leur présenter la foi à l’heure de leur mort. Pourquoi s’angoisser pour eux ? D’autant plus que Dieu est suffisamment intelligent pour que leur chemin, parfois d’athéisme, parfois d’incroyance, soit un chemin qui véritablement les sauvera un jour. Ce serait formidable si on pouvait donner un sens à la vie de nos jeunes en leur redonnant la foi qui, elle, supprime cette angoisse qui n’est rien d’autre que le feu de l’absence de Dieu. Dieu pourrait très bien envoyer à nouveau l’Esprit-Saint pour ces enfants d’Abraham, ces jeunes assoiffés qui sont nés de la génération de mai 68, ils retourneraient en masse à l’Église. Mais s’il ne le fait pas, c’est qu’au bout du bout cela va produire un salut encore plus grand que si ces jeunes-là n’avaient pas connu l’angoisse. Pour le saisir, il faudra bien comprendre ce que c’est que ce salut et pourquoi Dieu nous a mis sur Terre et pas directement dans le Paradis. Nous aurons certainement l’occasion de revenir sur ce sujet.

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle