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DEUXIÈME PARTIE : « … ET À L’HEURE DE NOTRE MORT »
 
 
CHAPITRE 6

Le suicide et l’euthanasie

Lucretia.

 

Le suicide peut avoir de multiples causes morales

Le suicide lié au désespoir psychologique et spirituel
Tout suicide s’explique par cette phrase : « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ».
L’euthanasie
Que deviennent les désespérés ?
Pour illustrer le destin de ces âmes, voici l’histoire d’une jeune fille. Nathalie a été reçue dans les Cieux.

 

Jadis, la sépulture chrétienne était refusée aux suicidés. Mais il s’agissait d’une pratique pastorale visant à éviter, surtout dans les périodes de peur, par une autre peur, des épidémies de suicides. Elle était fondée sur une théologie. Pour le croyant en effet, la vie appartient à Dieu. Il l’a donné en cadeau. La refuser, y mettre volontairement fin est un acte contraire à la logique de la foi.

Même si le fond de vérité théologique reste inchangé, les choix pastoraux de l’Église se sont radicalement transformés. Les prêtres ne refusent plus les prières liturgiques pour le suicidé et, au contraire, l’Église, soumise elle-même à des souffrances et à des pauvretés dans un monde de plus en plus déchristianisé, a une meilleure compréhension de ce qui peut mener à un tel acte. Par contre, au-delà de ces deux pratiques, jamais l’Église dans son Magistère officiel ne s’est prononcée sur le salut ou la damnation des suicidés qu’elle considère comme le domaine du jugement de Dieu.

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Le suicide peut avoir de multiples causes morales

(Aspect philosophique)

Comme tout acte humain, le suicide peut avoir de multiples causes morales. La plupart[220] de ceux qui se suicident le font à cause d’un grand désespoir psychologique. Mais il existe beaucoup d’autres causes. De même qu’il y a des actes méchants, justes ou saints, de même il existe des suicides méchants, justes et même saints.

Le suicide peut être un acte d’altruisme et même d’amour. L’exemple le plus noble est celui d’un grand résistant français, profondément chrétien, qui, capturé par la Gestapo en 1941, se défénestra pour ne pas parler sous la torture. La Bible cite des suicides patriotiques et en admire la grandeur[221] : « Comme les troupes ennemies étaient sur le point de s’emparer de la tour et forçaient le porche, l’ordre étant donné de mettre le feu et de brûler les portes, Razis, cerné de toutes parts, dirigea son épée contre lui-même; Il choisit noblement de mourir plutôt que de tomber entre des mains criminelles et de subir des outrages indignes de sa noblesse. Son coup ayant manqué le bon endroit, dans la hâte du combat, et les troupes se ruant à l’intérieur des portes, il courut allègrement en haut de la muraille et se précipita avec intrépidité sur la foule. » Il est certain que de tels hommes sont morts par zèle pour leur prochain. « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis[222]. » Il existe des suicides héroïques. Ils ne constituent pas un péché. Il n’y a pas à craindre pour le salut de tels hommes, même si parfois, un travail reste à accomplir du côté de l’humilité. L’imperfection dans l’humilité qui est le défaut des hommes forts est comme le foin, la paille et les poutres. Ils seront purifiés au purgatoire.

En lui-même, l’acte de suicide est matériel. Sa valeur ou sa culpabilité morale se trouvent hors de lui. Quelles sont les intentions qui le motivent ? Ainsi, à l’inverse du noble Razis qui défendait sa ville injustement attaquée, il peut exister des suicides motivés par le plus obstiné des orgueils. On peut penser à Hitler qui, cerné lui aussi de toutes parts par les troupes soviétiques envoyait encore des adolescents armés de Panzerfaust (armes anti-chars). C’était une folie suicidaire. Mais disait-il, « l’Allemagne n’a pas été digne de son Führer et ne doit pas lui survivre. » Il les entraînait dans sa mort. Son suicide n’a rien à voir avec celui de Razis car sa vie n’a pas le même but. Hitler, visiblement, aime moins sa patrie que sa propre gloire. Certains disciples de Sartre se donnèrent la mort dans une optique d’exaltation de soi. Ils y voyaient un rêve de toute puissance au moment même où l’on se sent impuissant, le rêve de Prométhée chez les grecs ou d’Adam et Ève dans la Bible : « Vous serez comme des dieux », avec droit de vie et de mort. Ils ne résistèrent pas au désir de poser de manière ultime leur liberté. Dans le chapitre concernant l’enfer, nous avons traité d’une telle obstination qui, si elle est maintenue face à la Parousie* du Christ, conduit certainement en enfer. Mais ces cas sont rares. Pour ces hommes-là, Dieu dispose d’une dernière arme pour les sauver. Il s’agit du purgatoire de l’errance où l’on apprend que l’orgueil est une bêtise[223].

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Le suicide lié au désespoir psychologique et spirituel[224]

La plupart des suicides, surtout à notre époque, sont motivés par le désespoir psychologique et spirituel. Il est essentiel de les comprendre car ils touchent généralement des personnes justes et aimées. L’angoisse des familles mérite une réponse.

Dans certains pays Occidentaux, ce genre de suicide est devenu la première cause de mortalité chez les jeunes. Mais il frappe aussi les retraités, de manière terrible. Trois raisons se sont jointes pour provoquer une telle fragilité.

1. La richesse matérielle, qui permet d’avoir tout très vite, dès l’enfance. Un enfant trop gâté perd le goût pour la vie surtout si on lui a présenté pour seule motivation de la vie, ce qui est matériel.

2. L’absence de paternité. Tout enfant a besoin de deux amours complémentaires : un amour doux qui l’admire et le valorise, la plupart du temps symbolisé par la maternité; un amour fort, qui marque les limites et enseigne les valeurs. L’enfant qui manque de paternité développe pour la vie une grande fragilité psychologique. L’Ecclésiastique, avec sa lourde expérience, enseigne dans la Bible[225] : « As-tu des enfants ? Fais leur éducation et dès l’enfance fais-leur plier l’échine. As-tu des filles ? Veille sur leur corps, mais montre-leur un visage sévère. » Parce que le père représentait les valeurs, l’effort, le dépassement de soi, il fut dévalorisé et marginalisé après mai 68. On le vanta dans son rôle de deuxième mère.

3. L’athéisme ambiant, devenu la philosophie sûre et démontrée. « Il n’y a rien après la mort. Venez donc et jouissons des biens présents, usons des créatures avec l’ardeur de la jeunesse[226]. » Ici naît la plus grande des fragilités : celle qui touche l’esprit car « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

Un jour, confronté à un malheur, parfois à la simple absurdité d’une vie confortable, les plus fragiles estiment que la vie n’est plus un cadeau valable. Les limites qui les enserrent leur deviennent insupportables. « On a beau dire, écrit une jeune femme avant son suicide, que ce n’est pas si grave, que tout ira mieux demain, le bilan est aujourd’hui négatif : plus moyen d’ouvrir un crédit à la vie ».

De fait, ceux qui se suicident par désespoir sont-ils les plus fragiles ou les plus assoiffés de spirituel ? Ne sont-ils pas des justes ? C’est la question.

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Tout suicide s’explique par cette phrase : « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ».[227]

Lorsque la vie n’a plus de sens, c’est que le grand amour qui la motivait a disparu. Ainsi, à l’heure de la mort, il est certain que Jésus juge le péché que représente chaque suicide par sa cause. Il suggère au mourant la question suivante : « quel bien aimais-tu ? N’est-ce pas sa perte qui fit que ta vie n’avait plus de sens ? »

Parfois nos amours sont matériels (plaisirs, argent et gloire). Pierre Bérégovoy, un premier ministre de la cinquième République Française, se suicida. Il avait toujours été honnête homme. On l’accusa de s’être fait prêter de l’argent en usant de son prestige. Il prépara son acte et le mit à exécution avec l’arme professionnelle de son garde du corps. Son bien ultime semble avoir été, plus que son épouse qu’il laissait seule, son honneur.

Parfois nos amours sont profondément humains. Un agriculteur breton mit en route sa presse à paille. Après quelques minutes de travail, il s’inquiéta de ne plus voir ses trois enfants. Il finit par les retrouver, morts. Ils s’étaient caché pour jouer dans les logements de la presse. Le père alla se pendre. « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ».

