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PREMIÈRE PARTIE : LA FIN DU MONDE
 
 
CHAPITRE 4

Cinquième jour, la marche vers l’apostasie

 

Marche vers l’apostasie.

 

Les prophéties concernant cet événement
Comment se réaliseront-elles ?
PREMIÈRE ÉTAPE :
Les péchés des chrétiens (à partir du XIème siècle)
Discréditer ce qui porte le nom de Dieu sur terre (à partir du XVIIIème s.)
DEUXIÈME ÉTAPE :
Les nouveaux évangiles (à partir du XVIIIème siècle)
L’humanisme sans Dieu (à partir de 1960 et pour le XXIème siècle)
TROISIÈME ÉTAPE :
La révélation de l’Adversaire
Le mystère de l’iniquité, l’origine de Satan

 

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Les prophéties concernant cet événement

(Chose certaine)

“Par suite de l’iniquité croissante, l’amour se refroidira chez le grand nombre. Mais celui qui aura tenu jusqu’au bout, celui ­là sera sauvé. Cette bonne Nouvelle du Royaume sera proclamée dans le monde entier, en témoignage à la face de toutes les nations. Et alors viendra la fin.[1]

Le monde entier rejettera la foi. C’est une prophétie souvent enseignée par les Évangiles, par Jésus lui-même, par les apôtres, dans des textes explicites et limpides. On peut être sûr qu’elle se réalisera. Voici, cités sans ordre, quelques textes convaincants:

“L’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s’attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques, séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience.”[2]

“Sache bien par ailleurs que dans les derniers temps surviendront des moments difficiles. Les hommes en effet seront égoïstes, cupides, vantards, orgueilleux, diffamateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, sans cœur, sans pitié, médisants, intempérants, intraitables, ennemis du bien, délateurs, effrontés, plus amis de la volupté que de Dieu, ayant les apparences de la piété mais reniant ce qui en est la force.”[3]

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Comment se réaliseront-elles?

(Chose probable)

Une civilisation, après être passée par une longue période de ferveur religieuse, ne peut rejeter Dieu en un instant (c’est ce qu’on appelle l’apostasie*). Origène[4] le montre: « Celui qui atteint un état de perfection de la charité ne va pas abandonner et tomber subitement; mais il est nécessaire qu’il descende peu à peu et graduelle­ment ». Lorsqu’il s’agit d’un individu, trois étapes sont en général discernables.

Négligence, oubli, puis rejet des commandements de Dieu.

1 - Négligence de la prière et de la fréquentation de Dieu, perte de l’amour (Agape).

2 - Oubli progressif du goût de Dieu, perte de la foi et de l’espérance.

3 - Rejet de ses commandements moraux devenus invivables car coupés de la charité qui leur donnait sens (perte de la culture chrétienne).

Il en est de même pour une nation. C’est ce que nous enseigne l’histoire de l’Occident chrétien depuis quelques siècles, depuis que l’apostasie est en marche. On appelle ce phénomène la sécularisation d’une société. On peut, de même, discerner dans son chemin trois étapes successives qui se sont préparées l’une l’autre.

La première est très ancienne puisqu’il s’agit de tous les péchés capables de refroidir la charité. Saint Jean* en parle par ces mots: « Eh bien! Maintenant l’esprit de l’Antéchrist est déjà dans le monde.[5] » Il s’agit de tous les péchés accumulés par les fils de l’Église. Leur accumulation finit par discréditer toute parole de Dieu. « Si les Fils de la lumière sont ainsi, c’est que la lumière doit être assez pitoyable. »

La seconde trouve alors prise dans le cœur des hommes éloignés de la charité. Il s’agit de l’apparition de toutes sortes de doctrines nouvelles capables de promettre un bonheur sans que Dieu intervienne. Ces doctrines peuvent être nombreu­ses, parfois mêmes stupides. Leur effet est de supprimer peu à peu les restes de la foi et de rendre irréversible, à cause de la compromission de certains (même minoritaires) de ses membres, le mépris pour l’organe qui porte cette foi, l’Église. Cette étape commence avec l’époque des lumière, au XVIIIe siècle. Les idéologies athées du XIXesiècle en marquent la suite. Elle est en acte de nos jours.

Alors peut intervenir la troisième étape, celle qui propose le projet d’un monde réellement humain et viable, conduisant à la paix civile et donnant les conditions matérielles, psychologiques et même spirituelles d’un bonheur sur la terre et pour l’éternité, mais sans le vrai Dieu, celui de Jésus-christ, de l’humilité et de l’amour jusqu’à la croix. Cette étape doit s’achever, si l’on suit la lettre des Écriture, par la révélation d’une nouvelle religion mondiale et universelle, celle du « mystère de l’iniquité ». Cette étape approche mais elle est loin d’être réalisée.

Cette description succincte et simplifiée semble laisser entendre qu’il existe un projet organisé par une secte ou un groupement humain sur plusieurs générations pour construire un monde sans Dieu. C’est ce que pensent de nombreux chrétiens face aux attaques anciennes et actuelles contre l’Église. Une telle vision relève de la fiction[6]. Parmi les hommes, bien peu sont capables d’une lucidité sur une si longue période de l’histoire future. Encore moins nombreux sont ceux qui ont une foi suffisamment profonde et une haine du projet d’amour de Dieu suffisamment lucide pour inventer pareil scénario. De fait, le seul être capable d’une telle profondeur dans le mal n’est pas un homme mais un ange d’après les mots de saint Paul: « Souvenez-vous que vous n’avez pas à lutter contre des êtres de chair mais contre les puissances des ténèbres.[7] » Le démon est certainement présent à travers cette histoire même si son rôle est invisible. Il suggère une idée à tel homme prêt à la recevoir; il tente tel groupe humain disposé à accueillir la tentation. La plupart du temps, il laisse agir le temps car l’ivraie semée pousse toute seule parmi le bon grain. Lui a un projet.

Il serait abusif et peu sain de vouloir dévoiler partout l’intervention du démon. Souvent, il se confond avec des lois psychologiques et sociologiques. L’essentiel est de connaître son projet ultime[8]. Il désire que l’humanité entière se révolte contre Dieu et maintienne sa révolte avec fermeté au moment de l’apparition glorieuse du Christ. Devant l’unanimité de la révolte, il espère que Dieu se repentira de son projet, reviendra sur sa volonté de ne donner la vision de son être qu’aux humbles. Mais le démon ne peut rien faire sans la permission de Dieu.

Regardons comment, historiquement, l’apostasie* s’est étendue sur l’Occident en trois phases successives.

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PREMIÈRE ÉTAPE
Les péchés des chrétiens
(à partir du XIe siècle)

(Chose certaine, déjà ralisée)

« Par suite de l’iniquité croissante, l’amour se refroidira chez le grand nombre[9]. »

La préparation lointaine de l’apostasie* commence donc avec les péchés des membres de l’Église. Elle est présente dès le début. Autant l’amour et l’humilité donnent envie aux non-croyants d’entendre le message qui rend le regard lumineux, autant le péché rend laid le visage du christianisme. Il faut croire que durant le temps des persécutions l’amour transparaissait davantage que l’égoïsme puisque l’Église ne cessa de croître. “Voyez comme ils s’aiment”, disaient les païens. L’Église est indestructible quand le lien qui fait tout son trésor est puissant. Il s’agit de la charité qui unit à Dieu et aux frères. Lorsque cette charité n’est plus vécue, (en général parce que les prêtres qui enseignent au peuple de Dieu sa volonté mettent autre chose qu’elle au centre de leur vie et de leur prédication), le danger est proche.

Curieusement, tant que l’Église est minoritaire et en croissance, les générations suivantes semblent ne pas trop lui tenir rigueur pour ses imperfections. Mais lorsqu’elle atteint la totalité du pouvoir politique, rien ne lui est passé par les générations suivantes. Sans doute mûrit-elle le jugement des peuples et, en les libérant, elle les rend capable de critique. Le clergé en particulier, à cause de quelques membres indignes, peut accumuler pour le futur une dette de mépris. Rappelons que si l’Église d’Orient fut détruite en quelques années et remplacée par l’islam*, c’est que les peuples crurent voir plus de simplicité et de sens de Dieu dans cette nouvelle religion. Mais la majorité du clergé servait-il d’abord Dieu ou d’abord l’Empire ?

Dans l’Église d’Occident

Les chrétiens se persuadent de leur perfection et s’enorgueillissent.
« Dame du Haut-Quartier croit prendre pour le Ciel place réservée. »
(Georges Rouault)

Dans l’Église d’Occident, le péché qui semble à l’origine de tout est du même ordre, celui d’une relativisation de la charité. Concrètement, cette décadence commence alors que l’Église entre dans une ère de gloire. A partir du XIIe siècle, elle règne en maître. Seule la communauté juive a été dispersée dans son sein pour lui rappeler qu’elle n’a pas le pouvoir jusqu’aux recoins de l’humanité. Insensiblement, les chrétiens de cette époque se persuadent de leur perfection et sainteté. Ils s’enorgueillissent et étalent leur puissance. Alors que la ferveur de la foi construit les cathédrales, en même temps, elle réduit les Juifs en esclavage[10]. C’est un signe mauvais. Il révèle un recoin sombre au cœur de la chrétienté.

On constate les plus violents effets extérieurs de cet orgueil trois siècles plus tard quand le clergé catholique perd une partie de sa puissance. Luther et la réforme produisent un schisme. Une partie des nations* chrétiennes le suivent. Alors certains membres des deux Églises sont pris pour un siècle de folie fanatique. Au cours des guerres de religions, qui sont des luttes farouches et sans pitié allant jusqu’au bûcher, ils tentent mutuellement d’imposer la Vraie Doctrine. Ce péché, commun aux réformés et aux catholiques reste jusqu’à aujourd’hui une dette qui, malgré les actes de repentir du pape Jean-Paul II, n’a pas fini d’être payée.

La racine de ce mal était donc bien antérieure à ces guerres. Elle était née de l’époque du succès, de la négligence pour l’amour de Dieu et du prochain. La foi sans la charité conduit au fanatisme. Que n’a-t-on pas imité saint François de Sales et sa douceur envers tous!

Toujours est-il que ces excès, obstinément maintenus par les chrétiens pendant ces siècles, pesèrent comme un joug sur l’Occident. Voltaire en a fait, par ses dénonciations cinglantes, souvent caricaturales (car oublieuses de toute la sainteté, des milliers d’âmes simples et dévouées au bien), une arme terrible contre l’Église jusqu’à la fin du monde. Jusqu’à aujourd’hui, les sectaires de l’antichristianisme n’ont que trois concepts pour décrire la totalité de son histoire : guerres de religion, inquisition, Galilée.

La faute de l’étouffement de la pensée

L’affaire Galilée est l’un des étendards les plus agités[11]. Il est vrai que l’un des plus grands péchés du personnel de l’Église de jadis fut la tyrannie sur les intelligences. Par peur de l’hérésie, on empêcha les hommes de penser. On soupçonna son frère dès que sa parole sembla un peu différente. Un tel carcan posé sur les intelligences se devait d’exploser. Tout excès finit par être rejeté et Voltaire fut reçu comme un libérateur. Dans la même période, d’autres penseurs se levèrent, ne trouvant plus dans leur Église rigidifiée par la peur, un lieu pour s’épanouir. On rêva d’une société plus libre où Dieu serait adoré sans contraintes, sans dogmes imposés mais comme un Père (Rousseau) et un grand horloger de l’univers (Voltaire encore). Pour qu’apparaissent de telles idées, c’est que déjà l’Évangile et sa liberté n’étaient plus beaucoup compris. Les idées des Lumières, somme toutes innocentes, auraient pu s’évaporer devant le vrai visage de Jésus.

L’oubli de l’amour au profit de la vertu

Malheureusement, l’Église fut atteinte par bien d’autres maladies, dura­bles et sans cesse réapparues. Il faut citer en particulier ici le pharisaïsme: « Si tu veux être sauvé, si tu veux communier à la messe et être sauvé, sois parfait ». On entendait par là une parfaite obéissance à Dieu et à son Église à travers un comportement vertueux. Tout cela semble très bon et même très chrétien. C’est pourtant une terrible erreur et d’autant plus dangereuse qu’elle ressemble à la vérité. En effet, la vertu morale et l’obéissance n’ont de raison que l’humilité et la charité. C’est une simple question d’ordre dans l’importance des vertus mais tout en est bouleversé. Innombrables sont les chrétiens parfaits qui doivent se purifier longuement au purgatoire après leur mort tant leur âme est malade. Le jansénisme ne reçut le coup qui devait définitivement le mettre à mort qu’en 1900, grâce à une toute jeune fille, qui chantait au Seigneur dans son Carmel de Lisieux[12]: « Moi si j’avais commis tous les crimes possibles, je garderais encore la même confiance, car je sais bien que tout cela n’est qu’une goutte d’eau dans un brasier ardent ». Le mal était malheureusement durable et profond au point que, jusqu’à aujourd’hui, l’Église est considérée non comme une Vierge au cœur d’enfant (ce qu’elle est réellement en raison de l’Esprit qui la rend sainte) mais comme une femme rigide et moralisatrice.

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PREMIÈRE ÉTAPE (suite)
Discréditer ce qui porte le nom de Dieu sur terre
(à partir du XVIIIe siècle)

Saint Paul exprime ce fait dans sa deuxième lettre aux Thessaloniciens[13]:

« Vous savez ce qui retient aujourd’hui l’apostasie* et l’Homme impie, de façon qu’il ne se révèle qu’à son moment. Dès maintenant oui, le mystère de l’impiété est à l’œuvre. Mais que seulement celui qui le retient soit d’abord écarté. Alors l’impie se révélera ».

De quoi parle saint Paul ? Quelle est cette réalité qui « retient l’apparition de l’apostasie et de l’Homme impie ? » C’est, répond saint Thomas D’Aquin[14], l’union et la soumission à l’Église Romaine, siège et centre de la foi catholique. Tant que la société demeurera fidèle et soumise à l’empire spirituel romain, transformation de l’ancien empire temporel romain, l’Antéchrist ne pourra point paraître. Telle est la barrière, tel est l’obstacle.

Précisons sa pensée. Elle vise deux choses: Au Ciel, saint Paul parle de Dieu Celui qui empêche la deuxième étape de l’apostasie, la prédication d’un nouvel Évangile capable de séduire le monde entier, est le Christ, Dieu fait homme. C’est lui qui retient là-haut les démons ou les laisse agir. Rien ne se fait sans sa permission[15]. Lorsque, selon l’Apocalypse 13, 7, un mauvais esprit est libéré de l’enfer pour un temps, le christ ne vise qu’une chose : la formation d’une génération à l’humilité, par là-même où elle pèche. Le démon, quant à lui, vise la perdition des hommes et ne se réjouit pas que Dieu sache transformer en bien son action criminelle.

Mais au plan terrestre, cette réalité qui « retient » n’est autre que toute communauté religieuse ou tout homme qui « qui porte le nom de Dieu »[16]. Mais, par dessus tout, à côté de cet obstacle, il y aussi un gardien, chargé de veiller, chargé de le maintenir ; et ce Gardien, c’est le Pape, Vicaire de Jésus-Christ. Tant que le Gardien sera reconnu, respecté, obéi, l’obstacle subsistera, la société demeurera fidèle à l’empire spirituel romain et à la fois catholique. Mais si ce Gardien, le Pape, vient à être méconnu, mis de côté, rejeté, l’obstacle disparaissant bientôt avec lui, l’Antéchrist sera libre de paraître[17].

Pour expliquer ce fait, il suffit d’être très concret et d’observer les réalités politiques. A chaque époque, les peuples ont une envie terrible de suivre le courant dominant de l’idéologie à la mode. Les adultes de 1550 avaient en majorité envie de tuer ou de convertir les hérétiques car le « démon » de l’air du temps, libéré de l’enfer, était le culte idolâtrique de la puissance d’une société unifiée autour d’une religion. Il s’agissait d’un démon de l’orgueil politique. Aujourd’hui, ce démon a été attaché en enfer et un autre l’a remplacé : le goût du plaisir, poussé jusqu’aux pires actes d’irresponsabilité. C’est un démon d’égoïsme.

Qui a pu, historiquement, mettre un certain frein aux conséquences de ces idéologies dominantes sinon une parole, toujours méprisée mais terriblement insécurisante pour les serviteurs du mal ? Au temps des guerres de religion, les papes furent souvent au-dessous de tout. Alors Dieu suscitait des saints qui dévoilaient aux violents l’état de leur âme (François de Sales, Pierre Canisius etc.). De nos jours, pourquoi la voix du vieux pape Jean-Paul II fut-elle haïe, surtout quand il parlait de la fidélité conjugale et de respect de l’enfant à naître ? N’avait-elle pas le pouvoir terrible de brûler les âmes à l’endroit exact du péché ? On peut dire que, dans les années-luxure, cet homme eut un grand pouvoir pour retenir certains excès de l’Homme impie. Mais il ne fut pas seul. Il y eut aussi l’Église orthodoxe, certains fidèles et pasteurs protestants de sensibilité spirituelle, les nations musulmanes et, partout, des hommes de bonne volonté.

