LE CHRIST TOTAL
"Alors les justes
resplendiront comme le soleil
dans le royaume de leur
Père.
Entende qui a des oreilles !
Mt.13,43.
CIEL NOUVEAU - TERRE NOUVELLE :
21-22
Voilà la fin du voyage ! Dieu ayant rassemblé tout ce qu'il y a de
bon en chaque homme, et en tous, le grand festin de la charité fraternelle, le
repas des noces de l’Agneau, dont l'Eucharistie n'était que le signe-sacrement,
va se réaliser.
La boucle est bouclée. Inaugurée par la vision du Christ en gloire,
la Révélation de Jésus-Christ s’achève avec celle de l’Eglise, de l’humanité,
de l’Epouse en gloire. C’est ici que prend toute sa force la réponse de Jeanne
d’Arc à ses juges : "Du Christ ou de l’Eglise, c’est tout un."
L’Apocalypse est "révélation" du Christ total : Tête
et corps.
- La Tête : Le
Christ, entré dans la gloire le jour de Pâques, qui encourage, corrige,
soutient, vivifie, accompagne son Eglise.
- Le Corps :
l’Eglise-Epouse qui, le jour des noces, ne fait plus qu’une seule chair, un seul corps avec lui.
Tout est "nouveau" : terre et ciel, demeure de
Dieu et demeure des hommes, se confondent ! La création n’est pas seulement
renouvelée, elle est autre ; non pas ressuscitée, pour retrouver sa vie
d’antan, mais spirituelle. Tout est rétabli. La mer, signe de
mouvance, a disparu. Tout est "définitif", non pas statique
mais "accompli", arrivé à la plénitude de la maturité.
Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle. qui descendait du ciel, de chez
Dieu.
Le jardin est le domaine de Dieu, Eden, Gethsémani, jardin de la
sépulture/résurrection.
Le désert est le lieu de la rencontre de l’homme avec Dieu, pour un
temps de purification : Sinaï : tentation de Jésus.
La ville est le domaine de l’homme, sa construction, son œuvre. Babel
Babylone, la construction de l’homme terrestre, est détruite.
La cité sainte, ville de la paix, construction de l'homme céleste,
du Fils de l'Homme, descend du ciel elle est indestructible!
Il ne s’agit plus d’une construction "matérielle", la
ville est faite de pierres vivantes.
Réalisation de l’avertissement de Pierre : vous aussi, comme des pierres vivantes, vous êtes édifiés en maison
spirituelle (1 P 2,5). Cette cité spirituelle est "corps du Christ" en qui il nous
faut "demeurer". Naissance de l’Emmanuel éternel, Dieu avec eux, Dieu
avec nous en une communion où tout est amour, où tout n’est qu’Amour !
Ainsi se réalise la prophétie d'Isaïe : Il fera disparaître pour toujours la Mort. Le Seigneur essuiera les larmes de tous les visages, il ôtera l'opprobre
de son peuple, il l'ôtera de toute la terre (Is 25,8).
Victoire de la tendresse de Dieu. Celui qui siège sur le trône
l'affirme dans la plénitude de sa royauté universelle. Il est l'Alpha
et l'Omega, le Principe et la Fin. Les
paroles qu’il prononce sont certaines et vraies. Victoire de la
gratuité qui détruit par le feu et le soufre tout ce qui est incapable d'aimer
et d'être aimé : les lâches, les renégats, les dépravés, les
assassins, les impurs, les sorciers, les idolâtres, bref tous les hommes de
mensonge. Mystère de la seconde mort difficile à nier,
nous ne pouvons que le poser dans le mystère de la Miséricorde !
Puis vient la description de l'épouse de l'Agneau. Architecture
parfaite, dont le point de convergence, l’Arch, est la gloire de Dieu.
Jérusalem du ciel, de chez Dieu avec en elle la gloire de Dieu. Encore et
toujours la victoire de l'Amour. Participation à la gloire de la Trinité, amour parfait qui réalise parfaitement l'unité de toute la
création. Munie d'un rempart d'une grande hauteur, rien ne peut y
pénétrer qui ne soit amour, pourvue de douze portes, trois de
chaque côté, on y entrera des quatre coins de l'horizon, du nord et du midi, de
l’Orient et de l’Occident, près desquelles il y a douze anges. Monde
angélique, ancienne et nouvelle alliance avec les douze tribus d’Israël et les
douze apôtres de l’Agneau, tous ne forment plus qu'une seule cité, l'épouse du
prince de la paix, épouse de l'Agneau et du "Vivant", qui devait mourir pour réunir dans l'unité
les enfants de Dieu qui sont dispersés (Jn 11,51-52) aux quatre coins de
l'horizon.
Après la chute originelle,
Dieu bannit l’homme et posta devant le jardin d'Eden les chérubins et la flamme
du glaive fulgurant pour garder le chemin de l'arbre de vie (Gn
3,24) et en interdire l’accès.
Maintenant l'arbre de vie ne se trouve plus dans le jardin, domaine
de Dieu, mais dans la Jérusalem qui vient d'en haut. Douze anges sont là aux
portes qui resteront ouvertes le jour, car il n'y aura plus de nuit, et
les douze anges laisseront entrer en cette ville, par chaque porte formée
d'une seule perle, tous ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de
l'Agneau. Les serviteurs de Dieu verront sa face. Plus de ténèbres mais
la lumière de l'Agneau qui est la lumière du monde. Ils régneront pour les siècles
des siècles, posséderont la vie éternelle, la connaissance du Père
et de celui qu'il a envoyé, le Fils. Plus de mensonge. L’antichrist qui nie que Jésus est le Christ disparaît avec les
ténèbres.
Ils seront conduits jusqu'à la place de la ville toute d'or pur
d'où jaillit du trône de Dieu et de l'Agneau le fleuve de vie, limpide comme du
cristal. Au milieu de la place, de part et d’autre du fleuve, il y a des arbres
de vie qui fructifient douze fois, une fois chaque mois, et leurs feuilles peuvent
guérir les païens.
Et les païens seront guéris par les feuilles des arbres de Vie comme l’étaient ceux qui pouvaient toucher la frange du manteau du Seigneur, ou comme la cananéenne s’identifiant aux petits chiens qui mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres (Mt 15,27).
C'est le face à face de la vision béatifique dans une lumière et un
amour éternels. A présent, nous voyons
dans un miroir et de façon confuse, mais alors, ce sera face à face. A présent,
ma connaissance est limitée, alors, je connaîtrai comme je suis connu (1
Co 13,12).
Voici que mon retour est proche. Heureux celui qui retient les
paroles prophétiques de ce livre. Dieu a envoyé son ange pour faire connaître
la Révélation de Jésus-Christ à Jean son serviteur... Heureux le lecteur et les
auditeurs de ces paroles prophétiques s'ils en retiennent le contenu car le
temps est proche (1,1-3).
Tous nous sommes serviteurs devenus amis, enfants adoptifs devenus,
par libre consentement d’amour, enfants "adoptés", fils dans le Fils,
appelés, avec tous ceux qui retiennent les paroles de ce livre, à
l'adoration du seul Dieu, dans la louange
de sa Gloire. Il est écrit : tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c'est à
lui seul que tu rendras un culte (Mt 4,10 ; cf Dt 6,13)
Il me dit encore... Le Temps est proche. Que le pécheur pèche
encore, et que l’homme souillé se souille encore ; que l’homme de bien
vive encore dans le bien, et que le saint se sanctifie encore. Voici que mon
retour est proche.
Que le pécheur continue à pécher, que l’homme saint se sanctifie
encore. Personne ne pourra arrêter, mettre obstacle, à la réalisation du mystère insondable que Dieu n’a pas fait
connaître aux hommes des générations passées comme il vient de le révéler
maintenant, par l’Esprit, à ses saints apôtres et prophètes (Ep 3,5).
Mais le conseil, sinon l'injonction, choque. La liberté, laissée à
chacun, enferme-t-elle l’homme dans son premier choix ? Le pécheur et l'homme
souillé comme l'homme de bien et le saint ? N'est-ce pas simple constatation ?
Le péché est "nécessaire" et la prière également. Malheureux le monde qui cause tant de
chutes ! Certes il est nécessaire qu'il y en ait, mais malheureux l'homme
par qui la chute arrive ! (Mt 18,7).
Paradoxe que cette nécessité du péché. Il est inévitable depuis que
le dragon a introduit le mensonge dans le
monde. qui gît tout entier sous
l’emprise du Mauvais. Toute la
révélation de Jésus Christ n’est-elle pas un immense paradoxe et sa mort sur la
croix le scandale des scandales ? Pourtant,
hommes sans intelligence, comme nous sommes lents à croire qu’il faut passer
par la mort pour entrer dans la gloire.