Parfois même, il s’agit d’un amour chrétien, mais devenu en apparence impossible. Saint Paul écrivait[228] : « Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur. » Mais Paul oubliait dans ce texte une cause possible, une réalité qui peut séparer de Dieu : Dieu lui-même. Il arrive que Dieu, pour achever la formation du cœur de ses saints et les conduire à l’humilité la plus totale, les sépare de l’impression qu’ils sont aimés par lui. Le Père imposa cette épreuve à son fils Jésus[229] : « Mon Dieu Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Il s’agit d’une souffrance désespérante pour ceux qui n’ont que Dieu et les mystiques la qualifient de « nuit de l’esprit ». Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus vécut dans sa souffrance une crise de doute sur l’existence de Dieu. Elle eut la pensée du suicide. Elle ne tint bon qu’en disant avec la bouche à défaut du cœur : « Je crois ». Sincèrement donnée à Dieu, elle affirma par la suite avoir compris ce que vivent les athées, pourquoi certains se donnent la mort.

L’homme qui perd son trésor peut, dans sa douleur, se donner la mort. L’adolescent à qui on n’a jamais montré de vrai trésor, peut le faire aussi : « je voudrais seulement dormir, m’étendre sur l’asphalte et me laisser partir », écrit Michel Berger dans une chanson qui illustre le mal de son siècle. Le désespoir peut être brutal lorsque l’arrachement fond sur la vie comme l’aigle. Il peut être plus réfléchi et plus calme, lorsque le malheur est simplement constaté, lentement et inexorablement, au cours d’une vie sans espérance d’au-delà.

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L’euthanasie

L’euthanasie fait partie, de plus en plus dans un monde athée, de ce genre de débat intérieur. On voit des personnes jeunes, en prévision des longues maladies ou de la vieillesse, préparer après mûre réflexion, une demande d’euthanasie pour le jour où leur vie sera condamnée.

Dans la pensée humaniste sans Dieu, lorsque arrive la mort et ce qui la précède à savoir, la souffrance, la vieillesse, quelle raison peut pousser un être à prolonger sa vie jusqu’au bout ? La présence de ses proches ? Ceux-ci attendent eux-mêmes parfois la mort de celui qui souffre comme une délivrance. Ils ne supportent pas ce témoignage de leur propre destin. Objectivement, il n’existe plus aucun motif. L’attachement à la vie elle-même, prise comme un bien en soi, disparaît quand la souffrance et la solitude lui enlèvent tout sens. En effet, si aussitôt après la mort, l’être humain rejoint le néant, l’absence de conscience, il ne sert à rien de prolonger davantage la vie. Dans la perspective de l’humanisme sans Dieu, rappelons-le, la vie n’a de sens qu’à cause de la liberté qui peut s’exercer à la recherche d’un bonheur sur la terre.

C’est pourquoi, il a semblé devenir légitime et nécessaire dans beaucoup de nations occidentales de légiférer dans le sens d’une autorisation de l’euthanasie. Le législateur, lui-même soumis aux angoisses de la nature humaine plongée dans l’athéisme, n’a même pas toujours délivré un texte empêchant les abus (comme l’aide au suicide des jeunes désespérés, l’exécution des malades incurables, parfois des handicapés).

L’acte d’euthanasie est le plus souvent posé non à cause de la souffrance physique mais « parce qu’il vaut mieux éteindre au plus vite ce qui, de toute façon, s’achèvera dans le néant. » C’est pourquoi les soins palliatifs (pas seulement des médicaments antidouleur mais aussi la présence de proches ou de soignants rémunérés pour être l’ami) sont arrivés, même dans un monde athée, à faire disparaître l’euthanasie.

Le désespoir de la non croyance conduit à l’euthanasie et c’est fort compréhensible : seul le croyant ou l’homme profondément religieux peut imprégner de sens son agonie puisqu’il croit qu’il y a un sens à l’agonie.

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Que deviennent les désespérés ?