Voix qui rappelle qu’il y aura un jugement.

Ainsi, au cours de l’histoire, toute voix qui rappelle qu’il y aura un jugement où chacun sera pesé selon la droiture du cœur, porte le nom de Dieu. Au sommet de tout, il convient de mettre l’Église en tant qu’elle est sainte, c’est-à-dire en tant qu’elle rappelle la primauté des deux commandements de l’amour (Dieu et le prochain) et leur fondement spirituel, l’humilité. Quand ses fidèles et ses autorités sont ce qu’ils doivent être, l’Église est le plus puissant des obstacles mondial à l’apparition de l’antichristianisme car c’est elle qui possède la plus profonde révélation sur la nature exacte du bien pour lequel l’âme humaine a été créée. Mais d’autres religions s’en approchent et constituent, dans leur partie lumineuse, un objet de la haine de Satan. L’islam réalise ce travail par la présence de fidèles qui gardent dans leur pratique l’ordre voulu par leur Prophète, à savoir 1- la prière soumise à Dieu, 2- la miséricorde envers le prochain et 3- l’humilité. Il en est de même, affirme le Concile Vatican II, pour toute tradition religieuse dans la mesure où ses membres cherchent dans les ombres et sous des images un Dieu qu’ils ignorent. « En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie.[18] »

Voilà ce que saint Paul entend quand il parle d’un obstacle qui retient le mystère de l’iniquité. Tant qu’il subsistera de manière visible dans le monde de la politique ou des médias une voix crédible capable de dénoncer au nom du vrai Dieu l’idéologie dominante du temps, rien de ce que rêve Satan ne pourra se faire de manière totale. C’est pourquoi, dans cette première étape de son travail de sape, Satan vise à discréditer toute parole qui porte le nom de Dieu et, par-dessus tout, celle de l’Église catholique. Voilà pourquoi, sans cesse, les péchés, les compromissions des chrétiens du passé sont rappelés, grossis par les ennemis de l’humilité et de l’amour. L’Église doit en ressortir défigurée, caricaturée sous cet unique point de vue. Le jour où elle ne pourra plus parler sans être grotesque, 80% du travail aura été fait. Mais, je le montrerai, 100% du travail sera accompli lorsque toute parole venant de Dieu aura été empêchée. En effet, même haïes publiquement et combattues, ces voix gardent un pouvoir puissant sur la conscience humaine. Les médias actuels ont beau déformer les paroles de Jean-Paul II, ce qui parvient de lumière aux braves gens suffit à jeter le doute. Le cœur de l’homme a été fait pour Dieu. Il porte la marque profonde de tout ce qui est humble et amour. C’est le visage du Christ et de son Évangile.

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DEUXIÈME ÉTAPE
Les nouveaux évangiles
(à partir du XVIIIe siècle)

Après la faute des guerres de religions, l’Évangile et ce qui le porte, le christianisme, furent en partie discrédités. Un vide fut alors ouvert dans les élites des nations occidentales, un vide portant sur le sens ultime de la vie, sur l’espoir d’un bonheur à venir. La nature humaine a horreur de ce genre de vide. Ainsi, une place put être comblée par une nouvelle espérance. C’est l’objet de cette deuxième étape. Nous verrons que Satan, qui est caché sous cette histoire, s’est joué du cœur de l’homme qu’il connaît bien. Il l’a fait en plusieurs générations, jusqu’à nos jours, et son travail n’est pas terminé. Historiquement, il a d’abord fait miroiter à l’humanité ce qu’il sait être sa plus profonde aspiration (après, bien sûr, sa soif du vrai Dieu d’amour et d’humilité) : la liberté. Ce fut l’époque des lumières et des quelques années-lumières de la Révolution française. Mais tout cela n’a duré que le temps d’un rêve. C’est pourquoi, dans un second temps, l’esprit mauvais a ballotté les générations humaines d’espoir en espoir à travers le culte successif des sept péchés capitaux (à partir de 1830).

Au XVIIIe siècle, les idées des Lumières

Lorsqu’elles apparurent, les idées des Lumières furent ressenties par les élites bourgeoises comme un nouvel Évangile, c’est-à-dire une bonne nouvelle annonçant un bonheur futur et possible. On y parle de l’homme et de sa dignité dont l’origine n’a pas de rapport avec le dogme. On y annonce la possibilité d’un monde équilibré et heureux, quoique séparé de l’obscurantisme ancien. Ces idées avaient été déjà largement inventées par les philosophes grecs de l’Antiquité. Elles ne trouvèrent aucune prise dans les hommes du Moyen-Age parce qu’ils trouvaient leur dignité et liberté dans le vrai Évangile d’amour. Après le siècle des guerres de religion, le message du Christ n’avait plus ce pouvoir. Voilà pourquoi l’influence des philosophes fut réelle. Leurs idées aboutirent à la fin du monde ancien.

La Révolution française fut leur première conséquence dans le monde concret. Elle fut la première tentative pour établir un monde sans christianisme. Elle ne fut pas une révolution athée ou dirigée directement contre Dieu (voir les étapes suivantes) mais plutôt contre l’Église et ses dogmes imposés. Ce qui était reproché à l’Église, c’était de prêcher un Dieu comme on prêche une prison, où les mots d’obéissance et de soumission devenaient obsessionnels. La Révolution voulut donner au peuple le Dieu unique, libéré du dogme liberticide, car découvert par les forces naturelles de la pensée. Robespierre tenta d’instaurer un culte de liberté à l’Être suprême. Le 20 Prairial an II, il prononça le discours suivant: “L’Être suprême a créé l’univers pour publier sa puissance. Il a créé les hommes pour s’aider et s’aimer mutuellement, et pour arriver au bonheur par la route de la vertu. L’auteur de la nature avait lié tous les mortels par une chaîne immense d’amour et de félicité. Périssent les tyrans qui ont osé la briser ». L’une de ses premières actions fut de supprimer les vœux de religion. Il prêcha bien un autre Évangile, déiste et ouvert au bien de l’homme. Le culte de Dieu à travers la nature fut l’idée d’un Robespierre convaincu de bien agir pour le bonheur du peuple.

Mais, dans un regard de sagesse chrétienne, on peut dire que cet homme fut aussi un instrument vite dépassé par Satan qui dirigeait patiemment et intelligemment la lutte contre l’Évangile de Jésus. Ainsi, celui qui avait supprimé la peine de mort fit-il faire voter, au nom de la liberté, les années-terreur.

A partir de la moitié du XIXe siècle, les sept idéologies athées

« L’ange me dit : Les sept têtes sont sept montagnes sur lesquelles la femme est assise : ce sont aussi sept rois (ou sept empires), dont cinq sont tombés ; l’un existe encore, et l’autre n’est pas encore venu ; et, quand il sera venu, il faut qu’il demeure peu.[19] »

Les sept idéologies athées.

Pour Satan, les hommes et les idéologies ne sont que des instruments et il n’hésite pas à susciter des systèmes contradictoires entre eux du moment qu’ils s’éloignent de plus en plus du christianisme humble et charitable. Tous les anti-christianismes lui servent, depuis le puritanisme qui en durcissant les chrétiens, rend laid le visage de l’Église, jusqu’au capitalisme libéral dont il ne fut même pas à l’origine, la convoitise des hommes d’affaire suffisant à l’expliquer. La Révolution française est une étape importante. « Peu importe l’échec de Robespierre, pensaient les jeunes générations qui naquirent après l’aventure napoléonienne. Il revient aux générations suivantes de réussir son idéal. »

Alors les élites intellectuelles se mirent à repenser le nouveau monde libéré de l’obscurantisme. Il fallait un but concret à l’humanité, apte à lui donner le bonheur. La première trouvaille fut la gloire militaire (épopée napoléonienne), puis juste après sa chute, la première d’une longue série d’idoles, l’argent.

L’humanité s’est alors donnée successivement, l’une après l’autre, aux plus stupides tentatives visant à établir le bonheur sur terre. Chaque génération, portée par ses élites les plus remuantes, s’est sacrifiée corps et âme à son idole dominante, allant jusqu’à persécuter toute personnes qui osait parler de ses excès. A partir de 1830, vont être adorés, jusqu’à la folie, six des sept péchés capitaux : l’argent (1830-1870), l’orgueil national (1870-1918), l’envie (1917-1989), la colère nationale (1918-1945), la gourmandise (1945-1968), la luxure (1968-)[20]. Il manque au moment où j’écris la paresse pour que la liste soit complète.

Nous allons montrer à quel point cette histoire fut horrible. Elle surclassa en nombre de victimes tout ce qu’on peut imaginer. C’est d’ailleurs vers cette époque (1830) que la Vierge Marie se mit à apparaître en un cycle qui semble ne pas être achevé. A Paris, rue du Bac[21], une petite religieuse qui devint par la suite sainte Catherine Labouré reçut la révélation pour les chrétiens d’une médaille. La Vierge promit de protéger celui qui la porterait avec foi. Sur son recto, une femme y était représentée, sur son verso, douze étoiles… Ce jour-là se réalisa matériellement une prophétie donnée au chapitre 12 de l’Apocalypse:

« Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme! le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête. Elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement. Puis un second signe apparut au ciel: un énorme Dragon rouge-feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d’un diadème ».

 

La médaille miraculeuse.

 

L’humanité et l’Église, symbolisées par la femme, entraient en effet dans une ère unique de folie, celle d’une série de « philosophies » toutes plus primaires les unes que les autres et qui allaient conduire les intellectuels déboussolés à tuer des centaines de millions de leurs frères. Je montrerai comment, malgré la splendide dignité des papes, à cause de la compromission d’une partie des chrétiens, l’Église en est sortie encore davantage discréditée.

Pour cela, rappelons en quelques traits cette triste énumération. Elle peut être décrite à travers trois dieux sanguinaires, trois Molochs, l’argent la gloire et les plaisirs.

1- Le premier Moloch fut l’argent et ses deux serviteurs, l’avarice et l’envie. Vers 1830, le monde occidental entrait dans la révolution industrielle. Aussitôt, il parut évident dans les délibérations des loges humanistes, plutôt composées d’hommes influents et d’entrepreneurs, que la richesse était le secret du bonheur. « Ne peut-on pas, avec de l’argent, supprimer toute misère matérielle sur terre ? » L’idée se répandit donc en Europe que la liberté de créer des industries, puisqu’elle enrichirait les capitalistes, finirait par enrichir le peuple. Il y a une certaine vérité dans cette conception. Mais là où tout devint fou, c’est que cette vérité devint l’unique dogme, la résumé de toute sagesse. On se donna corps et âme à elle, sans aucune limite, jusqu’à l’inimaginable. Le libéralisme pur était né. Il est aujourd’hui totalement mort en Occident. Il est modéré comme il se doit par des lois sociales. De fait, c’est l’avarice qui portait cette pensée. La logique des lois du marché que rien ne vient tempérer provoqua une misère incroyable dans le monde ouvrier transformé en horde d’esclaves. Malheureusement, beaucoup parmi les membres du clergé bénirent cette nouvelle philosophie. On la canonisa même en disant aux ouvriers: « Vous souffrez maintenant mais vous serez heureux dans l’au-delà ». Cette première compromission ne sera pas la dernière. A chaque fois, nous le verrons, sans doute par ce « qu’il convient de s’incarner dans son époque », certains pasteurs de terrain renonceront à être prophète. Leur erreur s’explique-t-elle par une peur de se mettre à dos les puissants de ce monde, donc d’être persécutés ? Pourtant, Jésus avait prévenu[22]: « Heureux êtes-vous, quand les hommes vous haïront, quand ils vous frapperont d’exclusion et qu’ils insulteront et proscriront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous ce jour-là et tressaillez d’allégresse, car voici que votre récompense sera grande dans le ciel. C’est de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous! C’est de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. » 

Karl Marx réagit violemment à cette injustice en proclamant la haine obligatoire du patron. Il fit de l’envie un devoir révolutionnaire, pour combattre et éliminer cette race d’exploiteurs. Il dénonça la religion comme complice, opium du peuple. Il prêcha la révolution violente et fit miroiter un futur paradis sur terre dans l’égalité des revenus. Après la seconde guerre mondiale, le marxisme devint une mode. Les intellectuels, la jeunesse estudiantine, beaucoup d’évêques adhérèrent. « Comment peut-il sortir du mal d’un projet généreux et combatif de justice sociale, d’égalité et de partage? ». Le plus grand cerveau qu’ait connu l’humanité s’appelait Staline, puis Mao.

Heureusement, à partir de cette époque, les papes sauveront tous l’honneur. Quelques voix individuelles commencèrent à sentir la monstruosité de ces deux pensées. Mais elles furent souvent dénoncées comme archaïques et Moyenâgeuses. L’exemple des divers papes qui se succédèrent à Rome est significatif. Dès 1880, le Pape Léon XIII proclama l’injustice du capitalisme pur et le danger mortel que représentait la réaction marxiste. Il accepta l’énergie du capitalisme, à condition qu’elle soit tempérée par deux contre-forces. Il demanda la création de syndicats ouvriers. Il demanda aux États de tempérer par des lois les abus du marché. Son encyclique « Rerum Novarum » enthousiasma une partie du clergé. Mais les milieux catholiques bourgeois parlèrent d’un Pape rouge. « Il n’est pas moderne. Il ne comprend rien à l’économie. Qu’il s’occupe de religion et non de politique ». A sa suite, l’un de ses successeurs, Pie XII, montra que, malgré son apparence généreuse, le communisme est « intrinsèquement pervers et criminel ». Une partie du clergé le traita de pape fascisant. Cette accusation est restée collée à sa mémoire.

On ne connaît pas le nombre des millions de morts qu’usa l’esclavage capitaliste (sans doute plus de cent millions). En ce début de XXIe siècle, on sait que le communisme fit cent millions de morts. On ne peut pas penser la somme des souffrances dont elles ont été la cause. Pourtant, chacune de ces deux pensées, fut présentée à leur époque comme ce que l’homme avait fait de plus beau et de plus moderne. Ceux qui affirmèrent cela du stalinisme, du Maoïsme sont encore vivants. Ils sont souvent âgés mais mourront sans lucidité: « Ce n’est pas le marxisme qui a tué. C’était une idée généreuse. Ce sont les dirigeant marxistes qui étaient mauvais ». Pour le tribunal de l’histoire, ces deux pensées apparaissent dans leur monstruosité. Elles n’ont rien de moderne. Elles sentent la mort comme les deux « péchés capitaux » qui les portèrent, avarice et envie.

Ces deux idéologies, fondées sur la divinisation de la richesse matérielle, furent le premier Moloch imaginé pour remplacer le sens religieux du monde. Le Ciel est intervenu pour annoncer les crimes marxistes. Le deuxième secret de Fatima*[23], révélé par la Vierge Marie au Portugal en 1917, annonce cette période et donne le sens profond de la guerre froide (1945-1989). La recette que propose la Vierge à l’humanité pour sauver le monde semble sans rapport avec l’énormité des crimes commis. Elle demande simplement une consécration…

« Pour empêcher cette guerre, je viendrais demander la consécration de la Russie à mon cœur immaculé et la communion expiatrice tous les premiers samedis du mois. Si ma demande est exaucée, la Russie se convertira et il y aura la paix. Sinon, elle diffusera dans le monde ses erreurs, provoquant des guerres et entraînant la persécution contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père souffrira beaucoup et plusieurs nations seront anéanties. A la fin, mon cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira et une période de paix sera accordée au monde. Le Portugal conservera toujours le dogme de la foi. »

b) Le deuxième Moloch est le culte de la patrie et ses deux serviteurs, orgueil et colère.