Ce passage, cette Pâque, l’Apocalypse nous montre qu’il n’est pas
seulement celui de la tête, il doit être, il sera aussi celui du corps. Le
monde qui cause tant de chutes va à sa perte ; la moisson est
proche ; elle se fera avant que le monde n'ait tout détruit. La terreur
apocalyptique vient bien du Satan. Il n'accepte pas l’enfant mâle, né de la femme, et cherche à détruire
le monde matériel. Il n’y parviendra pas. Le monde est déjà sauvé, passé de la
mort à la vie, du matériel au spirituel.
Le Seigneur nous en a avertis : Je vous ai dit cela pour qu'en moi vous ayez la paix. En ce monde,
vous faites l'expérience de l'adversité, mais soyez pleins d'assurance, j'ai
vaincu le monde. Ces paroles sont sûres et certaines, elles ne passeront
pas (Jn 16,33).
Ainsi s'achève la Révélation de Jésus-Christ concernant les Eglises.
L'Esprit, qui conduit l’Eglise
à la vérité tout entière, s'unit à elle pour dire : "VIENS
!".
Celui qui écoute les paroles de ce livre ne peut que dire, lui
aussi : "VIENS !".
Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, que l'homme de désir s'approche
de la source et boive gratuitement.
Mieux que la samaritaine, l’homme de désir a reconnu celui qui, du
haut de la croix, lui dit : "J’ai
soif !". Il s'est approché de son coeur, a lavé sa robe dans son sang,
et a reçu, gratuitement, l'eau vive qui coule de son sein.
Oh oui, VIENS, SEIGNEUR JESUS ! Amen.
Viens, Seigneur Jésus ! : Plénitude
de l'Espérance
Cet appel, dernier mot de la Révélation de Jésus-Christ, faut-il le
comprendre uniquement dans une perspective "eschatologique", de fin
du monde ?
Ne rejoint-il pas plutôt le : "Que ton règne vienne"
du Notre Père ?
Double dimension d'une même aspiration : l'Apocalypse nous a
montré le temps dans l'éternité et l'éternité dans le temps, terre et ciel ne
faisant qu'un seul royaume, royaume du Christ pour être royaume de Dieu.
S'il est vrai que nous pouvons dans notre vie perdre l'espoir, il
n'est plus possible de perdre l'Espérance.
Comme la Foi et la Charité, l'espérance est une vertu théologale.
Elle ne vient pas de nous. Nous ne pouvons que la recevoir pour en vivre.
Force (virtus), construite sur la parole de Dieu, elle ne peut être
détruite. Les forces du mal ne peuvent rien contre elle.
La Foi est force de Dieu pour
adhérer à sa parole, elle comble notre intelligence en nous permettant de
trouver le sens, le pourquoi, de notre vie. Dieu nous a communiqué sa vie. Nous
sommes "faits" pour aimer.
L'Espérance est force de Dieu pour
trouver le sens, la finalité, de notre vie. Nous sommes "faits" fils
adoptifs pour devenir fils adoptés, par un libre engagement. Devenir ce que
l’on est, c’est l’objet du combat spirituel de tout baptisé.
Plus qu'une vie attendue dans le futur, cette vertu dit qu'au-delà
de toutes les luttes, de tous les désespoirs, brille la lumière de la victoire
déjà acquise par celui qui est monté au
ciel parce qu'il est descendu sur la terre chercher et sauver, dans sa
grande miséricorde, les pécheurs que nous sommes.
La Charité est force de Dieu pour
vivre non seulement comme homme mais comme fils de Dieu dans la lumière du
Christ. Aimer comme Il nous a aimés est un don, une grâce à accueillir.
Plénitude de la Vie, image parfaite de Dieu dans sa communion trinitaire, la
charité (AMOUR) sera le couronnement de toute vie. Le royaume arrivé à son
terme mais dans lequel nous pouvons vivre aujourd'hui grâce à la foi et à
l'espérance.
Présentement foi, espérance et
charité demeurent toutes trois ; mais la plus grande des trois, c'est la
charité (1 Co 13,13).
L'Apocalypse nous redit l'amour de Dieu créateur et sauveur en
Jésus-Christ. Puissions-nous vivre de cette certitude et redire :
"Que ton règne vienne ! Oh oui, Viens, Seigneur Jésus !"