(Au lecteur de juger)

Le suicide et l’euthanasie sont un seul et même acte. La circonstance de l’approche de la mort ne change pas radicalement leur nature en théologie chrétienne. De nos jours, nul ne se permet plus d’affirmer que ceux qui se sont suicidés ou euthanasiés par désespoir psychologique ou spirituel choisissent nécessairement l’enfer. Le suicide se juge comme tout acte humain. Quand Jésus était confronté à un péché, c’est-à-dire à un acte qui n’est pas directement motivé par l’amour de l’autre, il jugeait deux choses : l’acte et la personne. A la femme adultère, il dit deux choses[230] : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. »

Jugeons d’abord l’acte : Devant Dieu, l’acte du suicide, motivé par le désespoir, est certainement un péché. Puisque Dieu existe, puisque la vie terrestre est une préparation à la vie éternelle, on doit en toute vérité affirmer que le suicide est un acte qui déplaît à Dieu. Il faut le répéter sans cesse : le temps des larmes est voulu par lui.

Osée parle de Dieu lorsqu’il sauve une âme endurcie[231] : « 1. Je la déshabillerai toute nue et la mettrai comme au jour de sa naissance; je la rendrai pareille au désert, je la réduirai en terre aride, je la ferai mourir de soif. Je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. 2. Je vais la séduire. 3. Ensuite, je lui rendrai ses vignobles, et je ferai du val d’Akor une porte d’espérance. Là, elle répondra comme aux jours de sa jeunesse, comme au jour où elle montait du pays d’Egypte. » Il s’agit d’une description de toute la vie humaine dans ses trois étapes principales : 1. le silence et l’abandon apparent de la vie terrestre, 2. la venue du Christ qui se fait le plus souvent à l’heure de la mort, 3. le paradis.

La vie terrestre est utile pour appauvrir le cœur. Mais elle n’est que passagère et prépare le temps où Dieu essuiera toutes les larmes. Les mystères douloureux sont suivis par les mystères glorieux. L’homme qui supprime sa vie, même pour des motifs bien excusables comme l’ignorance involontaire du projet de Dieu ou une trop grande souffrance, le regrette dans l’autre monde. Il se rend compte objectivement, trop tard hélas, que son cœur aurait pu être davantage purifié et appauvri. Au purgatoire du Ciel, il y a certaines choses qu’on ne peut plus acquérir. Seul le purgatoire de la terre permet, par exemple, d’approfondir la soif d’aimer et d’être aimé, « mourir de soif ». Arrivé dans l’autre monde, face à l’apparition du Christ, l’homme se tourne vers Lui avec tout l’amour dont il est capable, d’où l’impossibilité de grandir dans l’amour après la mort. Or c’est la mesure de cette soif qui nous vaudra de voir Dieu, et cette soif est liée intimement à ce que l’homme a touché de lui sur la terre.

Mais il faut surtout juger des personnes[232]. Que fait Jésus des personnes qui se présentent à lui après un suicide ? Il ne raisonne pas « objectivement » mais il accueille, simplement, accompagné de la cour céleste. « Moi non plus, je ne te condamne pas. » Il offre la Bonne Nouvelle et son propre cœur, le cœur d’une multitude de frères et la promesse d’une vie d’éternel bonheur. Il demande en échange la confession des péchés, de ce péché en particulier qu’est le suicide, et l’amour.

Dans cette lumière, il est possible de dire avec certitude ce qui suit : Ceux qui se sont suicidés par désespoir spirituel sont morts de soif dans un monde qui leur fit croire que Dieu et l’amour n’étaient qu’un mythe. Ceux-là sont sauvés, parfois sans même passer par un feu purificateur autre que le regard de Jésus. En effet, ils ressemblaient à saint Augustin. C’est Dieu qu’ils cherchaient mais on leur avait caché son visage. En voyant l’image de Dieu, ils vont infailliblement à lui. Creusés par la croix (l’une des deux croix qui accompagnaient le Christ au Golgotha, selon que dans leur souffrance, ils restèrent justes ou se conduisirent durement), ils reconnaissent le Christ comme l’objet ignoré de leur désir de toujours. Parce qu’ils ont beaucoup souffert et, par là, ont touché plus que tout autre leur petitesse, ces désespérés deviennent la plupart du temps de très grands saints au Ciel.

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Pour illustrer le destin de ces âmes, voici l’histoire d’une jeune fille. Nathalie a été reçue dans les Cieux.