Le premier secret de Fatima*, révélés par la Vierge Marie au Portugal en 1917, annonce la seconde guerre mondiale. La Vierge dit aux enfants:

« Vous avez vu l’enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut instaurer dans le monde la dévotion à mon cœur Immaculé. Si elles font comme je vous dis, beaucoup d’âmes seront sauvées et la paix règnera. La guerre prendra fin[24]. Mais si l’on ne cesse pas d’offenser Dieu, une autre, bien pire, se déclenchera sous le règne de Pie XI. Lorsque vous verrez une nuit éclairée d’une lumière inconnue, sachez que c’est le signe suprême que Dieu vous donnera pour vous faire savoir qu’il va punir le monde pour les crimes qu’il a commis[25]. Cette punition sera la guerre, la faim et la persécution contre l’Église et le Saint-Père. »

Dès les années 1870, les loges humanistes changèrent d’orientation. On prit conscience que le peuple a besoin d’un idéal supérieur à l’argent, apte à rivaliser avec les religions pour le tenir dans la vertu. Ce nouveau dieu s’appellera Patrie. A cette époque, les livres des écoles catholiques comme des écoles libres exaltent l’amour du pays. En France, l’Allemagne est stigmatisée (perte de l’Alsace-Lorraine). En Allemagne, on chante déjà « Deutschland über Alles ». La première guerre mondiale éclate dans ce climat d’héroïsme. Peu de jeunes contestèrent le sens du devoir, du sacrifice de soi et de l’honneur que permet cette guerre. Ils partirent avec l’orgueil de la patrie sur le front. La boue des tranchées, les morts par millions briseront une première fois cet élan. En 1914, une seule voix discordante osa s’élever. Jean Jaurès n’acheva pas sa prophétie de mort. Il fut assassiné. En 1917, le pape Benoît XV se fit à son tour prophète, dès le début du conflit. Quand l’empereur François-Joseph lui demanda de bénir ses armées, il répondit : « Je bénis la paix ! » En août 1914, il se déclare « frappé d’horreur devant le spectacle de cette guerre où ruisselle le sang chrétien… Qui dirait que ces peuples descendent des mêmes ancêtres et font partie de la même société humaine ? Qui les imaginerait frères, fils d’un Père unique qui est aux cieux ? ». Tout au long du conflit, il parle de « l’horrible boucherie ». il répète, suscitant l’irritation de la majorité (donc aussi des catholiques) : « L’Europe se suicide…, l’Europe se déshonore… » Après son initiative de paix négociée du 1er août 1917 (aujourd’hui, les principes énoncés sont ceux de l’O.N.U.), il est violemment critiqué par les deux partis. Monseigneur Tissier, évêque de Châlons-sur-Marne, se fait porte-parole de la majorité : « Le triomphe coûtera encore bien du sang, mais chaque goutte qui tombe lave davantage la France, chaque flot qui coule la pousse vers Dieu ». A Cologne, le cardinal von Hartmann va dans le même sens : « Dieu a été, il est avec nos héroïques soldats… C’est avec Dieu qu’ils sont partis pour la guerre. » En chaire de Notre Dame de Paris, le père dominicain Sertilanges répondit: « Très Saint-Père, nous ne pouvons pas pour l’instant retenir vos paroles de paix. Nos ennemis sont demeurés puissants. Vos reproches les on fait renoncer aux principes anti-chrétiens qui les guidaient. Nous les vaincrons. » Il n’était pas moderne à cette époque d’affirmer que la patrie ne vaut pas le massacre d’une génération. C’est moderne de nos jours. Le pape Benoît XV mourut incompris. Il sauva l’honneur de l’Église. Il n’est pourtant toujours pas reconnu pour cela.

Avec la deuxième guerre mondiale, c’est la colère qui entraîna les peuples germaniques humiliés. Hitler vociféra vengeance. Comment était-on moderne en 1941? La Wehrmacht et son matériel flambant neuf, la jeunesse sportive de ses soldats représentaient la modernité.

Le culte divinisé des patries, ce faux Dieu, a réussi à faire 70 millions de morts en deux guerres mondiales. A cette époque de grande confusion, il fallait être doté d’un fort jugement pour discerner le bien du mal. Face au nazisme, l’attitude des fidèles chrétiens fut en majorité faite d’expectative méfiante et de résistance discrète mais efficace. On ne fit pas exploser des trains. On cacha des enfants juifs poursuivis. Le Magistère de Rome donna dès 1938 tout ce qu’il faut pour discerner. Pie XI publia la seule encyclique en langue allemande « mit brennender Sorge ». Rédigée par son successeur, le futur Pie XII, elle y dénonce le Nazisme, les persécutions des chrétiens résistants, leur déportation en camp de concentration. Ailleurs, l’antisémitisme est de nouveau condamné puisque tous les chrétiens sont « spirituellement des Juifs ». En même temps, il publia une autre encyclique contre le communisme. Ces deux idéologies y apparaissent comme ce qu’elles sont, deux monstres prêts à dévorer les hommes. L’attitude des clergés catholiques, protestants et orthodoxes fut en général faite de dignité et d’aide très concrète aux persécutés. Des milliers d’arbres des justes poussent dans le mémorial de Yad Vachem à Jérusalem. Golda Meir, Premier Ministre israélienne en 1948, remercia le pape : « De toutes les institutions européennes durant la seconde guerre mondiale, une seule sauva efficacement les Juifs : l’Église catholique ». La personne de Pie XII en particulier et le clergé catholique dans son ensemble fut remerciée. En France, les petites familles catholiques ou protestantes arrivèrent par leur action discrète à sauver 80% des enfants juifs. Pourtant, à l’époque où j’écris, la pensée dominante a réécris l’histoire en identifiant l’action des chrétiens à celle de l’État français de Vichy. L’Église, paraît-il, aurait livré en masse les Juifs aux Nazis: « …Que seulement celui qui le retient soit d’abord écarté. Alors l’impie se révélera »[26].

Le troisième moloch, la gourmandise.

c) Le troisième Moloch, les plaisirs et ses trois serviteurs, gourmandise, luxure et paresse. Après la seconde guerre mondiale, le monde prit conscience de la monstruosité de la pensée qui venait de s’écrouler avec la découverte d’Auschwitz. Nul ne pouvait imaginer jusqu’où était allée l’horreur. Les loges humanistes cherchèrent une nouvelle finalité capable d’aboutir au monde parfait rêvé. Unanimement, les peuples sortis de la guerre la trouvèrent dans une valeur cette fois apparemment infaillible: « le bonheur se trouve dans la prospérité retrouvée, par le fruit de son travail et la consommation ». Peut-il sortir du mal d’un tel bonheur librement recherché ? La génération qui eut vingt ans en 1945 raisonna de la manière suivante: « Nous avons manqué de tout. Nous n’imposerons pas cela à nos enfants ». L’alpha et l’Oméga de l’éducation devint souvent : « Que mes enfants ne manquent de rien. » Cette génération inventa la société de consommation. Elle se délecta dans la gourmandise enfin retrouvée. La croissance économique était là. L’idéologie de la société de consommation anesthésia toute résistance spirituelle. Elle plongea une génération et leurs enfants dans un culte de la matière dont il est très difficile de se désengluer. Les premiers suicides de jeunes, « parce que la vie n’a pas de sens » apparaissent après cette époque.

Leurs enfants eurent 20 ans en 1968. C’était une génération qui avait été matériellement gâtée, tout en étant maintenue dans une discipline éducative. Elle avait fréquenté par habitude culturelle les leçons de catéchisme où elle avait reçu des restes moraux du christianisme. Après les traumatismes des deux guerres mondiales dont elle portait la conscience médiatisée, dans une réaction adolescente, une minorité remuante de la jeunesse s’empara en mai 68 d’un nouvel idéal de bonheur avec fougue. Cette minorité entraîna la majorité et créa pour quarante ans une nouvelle pensée dominante. Elle exalta sans nuance des valeurs opposées à celles qui provoquèrent les deux guerres, liberté au lieu « d’Obéissance », plaisirs au lieu de « sacrifice », droits au lieu de « Devoir », individu et mondialisme au lieu de « Patrie », sexe au lieu de mariage etc. Des slogans devinrent sagesse: « Il est interdit d’interdire », « Jouir sans entraves ». La religion chrétienne fut rejetée avec tout le fatras d’une éducation bourgeoise et aliénante. Le comportement du pape Pie XII pendant la guerre fut réinterprété. On s’interrogea sur son silence. On compta comme négligeable ses actions concrètes pour le salut des Juifs. Partout, on entendait : « Si j’avais été le pape, je serais sorti du Vatican en portant l’étoile jaune. J’aurais fait un discours solennel. Les Nazis auraient eu peur de se mettre à dos des millions de catholiques. Pie XII se fit nazi par haine du communisme. »

Six péchés capitaux ont été successivement adorés de 1830 à aujourd’hui. Celui qui est contemporain s’appelle la luxure[27]. Il ne s’agit pas d’une luxure au sens exclusivement sexuel, même si elle obsède la génération-préservatif. Il s’agit plutôt de cette luxure symbolique qui consiste à tout sacrifier à son bonheur individuel. « Il n’y a pas de troisième Moloch », affirme-ton avec satisfaction en ce début de XXIe siècle. Et si ce troisième Moloch s’appelait jouissance ? Au nom de quoi en effet voit-on de nos jours une immense épidémie de destruction de ce qui est le plus sacré, la famille ? N’est-ce pas au nom du bonheur individuel devenu Dieu, au nom de l’équilibre de sa vie, de son plan de carrière ou de ses loisirs? Le dernier prophète de la Bible serait très actuel s’il criait de nouveau : « Yahvé est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu’elle fût ta compagne et la femme de ton alliance. Respect donc à tes enfants, et la femme de ta jeunesse, ne la trahis point![28] »

Plus de cent millions d’innocents.

Comment juger la génération qui à partir des années 60, fit le prêt à penser ? Jamais on ne vit se lever génération plus contradictoire. Mais le sommet de ses crimes n’est pas intellectuel. Il est bien réel, au moins pour celui qui croit en la vie après la mort. Cette génération poussa son culte du bonheur immédiat jusqu’à s’attaquer au plus innocent des êtres, l’enfant à naître. Par ses lois sur l’avortement, qu’elle justifia par la recherche de la liberté et du bonheur des femmes, elle prit le risque insensé de parier sur la non-existence de l’âme humaine, envoyant à la mort plus de cent millions d’innocents. Faut-il citer pour elle ce passage peu connu de Jésus de Nazareth: « Cette génération est mauvaise. Elle proclame :’’Si nous avions vécu à la place de nos pères, jamais nous n’aurions tué les résistants.’’ Et elle leur construit des magnifiques tombeaux. Génération pervertie ! En agissant ainsi, elle se condamne elle-même. Elle dépasse la mesure de ses pères. »

Cet antichristianisme de la luxure disparaîtra comme les autres. A l’heure où j’écris, des voix s’élèvent pour remettre en question sa folie et ses excès. On ne peut affirmer plus de 50 ans de suite sans finir par être critiqué que le summum de la libération de la femme, c’est son choix d’avorter. L’image qui restera de la société du XXe siècle finissant est sans doute le préservatif géant et rose dressé sur l’obélisque de la place de la concorde à Paris… Pour les Égyptiens anciens, un obélisque était un rayon pétrifié de la Lumière divine ! Par ses excès, l’idéologie grossière de la luxure est dans la lignée des autres et, comme les autres, elle durera un temps avant de révéler sa perversité.

L’étrange complicité d’une partie du clergé ; la fidélité de Pierre

L’étrange complicité d’une partie du clergé.

En 1846, à la Salette[29], Mélanie reçut de la Vierge un étrange secret qu’elle ne révéla que bien plus tard au pape Pie IX. Le 19 septembre 1846, la Vierge lui dit, et c’est le début de son secret:

« Mélanie, ce que je vais vous dire maintenant ne sera pas toujours secret. Vous pourrez le publier en 1858.

Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints mystères, par l’amour de l’argent, l’amour des honneurs et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d’impureté. Oui, les prêtres demandent vengeance et la vengeance est suspendue sur leur tête. Malheur aux prêtres, et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles par leurs infidélités et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils. Les péchés des personnes consacrées à Dieu crient vers le ciel et appellent la vengeance, et voilà que la vengeance est à leurs portes, car il ne se trouve plus personne pour implorer miséricorde et pardon pour le peuple. Il n’y a plus d’âmes généreuses, il n’y a plus personne digne d’offrir la Victime sans tâche à l’Eternel en faveur du monde. Dieu va frapper d’une manière sans exemple. Dieu va épuiser sa colère, et personne ne pourra se soustraire à tant de maux réunis. Les chefs, conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le démon a obscurci leurs intelligences. Ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr. Dieu permettra au vieux serpent de mettre les divisions parmi les régnants, dans toutes les sociétés et dans toutes les familles. »

Ce secret fut longtemps déclaré suspect et rejeté à cause de la dureté des prophéties qu’il contient. Il est vrai qu’en 1850, la majorité du clergé était de bonne qualité. Pourtant, l’étude de ces époques jusqu’à aujourd’hui montre un étrange défaut. A l’exception du magistère romain, la majorité du clergé semble émoussé. Son jugement évangélique sur le péché dominant de l’époque semble perpétuellement anesthésié. A chaque fois, on constate une complicité intellectuelle avec l’idéologie qui de la pensée unique. Au pire, elle est approuvée en chaire, au mieux, un silence pesant règne. Les pasteurs de terrain ont-ils du mal à affronter la réaction scandalisée de la majorité de leurs fidèles, eux-mêmes fils de leur temps ? Est-ce une bonne façon d’être pasteur selon Jésus[30] : « Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. »

Jean-Paul II parle d’un génocide.

Pour comprendre ce fait, sans bien sûr accuser tous les prêtres, il suffit de se pencher sur notre époque. Être prophète, n’est-ce pas agir selon cette parole de Jésus[31]: « Heureux êtes-vous quand on vous insultera à cause de moi. C’est bien ainsi qu’on a persécuté les prophètes, vos devanciers. » Pour être prophète en notre époque, pour mettre en danger son ministère sacerdotal, que faut-il dénoncer ? Un prêtre qui dénonce en chaire le nazisme risque-t-il sa vie ? Ceux qui l’ont fait en 1942 furent prophètes. Que risque-t-on si l’on dénonce aujourd’hui en chaire les crimes de Lénine ? En 1970, on risquait de perdre son ministère. Aujourd’hui, le grand drame de l’Occident est l’avortement. Jean-Paul II parle d’un génocide[32]. On ne peut pas dire qu’il existe une complicité active dans le clergé pour encourager l’avortement. Le problème se situe ailleurs. Il s’agit d’un silence. Pour mieux comprendre le scandale évangélique que constitue l’absence d’une simple explication théologique, sans passion, de ce drame qui concerne Dieu, il peut être utile de se référer aux années 1940 en France. Nul ne pourra trouver une quelconque complicité, dans la hiérarchie catholique, face aux lois de Vichy. Mais, visiblement, sans anachronisme, dans une simple confrontation à l’Évangile, l’absence de réaction du clergé face à ces lois jusqu’en 1942, gêne. N’y a-t-il pas une certaine faute quand celui qui a mission de parler se tait ? Tout cela est-il vraiment justifié par l’évocation des règles de paix civile, par un doute sur l’efficacité de la parole ?

A partir des années 1960, et d’une manière sourde aujourd’hui, la révolte s’est mise au grand jour contre les mises en gardes des papes successifs. C’est l’époque de la tolérance et de la libération sexuelle (âge de la luxure). On n’a à la bouche que les mots de liberté, d’épanouissement personnel. La contraception artificielle permet pour la première fois de séparer totalement le plaisir sexuel de la fécondité et même de l’amour. Le pape Paul VI, seul contre la majorité des catholiques, mit en garde: « Une telle séparation n’est pas voulue par Dieu. Attention à cette nouvelle forme d’égoïsme. »[33] Ses paroles furent ouvertement brocardées ou simplement relativisées par une majorité du clergé et même des fidèles. A partir de cette époque, la position de Paul VI ou de Jean-Paul II en matière d’amour et de fidélité conjugale est déformée publiquement, présentée comme odieuse, liberticide et ouvertement rejetée. Des supérieurs de Séminaires renvoient des séminaristes surpris à prier le chapelet. Le prêtre est formé à être un animateur social. C’est aussi l’âge du grand espoir marxiste auquel adhèrent beaucoup d’évêques de manière plus ou moins explicite. Après le Concile Vatican II, des bataillons de prêtres et de religieux défroquent. On se libère du poids opprimant des vœux. Le secret de la Salette prend alors tout son sens. Il suffit de changer 1865 par 1965: « Dans l’année 1865, on verra l’abomination de la désolation dans les lieux saints. Dans les couvents, les fleurs de l’Église seront putréfiées et le démon se rendra comme le roi des cœurs. Que ceux qui sont à la tête des communautés religieuses se tiennent en garde pour les personnes qu’ils doivent recevoir, parce que le démon usera de toute sa malice pour introduire dans les ordres religieux des personnes adonnées au péché, car les désordres et l’amour des plaisirs charnels seront répandus par toute la terre. »

Au contraire, les papes successifs furent à la hauteur. Ils parlèrent, sans soucis d’être politiquement correct. Ils ne cessèrent, à partir de Pie IX, de mettre en garde contre le danger du temps. Ils le faisaient au moment où le danger était là et non cinquante ans plus tard. Ce fait incontestable est la réalisation d’un rêve fait vers 1880 par saint Jean Bosco: « Je vis la barque de l’Église qui était agitée par un ouragan inouï. Elle allai sombrer mais celui qui s’agrippait à la robe de saint Pierre était sauvé… » A chaque fois, en chaire, bien des prêtres ignorèrent ou relativisèrent ces avis. Capitalisme, marxisme, nationalisme, hédonisme, libération sexuelle ont été tour à tour la philosophie d’une partie visible du clergé qui prêche[34]. A chaque fois, la parole de Pierre fit grincer l’intelligence de cette majorité. Cinquante ans plus tard, ce qui avait été source de tant de scandale devenait une évidence, sans qu’une reconnaissance publique soit rendue au prophète. A chaque fois au contraire, le Magistère de Rome et l’Église tout entière en ressortaient plus critiqués. Au moment où j’écris, des voix se font entendre, y compris dans le clergé catholique, pour remplacer l’insupportable Magistère de Rome par une assemblée élue. On supporte de moins en moins sa parole à contretemps. Par le remplacement du gouvernement théocratique de l’Église par une démocratie populaire, on pense pouvoir enfin la moderniser et l’adapter à son époque. Il s’agit des premiers signes d’une nouvelle étape de la lente marche de l’apostasie* de la foi chrétienne. « jusqu’à ce que soit achevé l’écrasement de la force du Peuple Saint… »[35]

Sommaire ↑

DEUXIÈME ÉTAPE (suite)
L’humanisme sans Dieu
(à partir de 1960 et pour le XXIe siècle)

A partir d’ici, je suis contraint d’étudier des événements qui ne se sont pas tous encore produits. Un aspect nécessairement hypothétique entre en ligne de compte. Cependant, à la lumière des prophéties déjà citées, sachant qu’elles se réaliseront avec certitude, à la lumière aussi d’une connaissance des lois sociologiques qui prévalent dans les nations, il est possible d’éviter l’erreur. Si le détail des événements futurs ne peut être défini, leurs lignes générales sont plus que probables.

