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PREMIÈRE PARTIE : LA FIN DU MONDE
 
 
CHAPITRE 2

Les Sept « Jours » de l’histoire du monde

« … en attendant que tout lui soit soumis : Déjà présent dans son Église, le Règne du Christ n’est cependant pas encore achevé "avec puissance et grande gloire" Jusqu’à ce que tout lui ait été soumis, l’Église vit elle-même parmi les créatures qui gémissent présentement encore dans les douleurs de l’enfantement et attendent la manifestation des fils de Dieu". Le temps présent est, selon le Seigneur, un temps encore marqué par la "détresse" et l’épreuve du mal qui n’épargne pas l’Église et inaugure les combats des derniers jours[1]. »

Les sept jours de l’histoire du monde.

 

 

L’histoire du monde peut être décrite comme une semaine de sept jours
Les trois premiers jours de l’humanité
Les quatre derniers jours
C’est ce que l’Esprit Saint veut
La vie de saint Pierre, une prophétie des quatre derniers temps de l’Église

 

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L’histoire du monde peut être décrite comme une semaine de sept jours[2]

(Chose certaine)

L’histoire de l’humanité est sainte. Elle est dirigée de l’intérieur par Dieu. Son but unique est, rappelons-le, de rendre chaque homme individuellement, mais aussi chaque génération, humble, assoiffé d’un salut, pour qu’il puisse aimer (Agapé) et entrer dans la salle des noces avec Dieu où il sera l’épousé. Il dirige chaque personne individuellement par le travail de son ange gardien. Mais il dirige aussi l’humanité à travers son histoire. Pour cela, il dispose d’un ordre d’anges appelés « Princes » par l’Écriture et qui, d’après Denys, connaissent parfaite­ment ce qu’il faut faire pour diminuer l’orgueil des peuples.

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Les trois premiers jours de l’humanité

Ils suivirent la chute d’Adam et Eve.

Le premier de ces jours est le temps où Dieu se taisait complètement, laissant l’homme livré dans la nuit à sa liberté.

Après la mort d’Adam et Ève, Dieu laissa l’humanité devenue égoïste vivre comme elle le désirait, goûter jusqu’au bout les fruits séduisants de l’arbre de l’orgueil. Il la laissa en récolter la solitude, les souffrances, la vie insensée et la mort. Lui-même se cacha et n’expliqua plus son but aux hommes au point qu’ils oublièrent le sens de la vie. Ils tendirent les bras vers le ciel vide. Ils se créèrent de multiples dieux imaginaires plutôt que de rester seuls. Ayant touché le fond de la misère, humilié, l’homme se mit à désirer de tout son être un Sauveur. Ainsi, à travers cette souffrance, les plus orgueilleux parmi les hommes furent disposés à comprendre un début d’humilité et un besoin d’amour…

Cette première phase est la plus terrible car elle conduit, du fait du silence de Dieu, au désespoir devant la mort. Elle est décrite par la Bible jusqu’à l’heure de la vocation d’Abraham. Elle est symbolisée dans l’Évangile par le “mauvais larron” crucifié avec Jésus. Elle est la phase du silence de Dieu, silence efficace contre l’orgueil de l’homme qui meurt.

Le second jour est celui où il promit à quelques-uns un sauveur sans en préciser la nature. Il le fit aux juifs mais aussi ici et là chez les païens;

L’homme appela à l’aide. Mais la souffrance sous toutes ses formes ne s’arrêta pas. Il supplia qu’on vienne le sauver. « Y-a-t-il quelqu’un là-haut, qui entendent nos prières?[3] » Alors, bien des générations plus tard, Dieu répondit. Il promit un Sauveur à quelques-uns. Mais il ne l’envoya pas tout de suite pour que la soif des hommes s’approfondisse. Orgueilleux, ils devinrent plus humbles et leur âme se mit à désirer la révélation du Dieu dont ils ne connaissaient pas le cœur. Ainsi, insensiblement, à travers ces souffrances, le cœur de l’humanité mûrit vers une humilité plus grande et un plus grand désir d’amour.

Cette deuxième phase fut en particulier vécue par les Juifs jusqu’à la venue du Messie Jésus. Elle est symbolisée dans l’Évangile par le bon larron. En effet, les justes subissent les mêmes souffrances au cours de leur vie que les « mauvais ». Mais elle provoque un effet plus profond. Le bon larron crucifié à la droite de Jésus lui disait: « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume. » Elle est la phase de la foi et de l’espérance.

Le troisième jour est le temps enfin où il se fit chair et annonça l’Évangile.

Enfin Dieu les sauva. Il le fit lui-même, par un moyen merveilleux, tel que chacun put s’écrier: « Vraiment, Dieu nous aimait! » L’une des personnes de la Trinité se fit homme en Jésus Christ. Le Messie-Dieu enseigna et voulut mourir de la main de ceux qu’il sauvait, afin que les plus orgueilleux parmi les hommes ne puissent plus douter de son amour. C’est la phase de l’amour de nouveau révélé, celle qui a commencé depuis deux mille ans. Mais Dieu ne supprima pas pour autant les souffrances de la vie, ni son silence. Le chrétien meurt comme le païen. C’est que, à travers ses souffrances, il lui fut possible de transformer sa croix en plus d’humilité et d’amour, en une humilité et un amour conscients de ce qui les finalise. Le croyant chrétien peut le faire avec plus d’intensité car il sait où il va et ce qu’il fait sur terre.[4]

Cette partie de l’humanité (et de notre cœur) est symbolisée au Golgotha par le Christ lui-même. L’Église terrestre, qui est sensée le suivre dans la même lumière, est comme son corps resté sur la terre.

Chacune de ces périodes dispose les cœurs au salut. Ces trois « jours », commencés après le péché originel, sont toujours d’actualité. Les deux premiers sont vécus de nos jours par des milliards d’hommes qui n’ont jamais entendu parler du Christ mais seulement d’un hypothétique salut futur.

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Les quatre derniers jours

Depuis l’Ascension, le dessein de Dieu est entré dans son accomplissement. Nous sommes déjà à "la dernière heure". "Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous[5].

Après son Ascension, Jésus annonce de nouveau trois temps, trois étapes de l’histoire durant lesquelles il préparera les nations* à son retour glorieux. On peut les discerner à la lecture de son discours eschatologi­que[6] et des multiples prophéties dispersées ici et là dans les lettres des apôtres.

Le quatrième de ces temps est celui de l’extension de l’Évangile dans le monde. C’est une période accompagnée de luttes et de souffrances nombreuses.

Le cinquième est celui du rejet de l’Évangile par le monde.

Le sixième est le temps de sa disparition quasi complète du monde.

Il convient de remarquer qu’on peut facilement mettre en parallèle ces trois temps avec ceux de la vie de Jésus. D’abord écouté (4), il fut ensuite rejeté (5) puis mis à mort (6). L’Esprit Saint conduit l’Église de la même façon qu’il le fit pour les trois ans de la vie apostolique du Christ. L’humanité vit donc sur terre six jours (elle connaît six phases, six états spirituels en fonction de son salut) puis vient le septième, le jour du Seigneur, inauguré par le retour du Christ. Bien des symboles bibliques trouvent leur interprétation dans cette remarque, en particulier celui de la création du monde en six jours. La recréation y trouve son modèle.

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C’est ce que l’Esprit Saint veut

Ces trois derniers temps ainsi que le règne de l’Antéchrist* ne sont pas des événements symboliques. Leur réalisation historique est aussi certaine que l’étaient pour les Juifs les prophéties de l’Ancien Testament. Quand un prophète annonçait qu’une jeune fille vierge serait enceinte et enfanterait le Messie (troisième temps), les Juifs n’y voyaient pas seulement un symbole, une image d’Israël* en attente de la manifestation de Dieu. Il en est de même pour les événements de la fin du monde. Chaque prophétie de Jésus a, c’est certain, un sens symbolique valable pour toutes les générations. Mais elle a aussi un sens historique: « Le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas.[7] » Toute la difficulté consiste à démêler leur écheveau.

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La vie de saint Pierre, une prophétie des quatre derniers temps de l’Église

(Chose probable)

Les larmes de Saint Pierre.

Pour mieux comprendre le caractère concret de ces événements, il peut être utile de se remémorer la vie de saint Pierre*, le premier pape. Elle est une allégorie. Elle raconte l’action de Dieu sur l’Église.