Agée d’un peu plus de vingt ans, elle ne s’était jamais bien sentie dans ce monde. Elle croyait pourtant en Dieu et se confiait parfois à lui. Elle avait aussi des amis mais, revenue seule dans son appartement le soir, elle était saisie d’angoisses incompréhensibles qui l’étouffaient. Ses parents s’inquiétaient : pourquoi notre fille n’arrive-t-elle pas à être heureuse ? A force de ne pas comprendre, on finit par conclure à une angoisse sans cause…

Un soir de février, il faisait un temps très mauvais sur la banlieue où elle résidait. Elle revint fatiguée de son travail. Elle se mit au lit tout de suite, cherchant un peu de sécurité sous les draps, comme lorsqu’elle était petite. Elle pensa que personne ne lui téléphonerait ce soir et qu’elle était bien seule. Le cœur serré d’angois­se, elle se leva et avala le contenu d’une boîte de somnifères. Elle pensa : « Pardon » et elle s’endormit.

Quelques heures plus tard, Jésus vint la réveiller. Auprès de lui se tenait Marie. Alors la jeune fille se leva et, sans emmener avec elle son corps, elle les suivit. Elle savait qu’elle avait mal agi. Elle eut une vision de sa mère et son père, restés sur terre, dans la détresse. Le démon l’accusa : « Égoïsme! Lâcheté! » C’était vrai[233]. Mais elle dit simplement à qui voulait l’entendre : « Je ne suis pas digne. Faites de moi ce que vous voulez. » On l’introduit dans le paradis. Elle vit Dieu face à face. Satan protestait. « Inutile, lui fut-il répondu, elle est trop petite; elle ne t’entend pas. »

Les autres suicidés font leur choix, librement, selon ce qu’est leur cœur. L’orgueilleux obstiné s’installe en enfer; Celui en qui demeure quelque fierté apprend au purgatoire l’humilité. Le juste et le saint entre directement au Ciel. Tout est jugé sur deux choses : l’humilité et l’amour. Dieu est Humilité[234] et Amour.

 

220. Sauf exception comme les suicides altruistes ou motivés par l’orgueil. [↩]

221. 2 Maccabées 14, 41. [↩]

222. Jean 15, 13. [↩]

223. Voir « les limbes ou le shéol, purgatoire des âmes errantes. » [↩]

224. A ne pas confondre avec le blasphème contre l’Esprit Saint par désespérance qui est un acte d’orgueil : Refus volontaire d’espérer un pardon face au Christ qui le propose dans la mort. Le désespoir psychologique est le sentiment d’absence de sens à la vie. C’est un mal d’enfant fragile. Le désespoir spirituel est l’analyse intellectuelle, froide et réfléchie de la même chose. C’est un mal d’athée. Aujourd’hui, les hommes sont frappés des deux car ils sont souvent riches donc fragiles et athées. [↩]

225. Ecclésiastique 7, 23. [↩]

226. Sagesse 2, 6. [↩]

227. Matthieu 6, 21. [↩]

228. Romains 8, 39. [↩]

229. Matthieu 27, 46. [↩]

230. Jean 8, 11. [↩]

231. Osée 2, 5, 2, 16. [↩]

232. « Tu ne jugeras pas », disait Jésus. Cela signifie, dans le contexte précis du texte :  « tu ne condamneras pas » comme si tu étais Dieu, comme si tu perçais tous les méandres des âmes et n’étais pas toi-même, un grand pécheur. Ici, il s’agit d’un jugement général, théologique. C’est tout autre chose. [↩]

233. Il est vrai que ceux qui se suicident à cause d’un désespoir commettent un péché mortel au moins d’ignorance ou de faiblesse, directement contre l’amour. C’est que tout acte qui est motivé par un amour égoïste de soi est qualifié comme tel. Ici, l’égoïsme est pardonnable et pardonné dans l’autre monde. [↩]

234. L’humilité de Dieu est révélée par Jésus lors du lavement des pieds, juste avant la Passion du Christ. Pierre ne voulut pas comprendre : « Tu es le maître et le Seigneur. Tu ne me lavera pas les pieds. “Si je ne te lave pas les pieds, tu n’as pas de part avec moi.”, lui répondit Jésus. » [↩]

Arnaud Dumouch, L’heure de la mort, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2006.

 

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