Le chiffre de la bête, 666

(Chose probable)

« Tous, petits et grands, se feront marquer sur la main droite ou sur le front du nom de la bête ou du chiffre de son nom. C’est ici qu’il faut avoir de la finesse! Que l’homme doué d’esprit calcule le chiffre de la bête, c’est un chiffre d’homme: Son chiffre est 666.[36] »

Quel sera l’étape suivante, à savoir le nouvel Évangile proposé aux peuples pour le XXIe siècle ? Qu’est-ce qui se profile pour remplacer le culte désuet et grossier des sept péchés capitaux? En regardant les signes de notre temps, essayons d’en déterminer la nature. Les peuples sont plus cultivés. Ils ont besoin d’un sens philosophique à leur vie. Il ne peut s’agir des idéologies comme le marxisme ou le nazisme. Il en est de même pour le culte du phallus et des jouissances charnelles. J’ai montré que ces antichristia­nismes sont trop épais et contre nature pour durer. Ils ne résistent pas au temps. La conscience des jeunes de notre époque est déjà plus que dubitative face à cette propension de leurs aînés à tout sacrifier à leur liberté sexuelle[37]. Si l’on se réfère aux prophéties, à l’approche de la fin, les derniers antichristianismes seront au contraire des réussites capables de durer et emplies de réelles valeurs aptes « à séduire les élus eux-mêmes ». Il s’agit, dirions-nous, d’un Évangile, c’est-à-dire de la Bonne Nouvelle d’une voie vers le bonheur.

L’Apocalypse décrit la puissance de chaque antichristianisme sous le symbole du chiffre 666[38]. Ce chiffre n’a cessé depuis des siècles de faire couler de l’encre. Des savants se sont attelés à en calculer les propriétés arithmétiques et ils ont fait des découvertes. Cependant, la parole de Dieu est donnée à tous les hommes, même aux simples, de telle façon que son sens n’échappe pas complètement à ceux qui la lisent et s’en imprègnent. Il est donc impossible que son premier sens appartienne aux savants calculateurs. Il doit exister une signification simple du chiffre 666.

Dans l’Écriture, on voit que certains chiffres sont donnés avec une même signification symbolique. Ainsi, le chiffre 3 signifie la plénitude de la divinité puisque Dieu est en trois personnes. De même, le chiffre 7 signifie la perfection de la création puisque le monde fut achevé le septième jour par le repos de Dieu qui dit que “tout était très bon”[39]. C’est de cette manière qu’il faut regarder le chiffre de la bête. Plusieurs interprétations peuvent être données qui se rejoignent en une seule. Dieu affirme sans cesse à l’homme qu’il lui a donné six jours pour travailler “Pendant six jours, tu travailleras et tu feras ton ouvrage. Mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé ton Dieu”[40]. Ainsi, si l’homme oublie le septième jour qui est consacré à Dieu, il se marque lui-même du chiffre 6 qui signifie qu’il vit sans Dieu. Il existe bien d’autres textes bibliques qui confirment cette interprétation. Dans la Loi, Dieu commande aux maîtres qui achètent la main-d’œuvre d’un esclave hébreu, de le garder six années puis de le libérer sans qu’il ne doive rien payer. Si le maître n’agit pas ainsi la septième année, il se marque lui-même du chiffre 6. On trouve ce chiffre 6 (sept moins un) en dehors de la Bible. En philosophie, l’étude de l’homme se fait autours de ses sept dimensions: 1- Il existe (métaphysique), 2- Il est vivant, 3- il possède un corps physique, 4- il travaille, 5- il aime, 6- il vit en communauté, 7- il est fait par et pour un Créateur. Si la dernière dimension disparaît, il reste le chiffre 6. En conséquence, le chiffre de la Bête, qui est le symbole des Antéchrists* ne signifie pas autre chose que l’homme sans Dieu. C’est pourquoi l’Apocalypse l’appelle un chiffre d’homme. Tout au long de l’histoire et de plus en plus en ces siècles de sécularisation, l’humanité se marque du chiffre 6. Si le chiffre est répété trois fois, c’est pour signifier que les Antéchrists et en particulier le dernier d’entre eux réalisera un monde séparé de Dieu doté d’une certaine perfection divine. Extérieurement, la paix enfin réalisée prouvera la possibilité d’une humanité sans Dieu. Si l’Apocalypse et les autres textes de l’Écriture décrivent ce temps comme un malheur inimaginable, c’est qu’elles regardent les choses intérieurement, à la manière de Dieu. Pour le salut, une paix et une réussite extérieure peuvent être signes de ruine de l’âme.

L’humanisme sans Dieu[41]

En ce début du XXIe siècle, il est facile de discerner l’étape suivante puisqu’il ne subsiste et prospère après la chute du communisme (1989), qu’un seul antichristianisme. Il s’agit de l’humanisme sans Dieu, tel qu’il fut pensé dans sa forme modérée à l’époque des lumières. Cette philosophie semble s’imposer non seulement en Occident mais s’exporter dans le monde entier, en raison de l’action militante des organisations gouvernementales et non gouvernementales.

Il ne faut pas qualifier l’humanisme déjà diffus actuellement d’athée. L’athéisme militant, qu’il soit communiste, positiviste ou autre, agissait tout autrement en s’efforçant de supprimer activement la religion par le prosélytisme. Il se comportait de manière sectaire et non tolérante (Staline par exemple). Or l’humanisme qui prévaut actuellement ne se proclame pas tel. Il ne se pose pas la question de savoir si Dieu existe ou non. Il préfère reléguer cette question au seul domaine privé, dans le respect de la conscience de chacun. Il en résulte un athéisme pratique. L’homme et la société vivent comme si Dieu n’existait pas. Il se contente d’entretenir de manière calme l’acquis suivant : l’hypothèse Dieu est simplement périmée puisque l’homme descend de la vie animale, par hasard. L’évolution des espèces par les seules lois du hasard est médiatiquement plus qu’une théorie. C’est devenu une métaphysique fondatrice d’une société, un nouveau livre de la Genèse.

« Puisque Dieu n’existe pas, puisqu’il n’y a pas de vie après la mort… » tel est le présupposé du projet. Il est rarement formulé d’une façon aussi claire. Pourtant, il est le fondement de tout. Cet athéisme est concret, l’absence de Dieu étant l’expérience majeure de la vie de tous les jours en Occident. Puisque demain nous mourrons, que pouvons nous faire pour construire le monde le moins mauvais possible? La question n’est ni idiote ni condamnable. Elle relève au contraire du bon sens dans un monde sans espérance après la mort. Saint Paul lui-même se l’est posée et y a répondu: “Si le Christ n’est pas ressuscité, mangeons et buvons car demain nous mourrons.[42]” La réponse proposée aujourd’hui est analogue à la différence près qu’elle est élaborée pour fonctionner. L’expérience des erreurs du passé telle que nous l’avons rapportée[43], permet d’éviter les excès en modérant les lois de l’argent, les lois de l’appétit de la gloire et des jouissances. Tout est dans le juste milieu.

Essayons de nous placer concrètement dans la pensée d’un homme politique athée. Imaginons avec toute la sincérité possible que Dieu n’existe pas mais qu’il nous faut construire le meilleur monde possible, voilà à quoi il ressemblerait.

Cet humanisme est généreux. Il recherche activement, que ce soit par la réflexion ou par l’action politique, comment donner à l’homme toutes les conditions du bonheur. Après avoir tâtonné durant deux siècles, depuis la Révolution française[44], il en est arrivé à la conclusion suivante. Ce qui est le plus important dans l’homme, ce qui fait de lui une personne humaine, c’est sa capacité à agir librement en vue du bonheur, dans le respect de la liberté d’autrui. Tous les mots de cette phrase sont importants et pesés. Tout doit être fait en conséquence pour favoriser cette liberté modérée, tant au plan matériel (recherche de la paix, de la richesse, du bien être, lutte contre la guerre, la famine, la maladie, les inégalités), qu’au plan spirituel (éducation des hommes à la tolérance, à la fraternité, au respect d’autrui surtout dans le domaine de sa liberté). De telles valeurs, en raison de leur richesse de paix, semblent devoir conduire à moyen terme à la construction d’un monde équilibré offrant à chacun les conditions fondamentales du bonheur. A chacun de le construire dans sa vie personnelle.

J’ai réalisé en m’inspirant de textes officiels de l’ONU et de l’UNESCO une charte du projet d’humanité que ces organisations rêvent de créer. L’intention de leurs membres est réellement positive et humaniste. Il ne s’agit pas de la lire avec un regard excessivement négatif puisqu’on ne peut rien trouver à redire sur le plan humain. Seul un regard de sagesse chrétienne, regard paisible s’il en est mais très contemplatif, peut y discerner le chiffre de l’homme, 666*.

 

CHARTE DU MEILLEUR MONDE POSSIBLE[45]

 

1 - BUT : Que chacun puisse profiter du bonheur et des joies de la vie car ils sont ce qu’il y a de plus précieux sur la terre. La vie est courte.

2 - MOYENS : Il convient de donner à tous les hommes la possibilité d’obtenir ces plaisirs et ces joies. En premier lieu, il faut mettre au ban de la société toutes les idéologies qui, au cours des siècles passés se sont rendues coupables de fanatismes et de violences. Toute guerre doit être définitivement bannie puisqu’elle est source de malheur. Ces idéologies sont principalement politiques (marxisme, nazisme, fascisme patriotique) et religieuses (en particulier les religions prosélytes)[46].

En second lieu, il convient de montrer aux peuples que le bonheur décrit a pour fondement la liberté et son corollaire le respect de la liberté d’autrui. Elle implique certes des droits mais aussi des devoirs.

3 - LOIS : Établir des lois civiles favorisant la liberté dans le respect d’autrui. Liberté d’aimer celui qui veut bien de cet amour (l’amour n’étant pas seulement la pulsion sexuelle mais aussi le sentiment, et l’engagement mutuel pour un temps); Liberté de penser et de s’exprimer (dans la mesure où les idées soutenues respectent la dignité de tous les hommes (articles 1 et 2) ; Favoriser la liberté de donner la vie au moment choisi, à condition que le nouveau-né soit un enfant normal, doté de toutes les facultés pour trouver dans les meilleures conditions le bonheur et qu’il ne soit pas surnuméraire par rapport aux possibilités de la planète; Liberté de choisir l’heure de sa mort, surtout lorsque celle-ci approche et supprime la possibilité du bonheur proposé dans l’article 1; Bref, toute liberté apte à favoriser le bonheur dans le respect de la liberté d’autrui.

4 - Établir des lois civiles favorisant le respect de la liberté d’autrui: Respect de celui qui n’éprouve plus de sentiment et veut quitter son conjoint (possibilité de divorce); Tolérance des actions d’autrui dans la mesure où elles ne détruisent pas la liberté d’autrui; Liberté d’arrêter une grossesse non désirée, tant que l’embryon n’est pas un être humain (=doté de liberté), tout en dénonçant et prévenant (contraception) ses abus qui détruisent la psychologie féminine; Devoir envers les enfants qui, n’étant pas des êtres totalement éduqués dans la liberté, ont besoin d’une éducation réaliste, avec un pôle d’amour et un pôle d’autorité; Établir une justice et des peines adaptées contre ceux qui commettent des délits et des crimes contre autrui, selon qu’il a été défini libre et digne de respect aux articles 3 et 4. La peine de mort doit être supprimée mais elle doit être remplacée, dans les cas les plus graves, par une vraie prison à vie.

5 - Favoriser les sciences et les techniques capables d’aider aux conditions matérielles du bonheur du plus grand nombre. Nourriture pour tous, santé, richesse, temps pour les loisirs, protection de la nature, prolonga­tion de la durée de vie, accès à la culture etc. Favoriser la recherche génétique dans la mesure du respect de la nature humaine. Il ne s’agit pas, sauf en matière de maladie et de prolongement de la durée de vie, de changer l’A.D.N. humain.

6 - développer avec souplesse ces lois en fonction de l’évolution des mentalités. A terme, les imposer de manière mondiale. Établir un gouvernement mondial remplaçant le coûteux et dangereux système des nations. Unifier le monde et supprimer à jamais les armes de destruction massive, les systèmes de la tyrannie et ses conséquences.

Un tel projet de société n’est certes pas parfait. Il reconnaît avec réalisme son défaut structurel, la nécessité pour l’homme de mourir alors qu’il désirerait vivre toujours. Mais reconnaissons-le avec honnêteté. Si Dieu n’existait pas, ne serions nous pas les premiers à y adhérer et à y travailler? Existe-t-il meilleure façon de vivre sur la terre les quelques années où le hasard de l’évolution nous a placés? Ce projet est si bon (le moins mauvais qu’on puisse imaginer compte tenu de ce que nous sommes), qu’il est difficile d’en inventer un meilleur. L’acceptation du divorce et du vagabondage des amitiés est logique. Pourquoi s’imposer à vie le joug d’une vie commune alors que le bonheur passager se trouve plus rapidement dans la liberté et la spontanéité? N’y a-t-il pas plus de joie à se revoir qu’à se supporter? Rien n’empêche bien sûr à ceux qui veulent se marier de le faire, s’ils y trouvent le bonheur. Il en est de même pour l’acceptation de l’avortement. L’embryon n’ayant ni âme immortelle ni liberté, pourquoi lui imposer la vie s’il ne vient pas au bon moment? Il ne s’agit certes pas d’encourager l’avortement pour convenance personnelle mais de le prévenir par une contraception efficace. De même, pourquoi vivre dans la maladie et la vieillesse puisque tout se termine dans le néant?

Cette conception du monde ressemble par beaucoup de ses principes au christianisme. On y parle de droits de l’hommes, de respect de sa liberté, de respect d’autrui, recherche du bonheur de l’autre. Beaucoup de chrétiens ne savent plus en discerner les différences. Pourtant, si les conséquences pratiques sont si différentes (divorce, avortement, contraception artificielle, euthanasie, recherche génétique sur la durée de vie) c’est à cause de différences absolues qui touchent la source même, le sens de la vie.

— L’une croit en une vie après la mort, l’autre ne s’y intéresse pas.

— L’une exalte l’amour du prochain, jusqu’au sacrifice de son propre bonheur, l’autre exalte la liberté en vue de la recherche du bonheur personnel;

— L’une affirme que seul compte ce qui est construit pour durer jusque dans la vision face à face avec Dieu, à savoir l’humilité et l’amour qui se donne. L’autre affirme que seul compte le bonheur personnel car il est urgent d’être heureux, dans un égoïsme modéré, avant que n’arrive la mort.