Premier temps: Les succès apostoliques. Pierre sortit de la maison où il venait de vivre quelques jours caché des Juifs en présence de Marie* et des disciples de Jésus. L’Esprit Saint venait de fondre sur lui sous la forme de langues de feu. Animé de sa force, il se mit à prêcher sans crainte dans la rue. Certains le crurent ivre de bon matin tant l’Esprit le tenait. Pourtant, les gens qui écoutaient eurent « le cœur comme transpercé ». Ils furent trois mille en ce jour-là à demander le baptême[8].

Deuxième temps: le temps des demi-succès, le temps aussi pour Pierre de découvrir ses propres travers, ses errances et ses défauts[9]. Après leurs brillants succès apostoliques des débuts, Pierre et Paul furent confrontés à la lutte. Les oppositions se firent plus nombreuses non seulement de la part de l’État romain: “Vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom”, avait annoncé Jésus; mais aussi des hérétiques chrétiens: « Il en viendra beaucoup en mon nom… ». Il n’y eut plus autant de miracles. La puissance des premiers temps ne fut bien sûr pas le fait de Pierre* mais de l’Esprit qui coopérait avec lui pour implanter solidement la toute jeune Église dans le monde[10].

Troisième temps: Le temps de la prison et de l’exécution. Pierre fut persécutés, mis en prison, battu et exécuté. Il vécut la même croix que Jésus et sortit de ce monde sans orgueil, abreuvé de douleur et assoiffé de Dieu. Jésus avait prévenu Pierre: “Quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais. Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas. Il signifiait, en parlant ainsi, le genre de mort par laquelle Pierre devait glorifier Dieu[11]”.

Quatrième temps : Le Christ lui apparut, glorieux… « Entre dans ma joie. »

De même que pour Pierre, les trois temps qui précéderont le retour du Christ peuvent être datés. Le premier, celui de l’annonce de l’Évangile, commence avec le jour de la Pentecôte et dure jusqu’à aujourd’hui. Il se caractérise par l’extension de la chrétienté à travers le monde et par des luttes que le Seigneur appelle “des guerres et des rumeurs de guerre[12]”.

Le second, le temps de l’apostasie* qui se généralise, trouve son origine en Occident comme en Orient dans l’orgueil des catholiques ou orthodoxes trop puissants à la fin du Moyen Age. Après les guerres de religion, la réaction humaniste du siècle des Lumières portait en elle le rejet de l’Église puis du Christ. Il commence au plan politique avec les soubresauts antichrétiens de la Révolution française. Il continue à s’étendre jusqu’à aujourd’hui.

Quant au troisième temps, celui du règne mondial d’un Antéchrist*, de la disparition politique de tout ce qui porte le nom de Dieu[13], il est imminent au plan politique. Certes, l’Antéchrist et son gouvernement mondial n’est pas là. Au plan des idées, le rêve d’un monde libéré de tout ce qui porte le nom de Dieu a commencé en France au milieu du XIXe siècle. Dans le Grand Orient de France, on espère depuis longtemps ce que les Beatles mirent en chanson dans « Imagine ».

 

Imagine qu’il n’y ait plus de frontière,
C’est facile si tu essaies,
Pas d’enfer sous nous,
Au-dessus seulement les étoiles (pas de Dieu).
Imagine que tous les gens vivent au jour le jour.

Imagine qu’il n’y ait plus de frontière,
C’est facile si tu essaies,
Rien pour tuer ou se sacrifier,
Et pas de religion non plus.
Imagine que tous les gens vivent en paix.

Imagine qu’il n’y ait plus de propriété,
J’espère que tu le peux,
Plus de faim ni de soif,
La fraternité humaine.
Imagine que tous les gens se partagent le monde.

 

Divers courants antichrétiens oeuvrent puissamment, écrivent et souhaitent l’arrivée d’un gouvernement mondial athée. De puissants courants en Europe occidentale voudraient chasser de la mémoire historique le passé chrétien de ces nations. Pour saint Paul, le fait que ce troisième temps n’est pas réalisé est la preuve que le retour glorieux du Christ n’est pas imminent[14]. Il ne reviendra pas se montrer à l’humanité tant que les dernières prophéties n’auront pas été réalisées.

Dans les trois chapitres suivants, il faut s’efforcer de suivre pas à pas et à grands traits les trois temps de l’humanité, la sagesse de Dieu sur eux, la manière dont il apprend l’humilité à chaque génération.

