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5. Recherches bibliques

Daria Klanac : Les écrits de la Bible sont loin de n’être que de la littérature diversifiée. Ces récits ont une signification prophétique profonde pour les chrétiens. Des recherches historiques encourageantes confirment-elles parfois la véracité des événements et des personnages ?

Arnaud Dumouch : Je n’ai parlé que du Livre de la Genèse, le tout début. J’ai montré qu’il y avait cinq dogmes où l’Église s’était prononcée. Mais en réalité, la Bible est bien plus longue, bien plus étendue que cela. Après les douze premiers chapitres de la Genèse, qui utilisent largement un style mythique[12], il y a des récits venant sans doute du paléolithique, époque où des légendes humaines qui se racontent sont mises par écrit à un moment donné. Après, il y a de véritables récits historiques, écrits directement par ceux qui les ont vécus. Sans doute que la mise par écrit directe commence avec Moïse. La Bible dit que c’est Moïse qui a écrit les cinq livres du Pentateuque. En réalité, c’est impossible, puisque dans les livres du Pentateuque, la mort de Moïse est racontée. Il y a eu, visiblement, des tas de manuscrits divers qui ont été mis de côté, dont peut-être certains vraiment écrits par Moïse. La recherche est en train de se mettre en place sur ce point-là. Il y a un siècle, les résultats des recherches disaient que Joseph est une pure invention mythique de la Bible, sans aucune trace historique. Si on découvre que vraiment Aménophis, fils d’Apou, grand vizir du pharaon Aménophis III, précepteur du pharaon Aménophis IV, autrement dit Akhenaton, celui qui voulut instaurer en Égypte le monothéisme, (curieuse coïncidence), si on découvre que c’est Joseph, alors on se rendra compte que la Bible est aussi un livre historique.

D. Klanac : Mais l’Église, sur ce point-là, ne se prononce pas.

A. Dumouch : Encore une fois, cela concerne les historiens. Elle, elle s’occupe du Salut. Ce qui l’intéresse dans l’histoire de Joseph, c’est la réalité que Joseph annonce comme prophétie, à savoir Jésus. Il y a en effet une image de Jésus dans Joseph. Joseph fut vendu par ses frères comme esclave en Égypte. Jésus fut vendu par ses frères, puis mis sur la croix. De même, la manière dont ensuite Joseph se fait reconnaître par ses frères en imposant une épreuve à Benjamin[13], est une parabole qui annonce comment Jésus, à la fin du monde se fera reconnaître par le peuple juif. Sans doute qu’il y a là, en tout cas pour la Sainte Tradition (l’Église n’ira pas jusqu’à se prononcer), une allégorie de la manière dont, à la fin du monde, le Christ se réconciliera avec son propre peuple. Ce qui est sûr, et c’est notre foi, c’est qu’avant la fin du monde, le peuple juif reconnaîtra Jésus comme le Messie.

 

12. La foi de l’Église confirme que le style littéraire est de type mythique et insiste par contre pour confirmer la réalité de cinq choses : l’existence d’Adam et Ève, la création directe de leur âme, leur grâce originelle, leur péché d’orgueil et l’entrée de la mort pour eux par ce péché. [↩]

13. Gn 44,1-33. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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