Il est bien évident que l’humanisme sans Dieu* n’est pas contre l’amour oblatif. Il l’admire de loin. Mais il le place comme l’une des manières, irréaliste mais respectable, dont un homme libre peut donner un sens héroïque à une vie de toute façon vouée au néant. Pour illustrer ce respect, on peut citer en France la reconnaissance en 1905, sous le gouvernement Émile Combe, des sœurs de la charité de saint Vincent de Paul comme association d’utilité publique. Au même moment, tous les autres ordres religieux étaient chassés. On peut aussi citer l’admiration portée de nos jours à l’abbé Pierre ou à mère Thérésa, considérés cependant exclusivement sous l’aspect de leur générosité sociale.

Doit-on affirmer que l’humanisme sans Dieu* prêche l’amour de soi tandis que le christianisme prêche l’amour de l’autre? Ce serait exagéré. L’intention des humanistes n’est pas là mais, dans ses conséquences, l’humanisme sans Dieu semble conduire plus de gens vers l’individualisme que vers l’amour qui se sacrifie. Ainsi, lorsqu’on étudie les conséquences concrètes de ces deux conceptions du monde, il est plus aisé de manifester leurs différences. Elles changent radicalement le sens de la vie. Il est possible de les étudier dans tous les domaines soulevés par l’éthique moderne face à la pensée des Papes.

L’humanisme sans Dieu peut-il combler le cœur de l’homme ?

« Et le cinquième ange répandit sa coupe sur le trône de la Bête, alors, son royaume devint ténèbres, et l’on se mordait la langue de douleur. Mais, loin de se repentir de leurs agissements, les hommes blasphémèrent le Dieu du ciel sous le coup des douleurs et des plaies.[47] »

Ce texte peut signifier beaucoup de choses. L’humanisme sans Dieu tel que décrit dans la charte, révèle une tare incorrigible. Le bonheur qu’il propose est parfait à l’exception d’une chose. Il oublie que l’homme ne vit pas seulement de pain, c’est-à-dire de nourriture temporaire. Un tel projet comblerait un monde peuplé de mammifères supérieurs. Mais l’homme porte en lui une angoisse qui explose quand tout va bien. Il a soif de toutes les paroles qui sortent de la bouche de Dieu[48]. Il désire l’éternité. Or cette dernière tentative ne propose pas d’espérance pour l’autre monde. Elle butera, tôt ou tard sur cet écueil. Dans les pays qui l’ont déjà réalisé, il existe une incompréhension des hommes politiques devant l’attitude de peuples qui, ayant tout, se plaignent que tout va mal. « On se mordait la langue de douleur ». Cela se traduira par des épidémies de suicides de jeunes et de vieux. Il y aura nécessairement une mystérieuse propension pour l’alcool ou les drogues, pour le psychologue et l’anxiolytique. Une prise de conscience des élites ne manquera pas de se faire, tôt ou tard : ces peuples unifiés sont malades. Ils manquent de religion…

Épidémies de suicides.

Pour cette raison, même à un plan strictement sociologique, il est certain que cette belle construction ne pourra être que passagère. Elle ne pourra être le dernier des antichristianismes.

Est-elle, au plan du salut, plus terrible que les idéologies du XXe siècle ?[49]

Une deuxième question se pose. Peut-on affirmer, au plan d’un regard de sagesse chrétienne, que l’humanisme sans Dieu tel que je viens de le décrire sera plus terrible pour le salut éternel que les antichristianismes des XIXe et XXe siècles ? N’y a-t-il pas là une exagération, un blasphème contre l’humanité? Que peut-il y avoir de pire que le nazisme ou le communisme, comme le dit jadis le pape Pie XI (Encyclique Mit brennender Sorge[50]).

Je ne parle pas ici du meurtre des corps. Dans ce domaine, le nazisme et le communisme sont au-dessus de tout. Il s’agit du meurtre des âmes, selon la parole de Jésus : « Je vous le dis à vous, mes amis: Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre. Craignez Celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne; oui, je vous le dis, Celui-là, craignez-le[51] ».

En effet, loin de provoquer des massacres, cette philosophie voudra les éviter et les interdire. Mais plus l’humanité approchera de sa fin, plus le sens des textes guerriers et sanglants de l’Apocalypse prendront leur vrai sens, à savoir celui de Dieu, un sens théologal. Il faut toujours se souvenir en les lisant, que ces paroles sont d’abord esprit et vie avant d’être l’annonce d’événements matériels. “Nul n’aurait eu la vie sauve”, c’est-à-dire, pour Jésus, nul n’aurait eu la charité sauve. La grande tribulation dont parle le Christ est celle qui s’attaque à la foi, à l’espérance et bien sûr à la charité.

Pris dans ce sens, il est facile de comprendre pourquoi cet antichristianisme-là est le plus dangereux qui ait jamais existé pour les âmes, quoique pas nécessairement le pire à venir. On pourrait multiplier les analyses pour manifester que la voie proposée par l’humanisme sans Dieu consiste en un égoïsme intelligemment géré. Chacun respecte autrui non par souci d’autrui mais parce que c’est en définiti­ve la meilleure solution pour atteindre un bonheur individuel élevé au rang d’absolu. Mieux qu’une analyse, quelques exemples actuels peuvent être éclairants.

1 - Il produit de manière maximale de l’individualisme et de l’égoïsme[52]. L’Europe occidentale en donne depuis quelques décennies un modèle à grande échelle. Ce qui caractérise ces sociétés, c’est une augmentation du souci pour la justice sociale. La misère matérielle n’est plus tolérée. Parallèlement, se manifeste une augmentation frappante de l’individualisme. Chacun cherche à construire son bonheur comme il l’entend, en évitant l’effort et la souffrance. Ainsi, l’amour est la chose dont on parle le plus. Lorsqu’il est source de joie sentimentale et de plaisir sexuel, il est aimé. Mais dès qu’il implique effort sur soi-même ou souffrance en vue du bonheur de l’autre, il n’est plus appelé amour. On n’a jamais vu autant de divorces et de ruptures qu’à notre époque. Il en est de même de la maternité et les jeunes filles rêvent de s’épanouir dans leur profession et leur vie de femme. Mais cet enfant ne doit venir que lorsque l’on veut (parfois même et de plus en plus selon un pedigree de perfection). Le XXe siècle finissant n’aura jamais vu autant d’avortements ou d’enfants mal-aimés. On aime également ses parents et on reconnaît leur devoir la vie. Mais lorsqu’ils sont âgés, sans méchanceté, “mais parce que la vie est si prenante”, on les confie à des centres spécialisés où ils ont tout ce qu’il faut matériellement mais où ils meurent de solitude et d’abandon. Ces trois exemples pris dans ce qui fait la plus grande richesse de l’homme, (ses relations familiales), manifestent à quel point cet humanisme sans Dieu* est très concrètement source d’égoïsme et donc d’une grande clameur de tristesse au Ciel[53]. Le pire semble être qu’une telle société peut tenir des siècles, les soubresauts de la souffrance spirituelle qu’elle porte en elle pouvant être anesthésiés chez les jeunes dans un étourdissement d’occupations, et camouflés chez les personnes âgées qui deviennent des citoyens marginaux. Elle sombre dans l’égoïsme mais pas dans l’inefficacité car les plaisirs ne sont pas l’unique but. On aspire aussi aux carrières, aux honneurs, aux succès techniques, le tout canalisé par des lois bien faites et aptes à contenir les corruptions. Une telle société sécrète du fait de son succès beaucoup d’orgueil.

Il est donc probable que l’humanisme sans Dieu, lorsqu’il se manifestera, ne proposera pas autre chose au monde (tout en corrigeant les excès soixante-huitard actuels).

Étourdie par un bonheur matériel réel.
« La nef des fous » (Jérôme Bosch)

2 - Il produit de manière maximale de l’orgueil et du refus de Dieu. Étourdie par un bonheur matériel réel, l’humanité s’exalte déjà. La « sagesse » proposée par l’humanisme sans Dieu, est en Occident une réussite au plan matériel. Elle est souvent explicitement jetée à la face de Dieu. « Nous sommes heureux sans lui. L’hypothèse Dieu est devenue inutile. » Il s’agit non seulement d’être libre pour jouir de son pouvoir, mais de se prétendre plus « intelligent » que le Créateur lui-même. On voit des signes de cet orgueil dans la tentation perpétuelle de maîtriser la vie. A une époque où des millions d’enfants sont avortés, on n’hésite pas à en concevoir par tous les moyens possibles. Le clonage reproductif est l’étape recherchée au moment où j’écris ces pages. L’homme rêve d’être bientôt créateur lui-même de la vie. Ce rêve sera plus vite qu’on le croit une réalité.

Après avoir manifesté que la Vie éternelle n’est pas donnée à l’égoïs­me, il est aisé de comprendre pourquoi cet humanisme sans Dieu est, au plan théologal, le pire qu’on ait jamais vu. En nourrissant l’égoïsme d’une manière très profonde, en le rendant viable à travers une apparence de bonheur individuel, il façonne efficacement chacun dans la recherche de soi. Étant très séducteur et capable d’anesthésier jusqu’à la conscience de vivre dans l’égoïsme, il est capable plus que tout autre antichristianisme terrestre d’entraîner le refus de l’amour au moment de la mort. Quand un nazi tue puis est tué au nom de sa croyance raciale, il commet un crime contre l’humanité, mais sa propre vie lui paraît souvent moins importante que son idole patriotique[54]. Il y a donc en lui un certain sens du sacrifice individuel. Il en est de même pour un communiste et sa passion haineuse du bonheur social des pauvres. Quand un humaniste moderne, se regarde, il ne voit pas qu’il est égoïste. Il peut se croire longtemps généreux puisqu’il respecte, dans sa recherche de bonheur, la recherche d’autrui. Pourtant, son seul centre d’intérêt est lui-même. Ainsi, cette forme de pensée est capable de disposer plus que tout autre système politique un peuple entier à se plonger en enfer lorsque le vrai Évangile, celui de l’amour jusqu’au mépris de soi, est proposé. Quelle difficulté en effet pour un homme habitué à ne penser qu’à son plaisir, de choisir dans une conversion totale l’amour fidèle jusqu’au mépris de soi-même.[55]

Nous sommes fous.

Pourquoi Dieu le permettra-t-il ?

(Chose certaine)

« Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier gît au pouvoir du Mauvais.[56] »

La question qui se pose maintenant est de savoir pourquoi Dieu permettra à cet antichristianisme de s’étendre dans le monde entier à l’approche de la fin du monde. Au long du chapitre précédent, nous avons pu trouver aux malheurs matériels et politiques qu’il a permis jusqu’à aujourd’hui quelques explications dans son projet de salut universel. Mais il s’agit ici de malheurs spirituels qui, en développant de manière grave l’égoïsme et l’orgueil, semblent mettre en danger le salut éternel de toute une génération.

Quel bien peut-il sortir de cela? Un bien immense en vérité puisque le Seigneur va jusqu’à affirmer à propos de ces événements: « Lorsque vous verrez tout cela, soyez dans la joie et redressez la tête car votre Rédemption est proche. » Dieu ne se contente pas de regarder les réalités extérieures et politiques. Il lit au fond des cœurs. Et que discerne-t-il dans les peuples d’Occident qui vivent déjà dans un tel humanisme sans Dieu* ? Un grand égoïsme vécu dans le bien-être matériel, mais aussi beaucoup de souffrances spirituelles. Le livre de la Sagesse les décrit de manière saisissante[57]: « Oui, les jugements de Dieu sont grands et inexplicables, c’est pourquoi il a permis que des âmes sans instruction s’égarent. Ils gisaient enfermés sous leurs toits, bannis de la providence éternelle. Ils furent dispersés, en proie à de terribles frayeurs, épouvantés par des fantômes. Car le réduit qui les abritait ne les préservait pas de la peur; des bruits effrayants retentissaient autour d’eux, et des spectres lugubres, au visage morne, leur apparaissaient. Aucun feu n’avait assez de force pour les éclairer, et l’éclat étincelant des étoiles ne parvenait pas à illuminer cette horrible nuit. » L’humanisme athée n’arrive en effet qu’à anesthésier les plaies vives de l’absence de Dieu. Il ne peut entièrement retirer du cœur des hommes la soif de plus qu’un vague bonheur humain et passager. Pour exprimer cette douleur terrible de ceux qui n’ont plus de foi en l’amour, Jésus s’exprime ainsi:[58] “Malheur à celles qui seront enceintes ce jour là et à celles qui allaiteront.” Cette image symbolise tout le malheur de ceux qui, attachés à la terre comme unique possibilité de bonheur, voient à l’heure de leur fin que même ce bonheur est vain.

On pourrait multiplier dans l’Écriture les exemples de descriptions de la douleur spirituelle. Le désespoir est en fait plus terrible que la souffrance matérielle accompagnée d’espérance. L’image du monde actuel et de tout humanisme sans Dieu est à rechercher dans les maisons de retraite. On y vit bien, on y est nourri et lavé et même parfois aimé. Pourtant, l’âme des personnes âgées se meurt de solitude. Dieu connaît cette souffrance. Il discerne les abîmes infinis de pauvreté qui s’y creusent. Il sait qu’en définitive le monde de l’antichristianisme, à cause de ces souffrances, dispose les âmes à la Vie éternelle. Nul ne peut soupçonner l’allégresse des ces pauvres gens. A l’heure de la mort et de l’apparition du Christ, lorsqu’ils découvrent que tout cela n’était que mensonge, la plus grande partie des hommes, se précipitera vers l’amour, incapable de s’obstiner dans l’égoïsme dont ils connaissent les fruits amers. Rappelons que seul le blasphème obstiné contre l’amour, maintenu fermement à l’heure de la mort conduit en enfer.

Mais il ne sera pas le dernier des antichristianismes

(Chose probable)

L’humanisme sans Dieu semble être, si l’on suit la lettre des prophéties, une simple étape. Si l’on suit la lettre des Écritures saintes, plusieurs passages montrent qu’il y a une place pour quelque chose de plus profond. Saint Paul parle explicitement[59] d’aspect bien plus terrible: « Avant la fin, il doit se révéler l’Homme impie, l’Etre perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu ». Nous verrons dans la section suivante de quoi il s’agit.

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TROISIÈME ÉTAPE
La révélation de l’Adversaire

(Chose certaine pour le fait, probable quant à l’idéologie)[60]

Alors l’impie se révélera.

« Alors l’Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue.[61] »

On peut citer à titre d’application de ce texte un extrait du secret de La Salette[62]:

« En l’année 1864, Lucifer* et un grand nombre de démons seront détachés de l’enfer. Ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu. Ils les aveugleront de telle manière, qu’à moins d’une grâce particulière ces personnes prendront l’esprit de ces mauvais anges. Plusieurs maisons religieuses perdront entièrement la foi et perdront beaucoup d’âmes. Les mauvais livres abonderont sur la terre et les esprits des ténèbres répandront partout un relâchement universel pour tout ce qui regarde le service de Dieu. Ils auront un très grand pouvoir sur la nature. Il y aura des Églises pour servir ces esprits. Des personnes seront transportées d’un lieu à un autre par ces esprits mauvais, et même des prêtres, parce qu’ils ne se seront pas conduits par le bon esprit de l’Évangile, qui est un esprit d’humilité, de charité et de zèle pour la gloire de Dieu. On ferra ressusciter en apparence des morts et des justes. Il y aura en tous lieux des prodiges extraordinaires, parce que la vraie foi s’est éteinte et que la fausse lumière éclaire le monde. »

L’existence de Dieu étant explicitement reconnue, verra-t-on l’humanité entière se révolter consciemment contre lui, contre son désir de l’humilité et de l’amour ? C’est de cela qu’il s’agit ici.

Saint Paul[63] affirme qu’avant le retour du Christ, une dernière étape dans la voie l’apostasie* doit se réaliser. Il est très difficile de la décrire et d’en parler tant elle paraît de nos jours improbable et inimaginable. Nous n’en sommes visiblement pas rendus là. Pourtant, il convient de faire un effort. Ce qui est incroyable aujourd’hui peut être normal demain. Aucun homme du XVIIe siècle, aussi lucide soit-il, ne pourrait croire à un livre parlant du XXe siècle et de ses divers Antéchrists aux centaines de millions de morts. L’apparition de la Salette fut d’ailleurs tenue en suspicion par le clergé malgré la reconnaissance officielle de l’Église parce qu’elle décrivait de telles horreurs.

Les paroles de saint Paul ne se réaliseront pas seulement de manière imagée: « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.[64] » Les divers égoïsmes et les orgueils de tous les temps n’en sont que des préfigurations. Ces prophéties se réaliseront historiquement et à la lettre. Saint Paul précise sa pensée. Pour lui, à la fin du monde, ce qui est caché sous l’iniquité actuellement en chemin se révèlera à tous en plein jour.

