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1. L’annonce du Messie

Daria Klanac : Au tournant de l’histoire, le Verbe s’est fait chair, il est venu habiter parmi nous. Tout au long de la marche tumultueuse du peuple de Dieu, les prophètes ont joué un rôle primordial : ils ont annoncé le Messie. Pourriez-vous m’énumérer les prophéties les plus marquantes de l’Ancien Testament qui se sont réalisées dans le Nouveau Testament, particulièrement concernant la venue de Jésus ?

Arnaud Dumouch : Tout l’Ancien Testament, sans exception, parle de Jésus de manière métaphorique (imagée ou prophétique), ceci à travers l’histoire de tel ou tel personnage qui l’annonce.

Prenons l’histoire de Josué qui conquiert la Terre promise. C’est une métaphore qui montre comment Jésus conquerra les âmes : dans des combats où le bien et le mal se mélangeront. Évidemment, la question ne porte certainement pas sur ces textes métaphoriques, elle porte sur les textes qui, au sens propre, annoncent la venue de Jésus.

Il y a des textes qui vraiment, au sens littéral, annoncent le Messie. Le fameux texte de Michée 5, 2 que les juifs connaissaient bien dit : « Et toi Bethléem Ephrata, tu n’es pas le plus petit parmi les clans d’Israël, car c’est de toi que naîtra le roi, celui qui gouvernera son peuple Israël. » Pour les juifs, ce texte-là visait explicitement le Messie attendu. Mais les exégètes modernes diront que cela visait la royauté qui était descendante de David. C’est là qu’on voit qu’il y a bien deux façons de lire la Bible : d’une part, selon la méthode historico-critique poussée qui, ne voyant pas au-delà du voile couvrant ses yeux, ne peut pas comprendre ; d’autre part, celle portée par la foi – et qui évidemment épistémologiquement paraît peu solide –, affective, fondée sur un amour de Dieu mais qui pénètre dans le mystère et découvre des choses extraordinaires.

Par rapport aux annonces du Messie, on peut donc dire qu’il y a deux sortes de texte, au sens littéral cette fois. Il y a ceux qui annoncent un Messie souffrant et ils sont nombreux. L’un de plus connus est évidemment Esaïe 53, 1-10 : « Comme un surgeon il a grandi devant lui (…) ; sans beauté ni éclat pour attirer nos regards, et sans apparence qui nous eût séduits ; objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance (…) Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié. Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir (…) S’il offre sa vie en sacrifice expiatoire, il verra une postérité, il prolongera ses jours, et par lui la volonté de Yahvé s’accomplira. »

Ce texte qui parle du Serviteur souffrant a un sens que les juifs de l’époque n’avaient pas appliqué au Messie. Peu de juifs comprenaient que le Messie souffrirait. Seul un petit groupe appelé les Anawims, les pauvres du Seigneur, avait saisi que ces textes annonçaient la venue d’un fameux Messie qui n’éteindrait pas la flamme, mais au contraire qu’il la ranimerait. À cause d’une lecture humaine, la plupart des juifs avaient été davantage sensibles aux textes qui annoncent un Messie de gloire qui fera paître son peuple avec un sceptre de fer, qui sera indestructible et qui ramènera les cadavres de ses ennemis. Les textes qui parlent du Messie douloureux se sont réalisés comme on le constate à la Croix, le Vendredi saint. Ceux qui parlent du Messie glorieux ne se sont pas réalisés visiblement pour nous qui sommes sur terre.

Les textes glorieux sont encore à réaliser à différents niveaux de sens, dont voici les trois principaux :

1. Les textes se réaliseront pour nous, individuellement, à l’heure de notre mort, puisque de nos yeux nous verrons Jésus revenir dans sa gloire accompagné des nuées du Ciel.

2. Chaque génération, quand elle a vingt ans ou trente ans et qu’elle domine le monde, se croit immortelle. Cent ans plus tard, toute cette génération a vu à quel point les valeurs de sa jeunesse étaient vaniteuses ; elle a vu le Christ revenir dans la gloire, puisque chaque individu, un par un, a connu la vieillesse, puis la mort.

3. Cette prophétie se réalisera glorieusement et visiblement pour les habitants de la terre à la fin du monde. Jésus reviendra selon les textes qui parlent de lui comme le Roi de gloire qui chevauche les nuées du Ciel.

Tous les textes d’Esaïe et de Jérémie sur le Jour du Seigneur, le jour de colère où sera manifestée la vengeance, se réaliseront par une vengeance beaucoup plus forte que s’il frappait simplement les ennemis. Une vengeance qui se manifestera par la victoire de son amour prêt à pardonner à tous ceux qui l’auront méprisé, s’ils veulent bien demander pardon. L’Écriture Sainte, Ancien et Nouveau Testament ensemble, donnent quelques détails sur la manière dont le Messie reviendra dans la gloire. Les juifs croient actuellement à tous les textes parlant du Messie, à condition qu’ils parlent de son retour dans la gloire. On peut donc dire que Dieu s’est gardé ce peuple intact jusqu’à la fin du monde, afin qu’il voie se réaliser dans l’histoire les prophéties qu’ils attendaient. Ainsi, aucune attente ne sera déçue.

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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