 

 

1. Extrait de plusieurs passages du Catéchisme de l’Église Catholique, Mame 1992, n° 671. Ce texte ne fait qu’indiquer que tout, y compris l’Église de Dieu, sans excepter les religions, les nations, les individus, doit apprendre ce qui plait à Dieu, à savoir lui être soumis (être soumis à la tendresse et à l’humilité de Dieu ne signifie pas l’esclavage, nous le montrerons plus loin) avant que vienne la fin. [↩]

2. Ces jours sont symboliques. Ils sont plutôt des étapes de l’humanité dans l’histoire de son salut. C’est pourquoi ils peuvent se chevaucher. Parfois Dieu plonge un homme dans le premier jour, alors qu’un autre, dans la même maison, vit du quatrième jour. [↩]

3. Extrait de Starmania, Michel Berger. Cette sagesse de Dieu n’a pas disparu aujourd’hui puisqu’il existe des justes qui n’ont pas la foi. Ils cherchent, sans le savoir, Dieu. [↩]

4. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich, béatifiée en l’an 2000, une célèbre stigmatisée allemande du XIXe siècle assista à la descente du Christ aux enfers après sa mort. Elle décrit de manière saisissante les limbes où attendaient les âmes justes : « Les limbes étaient divisés en deux cercles. Le Sauveur pénétra d’abord entre ces deux cercles dans un lieu enveloppé de brouillards, où se trouvaient Adam et Ève. Il leur adressa la parole et ils l’adorèrent avec un ravissement inexprimable. Alors Jésus, au cortège duquel s’étaient joints nos premiers parents, pénétra dans le cercle de gauche. Il renfermait les âmes des patriarches antérieurs à Abraham. Elles avaient une notion vague de Jésus. Certaines étaient encore tourmentées par de mauvais esprits. Celui de droite contenait les âmes des justes qui avaient vécu depuis Abraham jusqu’à Jean-Baptiste (le sein d’Abraham à proprement dit). On n’y éprouvait aucune peine, si ce n’est le désir de voir l’accomplissement de la promesse. » (Visions d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome III, p. 370-371). [↩]

5. Catéchisme de l’Église Catholique, n° 670. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi. [↩]

6. Matthieu 24 et 25 et les parallèles en Marc et Luc. Ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que leur autorité est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. L’exemple de la fameuse parole de Jésus : « Détruisez ce Temple, en trois jours je le rebâtirai » le prouve. Il parlait certes du Temple de Jérusalem (sens historique premier, littéral), détruit de fond en comble 40 après sa mort et peut-être un jour rebâti… Il parlait aussi de son corps (sens profond, historique et mystique), et peut-être aussi du nôtre face à la mort, des cathédrales gothiques, des générations humaines, etc. [↩]

7. Matthieu 24, 34. [↩]

8. Actes 2, 14-41. [↩]

9. Paul dut même le reprendre plusieurs fois. De même, au cours de l’histoire de l’Église, les papes se laissèrent plusieurs fois aller à la décadence. [↩]

10. Ceci devrait être présent au cœur des apôtres d’aujourd’hui qui s’épuisent à prêcher et obtiennent (difficile­ment) une ou deux conversions ici et là. Ce n’est pas toujours à cause de leur manque de sainteté personnelle mais à cause de l’Esprit Saint qui vient quand il veut. En effet, dans n’importe quelle foule humaine, il peut instantanément susciter des milliers de chrétiens. Très peu de gens sont réellement obstinés dans le mal et la moindre prédication un peu aidée par les charismes divins, touche les cœurs. Si l’Esprit ne vient pas, c’est qu’il a ses raisons et ses raisons sont toujours bonnes. Il saura en faire sortir du bien pour l’apôtre rendu plus pauvre et pour les auditeurs indifférents qu’il saura rattraper au bon moment. Il a le temps. Il peut même évangéliser à l’heure de la mort. D’autre part, une vie terrestre passée sans le connaître n’est pas un mal absolu car elle accroît la soif d’un salut. [↩]

11. Jean 21, 18. [↩]

12. Matthieu 24, 4-11. [↩]

13. 2 Thessaloniciens 2, 4. [↩]

14. 2 Thessaloniciens 2, 1-3. [↩]

Arnaud Dumouch, La fin du monde, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2007.

 

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