Or qui est le maître d’œuvre de tout si ce n’est Satan, l’ange révolté? C’est lui qui organise l’histoire au-delà de son apparente anarchie. L’ordre qu’il y cache s’unifie dans un principe, une haine pour l’humilité et l’amour. Logiquement, on peut affirmer que le péché ultime de la fin du monde consistera en une reconnaissance mondiale de Lucifer* dans sa révolte contre Dieu. Il ne peut y avoir pire péché dans l’humanité puisque, pour la première fois, il est lucide. Lorsque l’heure sera venue, lorsque les religions anciennes auront disparu laissant un vide et une soif spirituels dans le cœur des hommes, un dernier Antéchrist proposera au monde une religion nouvelle parlant de Vie éternelle. Il s’agira de la religion de l’Ange de Lumière, Lucifer.

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Ce qu’est « le mystère de l’iniquité »

(Chose certaine. Avertissement: Satan est un être réel mais spirituel. Son épopée est racontée ci-dessous à l’aide d’images corporelles.)

Il faut d’abord se souvenir avec précision de l’histoire des anges et de l’origine des démons, ces anges devenus mauvais. Leur révolte constitue ce que saint Paul appelle « le mystère de l’iniquité », à la racine de tout mal. C’est elle, nous le verrons, qui doit se révéler et être proposée de manière explicite à l’humanité vers la fin du monde. Je le raconte ici de manière imagée, en utilisant à la façon humaine l’artifice d’un dialogue entre Dieu et les anges. Il s’agit bien sûr d’une façon simple d’exposer les choses. Que le lecteur ne se trompe pas. Le monde des purs esprits n’utilise pas de mots. Les anges n’ont jamais eu de corps. Ils sont de purs esprits. Il est très difficile de comprendre vraiment ce que peut être, et comment peut vivre une personne qui n’a pas de corps[65].

Au premier instant de leur création, création qui précéda celle des hommes, tous les anges étaient bons. Ils apparurent d’un coup et tous ensemble, au moment où Dieu dit: "Que la Lumière soit". Et, du néant, ils apparurent adultes. Ils firent successivement trois actes de connaissance:

1 - D’abord, ils commencèrent par regarder leur beauté individuelle.

2 - Aussitôt, voyant leur splendeur, ils connurent par induction qu’ils étaient créés. Et tous adorèrent le créateur que, sans le voir, ils devinèrent.

3 - Enfin, ils se regardèrent entre eux et aussitôt, ils virent que certains étaient plus noble que d’autres selon un critère précis, naturel, digne de purs esprits comme eux: L’intelligence. Simplement, naturellement, ils se hiérarchisèrent-ils en neuf chœurs, ordonnés selon ce degré de l’intellect (Chérubins, Séraphins, Trônes, Vertus, Puissance, Dominations, Principautés, Archange et Anges).

Le plus grand d’entre eux, Lucifer par la beauté de son être était le chef-d’œuvre de Dieu. Les autres anges n’en éprouvaient pas de jalousie. Bien au contraire, en contemplant sa perfection, ils se faisaient une idée de l’infinie grandeur du Dieu caché qui venait de les créer. Tous les anges aimaient Dieu, affirme saint Thomas d’Aquin. Ils n’avaient que reconnaissance pour ce qu’ils venaient de recevoir de sa main, l’existence, la vie, la beauté. Ce spectacle de la création leur faisait crier d’une seule voix: “Gloire à Dieu au plus haut des Cieux”.

S’ils l’aimaient, ils ne pouvaient par contre le connaître, sinon de loin. Même pour le plus intelligent des anges, Dieu reste le Mystère par excellence. L’intelligence des esprits célestes a beau être de loin supérieure à la nôtre, elle reste limitée. Comment un vase fini (l’ange) pourrait-il contenir l’Infini (Dieu)? Ils se contentaient donc de connaître Dieu à travers les effets de sa puissance. En se regardant eux-mêmes, en regardant les autres anges, ils voyaient comme dans un miroir le reflet lointain du Créateur. Cette vie paisible et contemplative leur plaisait. Le monde aurait pu rester ainsi pour l’éternité.

Pourtant, alors que la création était encore toute nouvelle, Dieu « parla ». Il s’agit d’une pensée, d’une révélation transmise directement dans l’intelligence de chaque ange. Pour mieux manifester la Bonne Nouvelle qu’il annonça aux anges, on peut la décomposer en trois paroles distinctes.

1 - Dieu dit: « Je vous ai créés pour que vous me voyiez face à face ». Cette première révélation est bouleversante pour un ange, bien plus que pour un homme car l’ange a la capacité d’en saisir immédiatement toute la portée. Voir Dieu face à face signifie pour eux l’impensable. Il leur était impossible d’espérer par eux-mêmes un tel bonheur. Ils savaient bien plus que nous l’infinie profondeur du mystère divin et la limite de leurs capacités intellectuelles. Voir Dieu face à face, cela signifie comprendre son Mystère avec le regard même dont Dieu se comprend. Or une telle chose est impossible. Pourtant, les multitudes d’anges avaient bien entendu. Ils crurent donc, ils adhérèrent à cette parole de Dieu, malgré son caractère impensable, sachant que rien n’est impossible à Dieu. Lucifer le premier crut. Avec lui, les chérubins, les séraphins et tous les ordres célestes désirèrent voir se réaliser cette promesse. Cette adhésion s’appelle la foi. Mais déjà, en ce premier instant, Dieu savait que Lucifer croyait pour un autre motif que le petit archange Michel.

2 - Dieu parla encore: « Je suis doux et humble de cœur. Nul ne peut me voir face à face s’il n’est tout amour et toute humilité. » Les anges savaient, par leur contemplation naturelle, que Dieu ne pouvait les avoir créés que par amour. Mais ils découvrent avec stupeur en cet instant que Dieu est amour. Leur contemplation naturelle les invitait plutôt à admirer en premier lieu l’intelligence du Créateur, sa lumière. Le monde angélique leur paraissait davantage beauté que bonté. Par sa parole, Dieu les invita à bouleverser entièrement leurs conceptions habituelles. Quand Dieu affirme qu’il est amour avant tout, quand le Tout-puissant révèle qu’il se considère comme le serviteur de tous (humilité), il manifeste que la perfection naturelle des Chérubins n’est rien à ses yeux comparée à l’amour. Son ordre de préférence n’est pas celui que donne la noblesse mais celui que donne le cœur. Il leur demande une conversion totale. Devenir amour est la condition nécessaire pour toute entrée dans la vision béatifique.

Là se situe l’épreuve terrible pour les anges: renoncer à eux-mêmes. C’est déjà difficile pour un être humain qui est chaque jour confronté à ses imperfections. Cela l’est beaucoup plus pour un pur esprit, image parfaite de la perfection de Dieu. L’orgueil est un défaut plus proche des anges que des hommes. Cette abnégation, nous l’avons dit, est indispensable car la vie proposée est surnaturelle.

3 - Une troisième parole fut prononcée : « Après vous, je vais créer de petits êtres liés à un corps de chair. Homme et femme, je les ferais. Ils auront des enfants. Vous deviendrez pour eux anges gardiens. Conduisez-les à moi.[66] » Cette révélation était extrêmement concrète, si concrète qu’elle avait le pouvoir de discerner qui parmi les anges était humble de qui ne l’était pas. La Bible dit[67]: « Dieu sépara la lumière des ténèbres ». Cette simple phrase nous montre qu’il se produisit une rupture entre la présomption des uns et l’amour des autres. C’est le contenu de cette révélation première qui provoqua ce premier drame de la création, le mystère premier de l’iniquité. En effet, dans l’instant qui suivit, un de ces instants célestes qui mesure la pensée des anges, une voix cria “je ne servirai pas”[68]. Le plus beau de tous, Lucifer, avait parlé, devenant pour toujours le Satan. Lucifer est le plus grand des anges, c’est-à-dire le plus puissant au point de vue intel­lectuel, le plus proche de Dieu par sa perfection spirituelle. Lucifer respecte Dieu. Il serait aberrant d’affirmer que les anges veulent du mal à leur Créateur à qui savent tout devoir. Le problème de Lucifer est qu’il voyait en lui le sommet de tout l’univers devant qui tout genou fléchit. Il avait surtout dès cet instant premier le sens de sa dignité à lui, Lucifer, de sa place de chef de tous les anges. L’ordre premier, instauré par Dieu au début de la création et fondé sur la puissance spirituelle, lui donnait la première place, qui lui convenait tout à fait. Lucifer n’était pas contre la création des êtres humains, ces esprits limités et chétifs liés à des corps ma­tériels à condition, toutefois, qu’ils soient dans la hiérarchie des êtres de l’u­nivers, c’est-à-dire au-dessous des anges, juste au-dessus des animaux.

Mais il comprenait qu’il en serait autrement. L’ordre qui plaisait à Dieu n’était pas en fin de compte celui que confèrent les ti­tres de noblesse intellectuelle, mais celui que confère l’humilité, la petitesse et surtout la capacité d’aimer. Or, dans cet ordre là, l’homme et la femme étaient des créatures mieux bâties pour triompher. Un ange qui est une intelligence pure, aime dans la mesure où il a com­pris que quelque chose est digne d’être aimé. Aimer, pour lui, signifie « vouloir s’unir à ce qu’il a compris être un bien ». L’homme, au contraire, avec son intelligence limitée, a la capacité d’aimer sans même comprendre. Il peut aimer son Dieu dans une foi et une confiance aveugle. Dans ce qu’il a de meilleur en lui, l’homme peut aimer un ami jusqu’à donner sa vie pour lui, donc au-delà de ce qui est logique. C’est cette manière d’ai­mer qui plaît au Tout-puissant au point que, plus il trouve en face de lui un être semblable, plus il se donne à lui et l’établit haut dans la hiérarchie des êtres.

Lucifer scrutait, en pensée, la nature humaine. Il y discernait l’homme avec sa psychologie portée à comprendre le monde, à le transformer, et la femme avec sa psychologie davantage portée à comprendre avec son cœur. Plus que l’homme, la femme l’obsédait. Le projet de Dieu lui apparut alors en pleine lumière, avec ses conséquences terribles pour son orgueil. Lui, Lucifer, et tous les esprits célestes avec lui, les Chérubins, les Séraphins et les Trônes, les Dominations, les Vertus, les Puissances, les Principautés, les Archanges et les Anges, étaient appelés par Dieu à s’abaisser à servir ces êtres de boue et d’os, à les protéger et les conduire durant un séjour terrestre, pour qu’ils deviennent, en fin de compte, plus grands qu’eux. Alors, Lucifer fut saisi d’envie. Plus que pour l’homme, il fut pris d’une hostilité pour la femme et il proclama à la face du ciel: “Je ne servirai pas.” Il devint, en un instant, d’une manière parfaitement lucide, le héraut de la défense des "droits" de Dieu et de la défense de la place hiérarchique des anges. Il proclama sa révolte.

Lucifer étant le plus spirituel des anges, il eut par ses arguments une influence terrible sur le reste du Ciel. La Bible dit que le dragon rouge feu (couleur symbolisant la colère) balaya le tiers des étoiles du ciel[69]. Ce nombre n’est pas à prendre nécessairement au sens propre mais il manifeste tout de même que les démons sont nombreux (le tiers des anges). Son influence vint sans doute de la nobles­se de ses arguments. Il prétendit n’agir ainsi que pour le bien de Dieu. Son argument aurait eu encore plus de poids si, comme le pensent certains théologiens, les anges avaient connu dès le début le projet de l’incarnation du Fils de Dieu en Jésus Christ. Un tel projet ne peut être que scandaleux aux yeux des esprits purs.

Lucifer était-il vraiment le défenseur des droits de Dieu.

Lucifer était-il vraiment le défenseur des droits de Dieu? Son amour pour lui était-il la vraie raison de sa révolte? Beaucoup d’anges ne s’y laissèrent pas prendre (les deux tiers si l’on prend les textes à la lettre). L’Apocalypse parle ainsi: “Alors une bataille s’engagea dans le ciel: Michel et ses anges combattirent le dragon. Et le dragon riposta, appuyé par ses anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du Ciel[70].” Ce combat ne se fit pas avec des épées d’acier mais avec le glaive de la vérité. Un simple archange, c’est-à-dire un esprit des hiérarchies inférieures fut le premier à dénoncer le mensonge de Satan: “Ce n’est pas pour Dieu que tu luttes mais pour toi. Si tu aimais vraiment Dieu tu obéirais à sa volonté. Ce qui t’importe, c’est de rester le premier. C’est l’orgueil qui t’a aveuglé. Mais qui est comme Dieu[71]!” Michel, par cette parole de vérité entraîna à sa suite ceux que Lucifer ne put séduire.

La Bible ne cesse de confirmer cet orgueil primitif de Lucifer, qu’il sut si bien camoufler en grandeur de sentiment. Isaïe, parlant de lui, déclare: “Comment es-tu tombé du ciel, étoile du matin, fils de l’aurore? Comment as-tu été jeté sur la terre, vainqueur des nations? Toi qui avais dit en ton cœur: j’escaladerai les Cieux, au-dessus des étoiles de Dieu j’élèverai mon trône. Je m’égalerai au très haut.”[72] Quant à Jésus, il n’hésite pas à affirmer que Satan fut menteur dès l’origine[73]. Il fut le prince du mensonge. En effet, il n’y a pas de plus grand mensonge que d’appeler bien ce qui est mal.

Que sont devenus les anges depuis l’éclat de leur création et la chute de certains d’entre eux? Ils furent divisés en deux groupes selon le choix qu’ils firent de servir ou de lutter contre le projet de Dieu. Les anges bons furent immédiatement introduits dans la vision de Dieu et, depuis ce jour comme aujourd’hui, ils ne la quittent jamais. Les anges mauvais se séparèrent de Dieu et Jésus affirma que leur rupture ne cesserait jamais. Lucifer et ses anges sont damnés pour l’éternité. Certains chrétiens pensent que l’éternité de l’enfer est contradictoire avec la bonté de Dieu. Ils pensent que Dieu pardonnera un jour son péché à Lucifer et le prendra auprès de lui. Ils parlent ainsi car ils comprennent mal le mystère de leur choix, à savoir d’une manière terrestre et trop humaine. L’homme tant qu’il est sur la terre peut tou­jours revenir sur ses fautes. Dieu le reçoit alors et lui pardonne. L’ange, quant à lui, est trop intelligent pour être soumis à ces revirements. Quand un ange choisit, il sait ce qu’il choisit. En un instant, il pèse le pour et le contre et son intelligence, comme une lame tranchante, ne laisse rien dans le vague. Lucifer et ses anges savaient ce qu’était l’enfer, ce vide de Dieu. L’enfer ne leur a pas paru un mal si terrible face à la perte de cet autre bien qu’ils mirent à la place suprême dans leur cœur: la première place. Dieu aurait beau pardonner infiniment à Lucifer, celui ci répondrait indéfiniment “j’ai raison.”

Voici le combat qui est caché sous la dénomination « mystère de l’iniquité ». Ses conséquences sur notre humanité sont aisées à déduire.

Satan, celui qui rampe sur la terre

Que font les démons maintenant? La Bible affirme “qu’ils furent précipités sur la terre”[74]. Cette phrase mystérieuse signifie que leur unique obsession, l’objet de toute leur activité, c’est l’humanité. Les démons, logiques avec leur choix originel, désirent détruire l’homme, surtout au plan spirituel. Leur ennemi premier est tout ce qui rappelle, de près ou de loin l’humilité ou l’amour généreux (d’où sa haine particulière pour la nature féminine orientée par la maternité). S’ils pouvaient arriver à faire que l’homme, ce soit disant chef d’œuvre, se joigne lucidement à leur révolte, leur victoire leur semblerait complète[75]. Ils espèrent, de cette manière, démontrer à Dieu son erreur grossière, la stupidité de ses plans. Ils souhaiteraient obtenir le rétablissement de l’ancien ordre qui leur plaisait, l’ordre de la noblesse fondée sur des droits de nature. Ils croient pouvoir arriver à faire fléchir Dieu, à le faire revenir sur son histoire d’humilité et d’amour.

Dieu laissa à Lucifer devenu Satan (celui qui divise et tente l’homme) et à ses démons une certaine latitude pour agir de manière parfois très concrète auprès des hommes. Dans sa limpidité, Dieu savait que les propositions fallacieuses, les tentations, permettraient à ceux qui l’aiment de le choisir plus librement. Les démons et leurs roueries devinrent donc, sans même le soupçonner, les serviteurs du plan de Dieu pour la vie éternelle des hommes.

Dès le commencement, dès la création d’Adam et Ève, ils agirent dans ce but. A cette époque, Satan apparut de manière visible et proposa de manière claire le mystère de l’iniquité : « Choisissez vous-mêmes ce qui est le bien et le mal. Vous ne mourrez pas mais vos yeux s’ouvriront et vous deviendrez comme des dieux. C’est de cela que Dieu a peur ![76] »

Depuis le péché originel et jusqu’à nos jours, les démons se sont fait en apparence plus discrets. Ils passent leur temps à tenter les hommes, se cachant dans leur psychologie, se fondant avec leur cerveau. Ils le tentent par ses pulsions charnelles (vanités, richesses et plaisirs), car ils comprennent que la voie qui conduit au rejet de l’humilité et de l’amour commence par des péchés moins graves mais plus immédiats pour les humains. Comme ils passent leur temps à s’occuper de péchés charnels, les démons qui sont des créatures spirituelles, sont dits par la Bible rampants sur la terre[77].

Lucifer, celui qui est debout

Mais il semble être annoncé que vers la fin du monde, Satan redeviendra devant les hommes ce qu’il est, à savoir Lucifer, un être spirituel que seul intéresse le péché spirituel… Toute cette histoire devient essentielle si on le comprend. Vers la fin du monde, il est annoncé que ce qui était clair aux temps d’Adam et Ève sera de nouveau visible dans l’humanité. Selon saint Paul[78], Lucifer l’Adversaire se révèlera, se produisant lui-même comme Dieu, à travers l’action d’un dernier Antéchrist, pour que l’humanité le suive lucidement. La Genèse rejoindra l’Apocalypse, de manière visible pour tous.

Cela est-il imaginable ? Pour répondre à cette question, il convient de se souvenir qu’un culte explicite de Lucifer existe depuis toujours. De nos jours, il est certes marginal mais il prend deux formes intéressantes à décrire. Les grandes religions n’ont cessé de lutter contre lui sans jamais aboutir tout à fait.

Les satanistes sont, à la différence des Lucifériens, des philosophes et non des croyants. Leur culte est purement symbolique[79]. Ils ne croient pas en l’existence réelle des démons mais admirent la mythologie chrétienne de leur révolte. En fait, tout cela est pour eux un instrument provocateur pour inciter au culte de l’Homme (666*). C’est une philosophie de la chair et de l’esprit humain. L’individualisme et l’intelligence y sont prédominants. Le satanisme a été formalisé et structuré. Le Docteur Anton Szandor Lavey créa aux États Unis The Church of Satan. Il déclara l’année 1966 an 1 de l’ère satanique. En 1969 parut la Bible satanique qui aujourd’hui se vend à des milliers d’exemplaires à travers le monde et ce dans différentes traductions.

Les Lucifériens sont au contraire de véritables croyants. Il ne s’agit plus chez eux de simple philosophie mais d’une religion de Satan. Les lucifériens sont très spirituels puisqu’ils prétendent connaître et adhérer explicitement à la révolte de l’Ange déchu. Ils croient en son existence et le vénèrent comme leur Dieu.

• Selon eux, Dieu existe. Il est le créateur du Ciel et de la terre, des anges et des hommes.

• Le paradis consiste à voir Dieu face à face et, par là même, à posséder la plénitude de la connaissance et de la puissance divine.

• Mais Dieu se rendit responsable d’une faute impardonnable. Originellement, il avait créé le monde selon un ordre parfait. L’esprit le plus intelligent régnait sur les autres. Le paradis était dû par nature aux anges en premier, puis aux hommes en fonction de leur intelligence puisqu’ils avaient été créés pour cela.

• Or Dieu se repentit de son œuvre et décida de mesurer le don de sa gloire et de sa puissance à l’humilité et à la capacité d’aimer. Lucifer fut le premier à protester et à manifester à Dieu, lucidement, à quel point il se fourvoyait. Il le fit pour l’honneur du Créateur Tout-Puissant, ne voulant pas se résoudre à l’auto mutilation de sa toute-Puissance.

• Les lucifériens vénèrent Lucifer, comme un maître spirituel. Ils font de son combat le leur. Ils espèrent participer à sa puissance en l’aidant dans sa révolte.

• Les rituels qui accompagnent cette religion sont pacifiques (pas de sorcellerie ni de sacrifices). Ils sont le fait d’hommes libres et fiers, de collaborateurs de l’Ange révolté, conscients de la justesse de leur exigence.

• Le signe le plus répandu chez les lucifériens est sans contredit le symbole de Baphomet (bouc) et le Pentagramme inversé. Ils renversent les symboles chrétiens car ils croient en la possibilité d’un antichristianisme parfait. Ils se donnent comme métaphysique et comme valeurs morales l’inverse même de ce qu’enseigne cette religion.

Au plan moral, leurs convictions sont celles de Lucifer au jardin d’Eden.

• Être maître de sa connaissance et son choix personnel de ce qui est bien et mal, pour être comme Dieu.

• Mettre en premier dans sa vie le développement de ses capacités de connaissance et de maîtrise de soi, afin de vaincre les faiblesses imposées à la nature humaine après le péché originel.

• Accéder à la maîtrise de l’arbre de vie (par la science biologique), pour vaincre le dernier ennemi imposé par Dieu, la nécessité de mourir.

• Se tenir droit devant les adversités et la mort. Ne jamais baisser sa garde dans une demande de pardon ou de pitié, même face à la séduction du Christ à l’heure de la mort.

• Uni à Lucifer à l’heure de la mort, exiger de Dieu le don de la Vision béatifique comme un droit et un mérite de nature pour tout esprit.

En attendant l’entrée dans la vie éternelle, les lucifériens encouragent leurs adeptes à la recherche du bien-être individuel, intelligemment géré.

• Profiter de la vie, ne se priver de rien. Faire ce dont on a envie, suivre ses instincts, sans en abuser. Ils n’apprécient pas l’homme esclave de ses pulsions car sa libre révolte s’en trouve diminuée.

• Vivre dans la liberté. Explorer avec enthousiasme les plaisirs de la vie.

• Le suicide est désapprouvé car la vie est passagère, donc précieuse.

Le luciférisme rappelle les premiers chapitres de l’humanité dans le livre de la Genèse. A la fin du monde, il est probable que le dernier antichristianisme ressemblera à cela, mais de manière universelle et mondiale. Au plan théologique, il s’agira donc du plus grand antichristianisme imaginable. En effet, il ajoutera aux autres une parfaite lucidité de l’enjeu. Il n’y aura plus l’excuse de l’ignorance (athéisme). L’humanité le suivra en sachant que Dieu existe. Les hommes spirituels comprendront alors à quel point les divers antichristianismes précédents n’étaient que des étapes, nécessaires car préparatoires et ordonnées vers cette religion ultime. Il y a en effet une lecture luciférienne du sens de l’histoire qui tend, d’orgueil en orgueil, vers cet orgueil de plus en plus mûr et responsable.

Est-il possible qu’un culte de Lucifer devienne religion mondiale ?

(Chose probable)

L’humanité dans son ensemble peut-elle aller jusque là? Au plan des prophéties, il semble ne pas y avoir de doute. Nous l’avons vu, l’Écriture parle souvent, de manière explicite, d’une telle unanimité dans le rejet de Dieu. Elle ne parle pas seulement d’un rejet de Dieu compte tenu des effets de son action (ou de son inaction). Elle parle d’un rejet de Dieu en lui-même. Faut-il voir dans un texte comme celui de saint Paul une exagération apocalyptique? Ce serait une exception. La réalité a plutôt tendance à dépasser en gravité les écrits prophétiques.

Au plan d’une connaissance philosophique des sociétés humaines, rien ne s’oppose à une telle extrémité, à condition de préciser ceci. Chaque être humain est capable de liberté. Mais les conditionnements sociologiques limitent cette liberté. Il n’existe pas sur terre d’unanimité totale ni pour le mal ni pour le bien. Il est inimaginable que tous les membres d’une communauté humaine choisissent comme un seul homme telle ou telle philosophie. Le Nazisme, même après sa grandiose réussite contre la France (1940), eut toujours des opposants cachés mais lucides. De même, le fait de lutter contre Dieu de manière libre et consciente, c’est-à-dire en sachant qu’il existe et ce qu’il veut, ne peut manquer de paraître à quelques-uns comme ce que c’est, une folie vertigineuse.

L’humanité dans son ensemble constitue une structure où chaque individu peut être conditionné et entraîné vers des actions qu’il ne ferait pas seul. Dans certaines conditions, comme prise de folie, une communauté peut prendre un tel ascendant sur les individus, qu’elle semble les entraîner inéluctablement dans la direction de l’ensemble. Jean-Paul II appelait ce mécanisme « une structure du péché ». Il employait cette expression dans l’analyse sociologique du nazisme en Allemagne. Chaque allemand, pris individuellement se serait sans doute révolté à l’idée de l’extermination par la guerre de millions d’hommes innocents. Pourtant, le peuple tout entier (apparemment en tout cas), parut entraîné dans un enthousiasme communicatif (désir de revanche nationale, misère matérielle et morale, charisme de son guide) et applaudit l’idée d’une guerre.

Il semble que ce même mécanisme permette d’expliquer certains comportements ultimes et limites de l’humanité tels qu’ils sont annoncés pour la fin du monde. Ces événements sont terribles au plan spirituel. Le culte explicite de Lucifer dans sa révolte première peut ressembler fortement au blasphème contre l’Esprit Saint tel que nous l’avons défini[80].

Pourtant, il ne faut pas confondre. Une apparence de blasphème contre l’Esprit n’est pas nécessairement sa réalité. Il peut arriver qu’un groupe d’homme se mette à rejeter Dieu tout en sachant qu’il existe, mais sans savoir, à cause de l’entraînement d’une folie collective, ce qu’il fait vraiment. “Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font[81]”, disait Jésus à propos de ce peuple qui avait vu ses miracles, l’acclamait… avant de rire devant sa mort.

L’observation des comportements humains dans les sociétés occidentales donne une certaine idée de ce que sera l’orgueil collectif de la fin. Je voudrais donner quelques exemples capables d’illustrer la possibilité d’une révolte contre le bien et le vrai, même explicitement connus. Une humanité peut être tellement attachée à sa liberté qu’elle rejette l’idée même de Dieu, pour ne pas subir ses règles morales.

A Fatima[82]* en 1917, la Vierge apparut. Quelques enfants prétendirent la voir. Elle leur parla ainsi: « Mon fils va donner à l’humanité un signe grandiose qui sera visible pour tous.[83] » Pour celui qui sait interpréter ce genre de textes apocalyptiques, le sens premier est facile à découvrir. Le ciel symbolise l’intelligence et le cœur humain. Ce qui est annoncé n’est autre qu’une série de signes donnés à l’intelligence, des signes évidents, des preuves[84] de l’existence de Dieu et de sa révélation.

Fatima.

Or, durant l’été 1917, ce signe se produisit matériellement. A grand renfort de publicité journalistique, une nouvelle parvint au monde entier depuis le Portugal. Devant cent mille personnes dont beaucoup, dignitaires notoires de la Franc-maçonnerie*, étaient venues pour se moquer, le soleil s’était mis à danser. Le miracle avait duré plus d’un quart d’heure. On comprend l’importance de cette annonce. Une hallucination collective peut frapper un peuple de croyants fanatisés. Mais les observateurs rationalistes et avertis y échappent toujours. Un tel signe prouvait alors en un certain sens l’existence d’une présence mystique à Fatima.

Mais, dans cette histoire et pour ce qui concerne notre sujet, l’essentiel n’est pas là. En effet, on aurait pu espérer, de la part d’une humanité en quête du sens de la vie, un début de questionnement intéressé. “Cela est-il vrai? Y a-t-il eu contre enquête de la part d’équipes scientifiques différentes?” Au lieu de cela, la réaction de ceux qui font l’opinion du monde fut un black out total. Aucune revue scientifique ne prit la peine de publier une étude critique du phénomène ou sa contre vérification. Tout cela passa par pertes et profits. Une sorte de consensus sembla régner dans les organes officiels de recherche: « Cela ne mérite même pas vérification. Cela n’a pas eu lieu parce que cela n’est pas possible ».

Pas possible? Parce que Dieu n’existe évidemment pas? Jésus disait: « Même si un mort ressuscitait, ils ne croiraient pas[85] ». Ils ne croient pas parce qu’il leur est pénible de croire et d’en tirer les conséquences. Mieux vaut ne pas se poser de questions plutôt que de perdre la liberté de faire sa volonté. En l’occurrence, la volonté du monde occidental de l’époque était de gagner une guerre dérisoire, quitte à massacrer toute une génération.

Un autre exemple de black out volontaire de ceux qui font l’opinion mérite d’être cité. Il concerne la question de l’origine du monde et les apports de la science à cette question philosophique. Le pape Paul VI était un excellent philosophe. Il s’intéressait beaucoup aux progrès des sciences de la vie. Il était admiratif devant la structure intelligente et extrêmement complexe du monde minéral et vivant. Il se rendait compte que chaque découverte nouvelle manifestait avec davantage de force l’action organisatrice d’une Intelligence supérieure. En 1968, il prononça le discours suivant[86] : « La science ramènera l’homme à Dieu. Un célèbre savant a dit: plus j’étudie la matière, plus je découvre l’esprit. Celui qui scrute la matière voit qu’il existe des lois. Ce monde qui semblait opaque et inerte est une merveille et le pape pense que ce sera précisément la science qui ramènera à Dieu les masses, les hommes modernes, la jeunesse, elle qui semblait les en éloigner. Lorsqu’il sera devenu sage et vraiment intelligent, le monde dira « je dois tirer la leçon de ce que je vois. Ce n’est pas moi qui ai créé tout cela. Le monde a été créé par quelqu’un qui a répandu sa sagesse sur toute chose ». C’est donc la science elle-même qui oblige à être religieux et celui qui est intelligent doit se mettre à genoux et dire: Dieu est là ». Le scientifique Einstein avait déjà fait ce cheminement[87] : « Je désire savoir comment Dieu a créé le monde. Je m’intéresse à la pensée de Dieu, le reste, tel ou tel phénomène, est détail. »

Lorsqu’on fait beaucoup de science, on se rend compte que l’hypothèse philosophique de l’existence d’un Créateur est loin d’être inintelligente. Plus que cela, la probabilité pour qu’un simple vivant unicellulaire apparaisse par hasard est calculable[88]. Elle ne laisse aucun doute. Que le hasard seul soit à l’origine de la vie est une théorie aussi aberrante que l’apparition, par un phénomène d’entassement dû au hasard d’atomes et de molécules, d’un super-ordinateur moderne. Une Intelligence est nécessairement intervenue. Il est certain, pour toute personne qui réfléchi à ce qu’est l’A.D.N., que la génétique va permettre dans les années à venir de résoudre le problème de l’évolution. C’est la lecture et la comparaison de l’A.D.N. des espèces proches qui dévoilera que, loin d’être due au hasard, il y a là-dessous l’ingénierie d’une formidable intelligence. En France, une telle hypothèse philosophique ne mérite même pas d’être seulement évoquée. Elle est politiquement exclue car incorrecte. Nous avons là l’image, à l’échelle d’un pays, du mécanisme sociologique qui sera peut-être pratiqué de manière universelle vers la fin du monde. En tout état de cause, la France montre que la voie d’un aveuglement volontaire entretenu par ses élites est un phénomène sociologique possible.

L’humanité est donc capable de tout parce qu’elle est un troupeau qui suit majoritairement le berger qui domine son époque. Il suffit que les conditions sociologiques soit favorables et la pire aberration peut être majoritairement crûe avec enthousiasme. Il n’est donc absolument pas exclu que, lorsque le christianisme et les religions auront été suffisamment affaiblis, un prédicateur s’adresse au monde et lui révèle l’existence d’une révolte initiale, celle de Lucifer* et de ses anges. Au moment où j’écris, une paix mondiale explicitement luciférienne n’est pas prête de s’imposer au monde. Les grandes religions sont encore trop présentes. En sera-t-il de même dans cent ou deux cents ans?

 

 

1. Matthieu 24, 12-14. Rappelons que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que leur autorité est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. L’exemple de la fameuse parole de Jésus : « Cette génération ne passera pas que tout soit réalisé » le prouve. Il parlait certes de sa venue dans la gloire mais pas de la même façon que ses auditeurs qui pensaient à la fin du monde. Lui parlait de la mort à venir de cette génération, à travers la mort individuelle de chacun de ses membres, etc. [↩]

2. 1 Timothée 4, 1. [↩]

3. 2 Timothée 3, 1-5. [↩]

4. 1 Périarchion, chapitre 3. [↩]

5. 1 Jean 4, 3. [↩]

6. Une fiction parfois dangereuse et, au plan catholique, hérétique. Qu’on se souvienne du « protocole des sages de Sion », cet écrit attribué à des Juifs et qui prétendait décrire un plan sur plusieurs générations visant à rendre décadents les peuples pour établir le règne mondial d’un roi juif. Il s’agit d’ un faux produit dans un milieu antisémite en Russie au XIXe siècle. Hitler s’en servit pour justifier sa thèse du complot judéo-maçonnique. Qu’y pouvaient les enfants qu’il fit massacrer en masse, à cause de ce mythe. Le vrai ennemi de l’homme est cet orgueil premier qui se cache sous tout mal. Les francs-maçons en ont été souvent soupçonnés. En vérité, eux-mêmes ont erré dans leur recherche du meilleur monde possible. Ils n’ont fait que naviguer à vue, sans deviner les conséquences de certaines de leurs décisions. [↩]

7. Ephésiens 6, 12. [↩]

8. L’histoire des anges et l’origine des démons, ces anges devenus mauvais, sont rapportées en détail plus loin dans ce chapitre (quatrième étape, le mystère de l’iniquité). Il s’agit de la révolte première, celle qui motiva la haine mortelle de Lucifer et de ses anges contre l’humanité. [↩]

9. Matthieu 24, 12. [↩]

10. Tout antijudaïsme est un mauvais signe. Les ennemis de Dieu semblent perpétuellement conduits à se faire ennemis du peuple élu. Ceci est systématiquement vrai depuis quatre millénaires. Il n’est en fait que le symptôme de la maladie mortelle du cœur de l’homme pour le salut, l’orgueil. Quand une communauté nationale réussit et réalise une structure puissante et parfaite, elle n’a plus qu’un ennemi: celui qui est différent et vit au milieu d’elle. Elle s’en prend toujours au juif qui vit chez elle, sous n’importe quel prétexte (ils empoisonnent l’eau ; ils sont avares ; ils ont tué le Christ). De nos jours, l’islam est à son tour atteint de ce syndrome. Cela ne lui apportera rien de bon. La main de Dieu n’aime pas la nation qui s’exalte en son cœur. Il abaisse toujours l’orgueil des puissants. [↩]

11. Une faute que l’histoire a tendance à relativiser à un conflit d’hommes et non à une preuve du sectarisme intellectuelle de l’Église de la Renaissance. En effet, tout semble indiquer que la plupart des membres du clergé sont à cette époque plutôt ouverts à la nouveauté, curieux de tout, parfois davantage que certains barons universitaires actuels de la pensée unique. Mais l’histoire que je raconte ne parle pas de vérité historique. Elle parle d’une lutte à mort d’une force invisible contre ce qui porte le nom de Dieu, par tous les moyens y compris ceux de l’exagération et de l’amalgame. [↩]

12. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, chants et poésies. [↩]

13. 2 Thessaloniciens 2, 6-8. [↩]

14. Bern. a Piconio, Epist. B. Pauli triplex expost. : II Epist. ad Thess., II, 3. [↩]

15. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich, béatifiée en l’an 2000, une stigmatisée du XIXème siècle, eut la vision de notre époque qui lui semble être l’une des pires depuis le commencement de l’humanité. « J’appris que Lucifer doit être déchaîné pour un temps cinquante ou soixante ans avant l’an 2000, si je ne me trompe. Quelques démons doivent être déchaînés de temps en temps pour punir et tenter le monde. Je crois que quelques-uns l’ont été de nos jours (elle parle vers 1820), d’autres le seront bientôt après. » (Visions d’Anne-Catherine Emmerich sur la vie de Jésus, Tome 3, Téqui, page 372). [↩]

16. D’après saint Paul 2 Thessaloniciens, 2, 4. [↩]

17. Voir Saint. Thomas d’Aquin, Opusc., LXVIII, De Antichr., édit. Parmæ, 1864. t.XVII p. 439. [↩]

18. Lumen Gentium 16. [↩]

19. Apocalypse 17, 9-10. [↩]

20. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich* vit ce dernier antichristianisme sous la forme de la fameuse prostituée de l’Apocalypse : « Je me trouvais dans la maison des noces et je vis un bruyant cortège matrimonial arriver dans plusieurs carrosses. La fiancée qui avait près d’elle plusieurs hommes et femmes était une personne de grande taille, à l’air effronté et avec une parure de courtisane. Elle avait sur la tête une couronne, sur la poitrine beaucoup de bijoux, trois chaînes et trois agrafes de clinquant auxquelles étaient suspendues une quantité d’instruments, de figures représentant des écrevisses, des crapauds, des sauterelles, et aussi de petites cornes, des anneaux, des sifflets etc. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 2, p. 398). [↩]

21. Apparition reconnue officiellement par l’autorité de l’Église. Son message a donc une certaine autorité sur l’espérance des catholiques, a un degré précisé en fin d’ouvrage. [↩]

22. Luc 6, 22. [↩]

23. De telles apparitions, reconnues canoniquement par l’Église, ont une valeur essentielle, non pour ajouter un dogme à la foi, mais pour révéler du nouveau quant à l’espérance, c’est-à-dire à l’action de Dieu sur telle génération. Leur rôle en théologie est expliqué dans la troisième partie. [↩]

24. La première guerre mondiale. [↩]

25. Ce signe a été donné en automne 1938. [↩]

26. 2 Thessaloniciens 2, 6-8. [↩]

27. Il manque la paresse. A l’heure où j’écris ce livre, on peut penser qu’elle sera une étape incontournable. Les jeunes du début du XXIème siècle rêvent de gagner plus d’argent tout en travaillant moins. Le climat général de cette génération n’est plus la révolution comme chez leurs aînés de mai 68 mais la fragilité et le manque d’énergie. Tout cela pourrait conduire à la pauvreté matérielle. [↩]

28. Malachie 2, 15. [↩]

29. Apparition reconnue par l’Église. Elle eut lieu dans les Alpes, auprès de deux enfants bergers, Mélanie et Maximin. Rappelons que ce texte reçoit, du fait de sa reconnaissance canonique, une certaine autorité qui ne concerne pas la foi mais la manière dont le plan du salut est appliqué à chaque époque (l’espérance). [↩]

30. Marc 8, 38. [↩]

31. Matthieu 5, 11. [↩]

32. Un massacre des innocents comme jamais au cours de l’histoire, et l’absence totale d’une simple explication de la douleur de Pierre sur ce sujet: on ne parle pas de l’âme de ces enfants, de leur destin après leur mort. Il semble que le clergé a admis qu’il n’y a pas pour eux de vie après la mort, qu’ils ne sont que des pré-humains. [↩]

33. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich parle sans cesse dans ses visions de la fidélité du Saint-Père et de la complicité d’une grande partie du clergé. Ses descriptions surprendront par leur actualité ceux qui connaissent la crise théologique dans l’Église catholique depuis le Concile Vatican II. Elle écrit vers 1820 : « On gardait le silence sur la croix, sur le sacrifice et la satisfaction, sur le mérite et le péché, où les faits et les miracles et les mystères de l’histoire de notre rédemption devaient céder la place à de creuses théories de la révélation où l’homme-Dieu, pour être supporté, ne devait plus être présenté que comme l’ami des hommes, des enfants et des pécheurs, où sa vie n’avait de valeur que comme enseignement, sa passion comme exemple de vertu, sa mort comme charité sans objet. Le manque total de doctrine devait être voilé sous un langage naïf à la portée de toutes les intelligences. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 415). [↩]

34. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich, une célèbre stigmatisée du XIXe siècle, eut la vision de ce comportement perpétuel du clergé à la remorque de l’idée dominante du temps : « Je vois chez tous, même chez les meilleurs d’entre eux, un orgueil effrayant, mais chez aucun l’humilité, la simplicité et l’obéissance. Ils sont terriblement fiers de la séparation dans laquelle ils vivent. Ils parlent de foi, de lumière, de christianisme vivant. Mais ils méprisent et outragent la sainte Église dans laquelle il faut chercher la vie. Dans leur présomption, ils prétendent mieux comprendre toute chose que les chefs de l’Église et même que les saints docteurs. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 536). [↩]

35. Daniel 12, 7. [↩]

36. Apocalypse 13, 17-18. Ce genre de texte a d’abord un sens symbolique valable pour chaque époque de l’histoire du monde. Mais il devient de plus en plus évident au fur et à mesure que l’histoire avance. [↩]

37. Anecdote significative du changement de génération : Un débat récent de la RTBF (Belgique) mettait en scène de jeunes concubins d’une vingtaine d’années et des psychologues quinquagénaires. Ceux-ci se scandalisaient de leur non-usage du préservatif, selon eux « indispensable même dans la vie de couple ». Les jeunes répondaient : « Nous avons promis d’être fidèles. Si on ne fait pas confiance, l’amour n’existe pas. » Cette évidence était insoutenable dix ans plus tôt. [↩]

38. Chiffre symbolique valable à chaque époque mais de plus en plus visible à mesure qu’approche la fin. [↩]

39. Genèse 1, 31. [↩]

40. Exode 7, 25. [↩]

41. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich eut la vision de l’humanisme universel sous la forme d’une Église : « Et il apparut une nouvelle Église dans laquelle des gens, parmi lesquels il y avait des savants, se trouvèrent rassemblés. Cette Église était ronde (symbole d’universalité ?) avec une coupole grise et tant de gens y affluaient que je ne comprenais pas comment l’édifice pouvait les contenir tous. C’était comme un peuple entier. Cependant, la nouvelle Église devenait de plus en plus sombre et noire et tout ce qui s’y faisait était comme une noire vapeur. Ces ténèbres se rependirent au dehors et toute verdure se flétrit. Plusieurs paroisses des environs furent envahies par l’obscurité et la sécheresse. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 157). Ces images montrent avec force l’enthousiasme des débuts puis l’arrivée des fruits de séduction dans l’Église du Christ puis l’amertume de tous les antichristianismes. C’est encore plus saisissant si l’on considère l’humanisme actuel ou le culte futur de Lucifer dans sa révolte et sa liberté. [↩]

42. 1 Corinthiens 15, 32. [↩]

43. L’expérience des sept péchés capitaux depuis 1830, les millions de morts, chapitre 4, deuxième étape. [↩]

44. Consulter pour illustrer cette réflexion, l’évolution des débats du Grand Orient de France. [↩]

45. Cette charte n’est pas officielle. Ces textes ont été extraits par l’auteur à partir de textes de l’O.N.U. et de l’UNESCO. [↩]

46. Religion à vocation universaliste. Elles ont tendance à imposer leur message. On pense à l’islam et au christianisme dans leurs dimensions politiques. [↩]

47. Apocalypse 16, 8-10. [↩]

48. Deutéronome 8, 3. [↩]

49. Avertissement: Cette section pose la question suivante: jusqu’où ira l’humanité, avant la fin du monde, dans sa recherche d’une liberté de l’orgueil? Comment répondre avec certitude et précision à partir des prophéties bibliques? [↩]

50. La seule encyclique écrite en allemand dans l’histoire de l’Église. [↩]

51. Luc 12, 4. [↩]

52. Voir le chapitre 4. [↩]

53. Le dernier des prophètes canonique, Malachie 2, 14, écrit: « Et vous dites: Pourquoi ces malheurs? - C’est que Yahvé est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu’elle fût ta compagne et la femme de ton alliance. N’a-t-il pas fait un seul être, qui a chair et souffle de vie? Et cet être unique, que cherche-t-il? Une postérité donnée par Dieu! Respect donc à votre vie, et la femme de ta jeunesse, ne la trahis point! Car je hais la répudiation, dit Yahvé le Dieu d’Israël, et qu’on recouvre l’injustice de son vêtement, dit Yahvé Sabaot. Respect donc à votre vie, et ne commettez pas cette trahison! » [↩]

54. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich* écrit : « Je vis que certains idolâtres du passé aimaient davantage leur idole qu’eux-mêmes, avec un réel sens du sacrifice. Au contraire, certains hommes de notre époque mettent leur propre personne au-dessus de tout ce qui existe dans le monde. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 169). [↩]

55. C’est de cette manière que saint Augustin définit l’intensité de l’amour qui règne dans la Cité de Dieu et qui peut tout supporter pour l’autre, jusqu’à la croix. [↩]

56. 1 Jean 5, 19. [↩]

57. Sagesse 17, 1ss. [↩]

58. Matthieu 24, 19 ss. [↩]

59. 2 Thessaloniciens, 2. [↩]

60. Cette troisième étape n’est autre que le sixième jour. Mais il sera traité de manière plus concrète au chapitre suivant. [↩]

61. 2 Thessaloniciens 2, 8. Ce texte de saint Paul, dans son sens littéral, n’est pas symbolique et valable pour chaque époque. Il le présente comme la prophétie des évènements qui précèderont le retour du Christ à la fin des fins. [↩]

62. Apparition reconnue canoniquement par l’Église. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage. [↩]

63. En 2 Thessaloniciens, 2. [↩]

64. Matthieu 24, 35. [↩]

65. Aussi, tout au long de cet ouvrage, j’ai pris le parti de parler d’eux en termes anthropomorphiques. Il s’agit bien sûr d’un langage analogique. [↩]

66. Certains théologiens sont allés plus loin encore. Ils ont cru lire dans la Bible que Dieu était allé jusqu’à révéler aux anges que naîtrait un jour une femme dont le cœur serait pur, l’humilité absolue, le don d’elle-même total au point que Dieu l’élèverait au-dessus de tout et en ferait leur reine. Dieu a-t-il révélé dès cet instant la naissance future de la Vierge Marie? Une chose par contre est certaine: ils ont compris dès cet instant le projet de Dieu, faire d’eux les serviteurs et les guides spirituels de leurs futurs frères cadets. Anges gardiens, mandatés selon un ordre hiérarchique parfait au service des hommes, voilà quelle serait leur mission jusqu’à ce que le dernier homme ait terminé sa vie terrestre. [↩]

67. Genèse 1. [↩]

68. Jérémie 2, 20. [↩]

69. Apocalypse 12, 4. [↩]

70. Apocalypse 12, 7. [↩]

71. « Qui est comme Dieu », c’est-à-dire, en hébreux, Mikaël. Le fait que Michel soit un simple archange fut la première humiliation du Chérubin Lucifer. Révolté contre Dieu, il n’est même plus intelligent. [↩]

72. Isaïe 14, 12. [↩]

73. Jean 8, 44. [↩]

74. Apocalypse 12. [↩]

75. Le démon ne désire pas premièrement que l’homme s’autodétruise dans un holocauste nucléaire. Le meurtre du corps ne l’intéresse qu’à cause de sa racine, le péché de l’âme. Son but premier est spirituel. Il veut que le maximum d’humains, devenu égoïste et orgueilleux, choisisse avec lui l’enfer, librement. [↩]

76. Traduction libre de Genèse 3, 5. [↩]

77. Genèse 3, 14. Eux, des êtres spirituels indifférents par nature au sexe, à l’argent, et à la vanité du regard des autres, vautrent leur action sur l’homme dans de telles propositions. [↩]

78. 2 Thessaloniciens 2, 1-12. [↩]

79. Informations données par Denis VLIEGHE et Vincent ROSSOME, mai 2001. [↩]

80. Voir du même auteur, L’heure de la mort, l’enfer. Le seul péché qui conduit en enfer, parce qu’il est un rejet parfaitement libre, lucide et maîtrisé. Voir du même auteur, L’heure de la mort, les six péchés contre l’Esprit Saint. [↩]

81. Jean 23, 34. [↩]

82. Une apparition reconnue canoniquement. Deux des voyants sont déjà béatifiés. Sa réalité est donc attestée par l’Église avec une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage. [↩]

83. Il est évident que toutes ces révélations privées*, même celles qui sont reconnues par l’Église, ne peuvent être mises au même niveau que l’Écriture Sainte. Pourtant, il serait présomptueux de les négliger. Elles révèlent à l’homme la manière concrète dont se réalise ce qui est annoncé par l’Écriture dans l’histoire. [↩]

84. Au sens non scientifique du terme mais dans un sens très réaliste. Il s’agit des trois secrets de Fatima, concernant la seconde guerre mondiale, la guerre froide puis le martyre du Pape. [↩]

85. Luc 16, 31. [↩]

86. Paul VI, 1968, Documentation Catholique n° 603. [↩]

87. Recueil de textes, Piveteau, ’’L’évolution", encyclopédie universitaire, p. 10. [↩]

88. Le scientifique Salet estimait à 10300 le nombre d’atomes qui composent l’univers dans son ensemble et à une chance sur 10 puissance 5 milliards la probabilité pour qu’un vivant apparaisse par hasard. Son calcul reposait sur le nombre incroyable et la précision des bases qui composent l’A.D.N. de tout vivant autonome, même le plus simple. Il disait que ce chiffre rendait impossible l’apparition par hasard de la vie. « Il y a autant de chance pour que le premier vivant soit apparu par hasard que de voir un singe dactylographe écrire en tapant au hasard, un ouvrage de 100 000 pages. » [↩]

Arnaud Dumouch, La fin du monde, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2007.

 

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